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Un satellite GALILEO (vue d'artiste).
Depuis son lancement dans les années 70, le GPSGPS américain s'est imposé, en l'absence de toute concurrence, comme système universel de navigation par satellites. La conséquence de cette situation est une dépendance technique, politique, stratégique et économique de millions d'utilisateurs. Pour cette raison, l'Europe s'est décidée à créer un dispositif similaire, mais mieux adapté à une utilisation civile et domestique, affichant clairement une volonté politique d'émancipation vis à vis de la tutelle technologique des Etats-Unis. C'est le système GalileoGalileo.
A l'origine, il avait été prévu que les industriels, prioritairement européens, puissent constituer des consortiums et soient en compétition. Après de longs palabres, deux consortiums se sont créés:
- Euraly, comprenant Alcatel avec l'italien Finmeccanica ainsi que les espagnols AENA et HispaSat
- iNavSat, réunissant EADSEADS, le français Thales et le britannique Inmarsat
Mais des tensions, qui agitaient à ce moment EADS (dont l'enjeu était l'équilibre des emplois entre la France et l'Allemagne) n'ont pas manqué de polluer toute discussion portant sur l'avancement du programme Galileo, d'où intervention en juin 2005 de la Commission de Bruxelles et de l'Agence Spatiale EuropéenneAgence Spatiale Européenne (ESA). Les deux consortiums rivaux étaient alors invités à dialoguer pour chercher une alliance raisonnable. On pouvait espérer...
Or, dix-huit mois après cette étape, rien n'a été fait et chaque pays concerné continue à privilégier ses propres intérêts, en termes d'économie ou d'emploi, avant toute action collective. D'où l'intention de Jacques Barrot de sermonner fermement les ministres européens.
Vue comme cela, la situation paraît encore simple. Trop simple.
Si tous les Etats concernés peuvent légitimement souhaiter leur part du gâteau dans l'aubaine que représente pour les industriels la constructionconstruction de 30 satellites, de l'implantation au sol de l'infrastructure de contrôle et de l'administration du réseau, ce qui représente des milliers d'emplois et des revenus assurés pour plusieurs décades, il faut aussi compter avec les industriels eux-mêmes qui tous estiment avoir les meilleurs atouts pour construire cette constellation.
D'abord EADS et Alcatel Alenia Space bien sûr, la première possédant des sites dans toute l'Europe pouvant très bien assurer à elle seule la distribution géographique, la seconde ayant déjà réalisé l'intégration de tous les satellites du réseau similaire russe Globalstar, donc bénéficiant d'une expérience unique doublée d'une capacité de 4 à 5 satellites par mois. Mais il faut aussi compter avec les Britanniques de SSTL (Université de Surrey), qui ont su imposer la réalisation de Giove-A, démonstrateurdémonstrateur dont la principale fonction était d'occuper les fréquences d'émission attribuées à Galileo par l'UIT (Union Internationale des TélécommunicationsUnion Internationale des Télécommunications) avant qu'elles ne tombent dans le domaine public suite aux retards accumulés et ne soient finalement accordées à une société concurrente.
Et lorsque les Etats réussissent à se mettre d'accord, ce sont les industriels qui trouvent à y redire en tendant d'attirer la couverture des crédits et des emplois de leur côté. Ce qui n'est pas surprenant au sujet d'un système qui promet des revenus de plusieurs milliards d'euros sous forme d'activités et de produits dérivés.
Autrement dit, la meilleure des coopérations peut porter en elle les gènesgènes de sa propre discorde. Et pour une fois, ce n'est pas l'Europe qui est à accuser, mais plutôt son absence.
Dès lors, faut-il s'étonner que M. Jacques Barrot soit en train de préparer une série de scenarii alternatifs si les industriels se révèlent incapables de respecter les échéances qui leur ont été fixées... en 2005 ?