Depuis des siècles maintenant, l’atmosphère turbulente et les nuages de Jupiter fascinent les astronomes. Et ils viennent d’y faire une découverte stupéfiante.


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    JupiterJupiter. La planète est tellement imposante que pour dévoiler son visage, il suffit de l'observer avec un simple télescope amateur. On y découvre alors une féerie de nuagesnuages qui s'entremêlent au sommet de son atmosphèreatmosphère. Des nuages d'ammoniac (NH3), nous disent les scientifiques. L'ammoniac, on le connaît sur Terre sous la forme d'un gaz irritant. Il est l'un des composés chimiques les plus synthétisés au monde. On en trouve dans pas mal d'engrais, notamment.

    Mais en science, rien n'est jamais définitivement acquis. Et des travaux inspirés par un astronomeastronome amateur semblent aujourd'hui montrer que les scientifiques se trompaient au sujet des nuages de Jupiter. Dans le Journal of Geophysical Research – Planets, des physiciensphysiciens racontent comment l'instrument Muse (Multi Unit Spectroscopic Explorer) du Very Large TelescopeVery Large Telescope (VLT) de l'Observatoire européen austral (ESO, Chili) leur a permis d'obtenir des données précieuses sur les gaz qui entourent Jupiter.

    Une technique simple pour percer le secret des nuages de Jupiter

    Rappelons que le principe de la spectroscopie, c'est de révéler les empreintes que les gaz laissent dans la lumière qui les traverse. Grâce à cette technique et avec l'appui de quelques simulations, des chercheurs de l'université d'Oxford (Royaume-Uni) ont découvert que les nuages de Jupiter que nous pouvons discerner avec nos instruments amateurs sont plus profonds qu'ils ne le pensaient auparavant. Ils se situeraient dans une région où la température et la pressionpression sont trop importantes pour que l'ammoniac se condense. Ainsi, il n'y aurait pas de glace d’ammoniac dans les nuages de Jupiter. Ils seraient plutôt composés d'hydrosulfure d'ammonium (NH4SH) mélangé à toutes sortes de particules - du « smogsmog » - responsables des couleurscouleurs rouge et marron que l'on observe sur Jupiter.

    Ce résultat avait déjà été suggéré précédemment, mais par des analyses tellement complexes qu'elles n'avaient pas pu être corroborées. Cette fois, les physiciens ont eu recours à une méthode imaginée par un astronome amateur du Colorado (États-Unis), Steven Hill. Une méthode à base de télescopes disponibles dans le commerce et de quelques filtres colorés. « Je suis étonné qu'une méthode aussi simple soit capable de sonder si profondément l'atmosphère de Jupiter et de démontrer si clairement que ses principaux nuages ​​ne peuvent pas être de la glace d'ammoniac pure, commente Patrick Irwin, physicien à l'université d'Oxford, dans un communiqué. J'espère toujours pouvoir trouver de nouvelles façons pour que les amateurs apportent des contributions utiles au travail professionnel. Mais je ne m'attendais certainement pas à un résultat aussi productif que ce projet », confirme Steven Hill.

    Des explications à l’absence de glace d’ammoniac

    La technique, en effet, apparaît tellement simple que des astronomes amateurs pourraient tout à fait se prendre à traquer et suivre l'ammoniac et ses variations dans les différents motifs de nuages visibles sur la plus grande planète du Système solaire. De ses bandes aux petites tempêtestempêtes et jusqu'à la Grande Tache rouge.

    En attendant, les scientifiques expliquent que dans les régions de l'atmosphère de Jupiter où un airair humide et riche en ammoniac s'élève, ce dernier est détruit ou mélangé à d'autres composés - ceux du « smog », formés sous l'effet de réactions induites par la lumière du SoleilSoleil - plus rapidement que la glace d'ammoniac ne peut se former. Dans les régions moins étendues où la convectionconvection est particulièrement forte, les courants ascendants peuvent être suffisamment rapides pour former de la glace d'ammoniac fraîche. Le phénomène a été observé par les missions GalileoGalileo ou JunoJuno (NasaNasa) comme de petits nuages ​​blancs élevés projetant leurs ombres sur le nuage principal en dessous.