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Jupiter est au centre de l'attention de nombreux astronomesastronomes ces dernières semaines, précisément parce qu'enfin, après une traversée de cinq ans de l'océan interplanétaire, le vaisseau Juno, de la flotte de la Nasa, arrive en vue de la planète géante. Son insertion sur une orbite polaire est pour ce lundi 4 juillet.
Sa mission ? À l'image de la déesse dont elle reprend le nom, la sonde veut découvrir ce que Jupiter a dans le ventre, et bien sûr tout ce que nous cache la première planète à s'être formée autour du Soleil (il y a 4,6 milliards d'années). Elle dispose pour cela de 18 mois pour étudier sa structure interne, en cartographiant notamment son champ gravitationnel et son champ magnétique.
La rencontre du vent solaire avec le champ magnétique de Jupiter est bien visible. La frontière, bow shock pour onde de choc, marque le choc produit par le ralentissement du plasma solaire comparable au bang supersonique d’un avion dans notre atmosphère. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, University of Iowa
Juno est entrée dans les eaux territoriales de Jupiter
Le premier, le champ gravitationnel est devenu prédominant pour Juno, le 27 mai dernier. Le second, la sonde spatiale le rencontrait le 24 juin. « Nous venons juste de franchir le bord intérieur du gazon autour du domicile de JupiterJupiter », s'est réjoui le directeur scientifique de la mission, Scott Bolton, du Southwest Research Institute, précisant que l'équipe recueillait déjà de « précieuses données ».
En effet, l'instrument Jedi (Jupiter Energetic-Particle Detector Instrument) a indiqué que la sonde traversait la zone tampon turbulente où les particules solaires qui se déplacent à plus de 1,5 million de km/h se heurtent à la magnétosphèremagnétosphère jovienne. Désormais, dans le domaine où elle est entrée, les particules sont sous l'influence du champ magnétique de la géante gazeusegéante gazeuse, de plus en plus puissant à mesure qu'elle s'en approche (jusqu'à 5.000 km en orbite).
« Vu de la Terre, si la magnétosphère de Jupiter brillait dans la lumièrelumière visible, explique William Kurth, de l'université de l'Iowa et membre de l'équipe scientifique, il aurait deux fois la taille de la pleine Lunepleine Lune ». C'est très impressionnant, en comparaison du petit point brillant que l'on distingue à l'œilœil nu (au-dessus de l'ouest, au crépusculecrépuscule). Mais cela ne représente qu'une petite partie en réalité. En forme de larmelarme, la plus grande partie s'étale sur une distance équivalente à cinq fois celle qui sépare la Terre du Soleil, soit autant que la distance moyenne entre la géante et notre étoileétoile !
Au cours de ce changement d'environnement, les chercheurs ont relevé des différences intrigantes avec leurs prédictions dans la structure de cette région frontalière. Plus complexes que prévu, ces observations réclament une enquête plus approfondie.
Animation en accéléré des aurores très intenses au pôle nord de Jupiter observées dans l’ultraviolet durant un mois par Hubble. Voir la seconde vidéo ici. © Nasa, Esa, J. Nichols
Hubble observe le feu d’artifice auroral de Jupiter
Jupiter est très regardée par les terriens. Nombreux sont les astronomes amateurs à lui tirer le portrait chaque nuit. Ainsi surveillée quasiment en permanence, il est plus facile de remarquer la chute d’un astéroïde ou des changements importants dans ses motifs en surface comme par exemple, sa Grande tache rouge. Voici quelques jours, l'Eso publiait des images prises entre autres avec le VLTVLT dans l'infrarougeinfrarouge, délivrant ainsi un rare aperçu de ses entrailles.
À présent, c'est au tour d'Hubble de partager son regard sur Jupiter. Un petit peu chaque jour, depuis plus d'un mois, le télescope spatialtélescope spatial en orbite autour de la Terre -- au passage, signalons qu'il a été reconduit 5 ans de plus -- scrute la planète géante dans l'ultravioletultraviolet, nous révélant ainsi un autre aspect de l'astreastre actuellement situé à 856 millions de kilomètres de nous (47 minutes-lumière) : ses aurores.
Le phénomène est comparable à celui qui se produit régulièrement dans la haute atmosphèreatmosphère terrestre sous le joug, variable, des particules les plus énergétiques du vent solairevent solaire, mais... en beaucoup plus grand, plus puissant et en continu ! À cela s'ajoute, et ce n'est pas rien, celles émises par le satellite voisin Io. D'ailleurs ces observations et les mesures, in situ, de JunoJuno, aideront les chercheurs à mieux départager les courants les plus influents, selon les éruptions de la petite lune volcanique et aussi selon les tempêtestempêtes solaires.
« Ces aurores sont parmi les plus spectaculaires et actives que j'ai jamais vu, a déclaré à leur sujet, Jonathan Nichols de l'université de Leicester, Royaume-Uni. C'est presque comme si Jupiter accueillait l'arrivée imminente de Juno avec un feufeu d'artifice. »