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L'ultime décollage de la navette spatiale Columbiacrédit : NASA
Monsieur Bonnet est astrophysicienastrophysicien, Directeur général adjoint scientifique au CNES et Directeur de Recherche au CNRS.
En outre, il a remis le 17 janvier dernier à la Ministre déléguée à la Recherche Claudie HaigneréClaudie Haigneré le rapport de la Commission de réflexion sur la politique spatiale qu'il a présidé.
"La disparition de ColumbiaColumbia est un véritable choc, d'autant plus qu'on ne s'est jamais beaucoup préoccupé du danger de la phase de rentrée atmosphérique, et qu'on craignait plutôt un accidentaccident pendant la phase propulsée où sont dissipées des énergies énormes. Il est difficile de comprendre les causes de cet accident et il faut attendre les résultats des enquêtes en cours à la NASA et au Congrès américain. Je m'abstiendrai donc de faire des supputations à ce stade car elles n'apporteraient rien.
La question que comme d'autres je me pose, est ce qu'il va advenir maintenant des vols habitésvols habités. Je suis convaincu qu'ils vont se poursuivre en Russie, en Chine bientôt et aussi aux USA quand on aura compris ce qui s'est passé et qu'on aura corrigé le problème. Le futur de la navette cependant sera rediscuté et une nouvelle initiative devra être prise par la NASA qui devra décider si elle s'oriente vers un nouveau concept ou si elle poursuit avec sa flotte de navettes, diminuée d''une unité.
L'aiguillon que représente la volonté chinoise de faire voler elle aussi des astronautes va pousser les Américains à ne pas abandonner ce champ où tous les partenaires de la Station Spatiale internationale sont dans l'attente. La Station quant à elle sera vraisemblablement affectée par l'accident mais il est trop tôt pour dire comment.
Les astronautes, quels qu'ils soient sont des gens courageux qui savent bien que leur métier est à haut risque même si à la NASA on a su minimiser les dangers et les probabilités d'accidents. La disparition de Columbia vient nous rappeler que l'exploration spatiale n'est pas une activité de routine et qu'elle exige de la part des ingénieurs, des techniciens et de tous ceux qui s'y consacrent, le maximum de sérieux et de professionnalisme. Aucun compromis ne peut être accepté dans la mise en oeuvre de cette ligne. L'enquête nous dira s'il faut prendre en compte l'hypothèse d'un accident pendant le vol.
Je souhaite à mes amis de la NASA de réagir après ce choc comme ils ont toujours su le faire dans le passé. Cette tragédie nous affecte tous mais elle ne saurait nous contraindre à l'abattement. Il faut poursuivre!"