Le fer 60 est principalement produit dans les étoiles massives. Puis éjecté dans le milieu interstellaire lorsque ces étoiles, en fin de vie, explosent en supernovae. Le fait que des physiciens viennent d’en détecter dans des sédiments marins suggère que notre Terre voyage depuis 33.000 ans à travers un nuage de poussière faiblement radioactif issu de l’explosion d’une supernova.
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Une fois n'est pas coutume, c'est dans le fond de l'océan que des physiciens de l’université nationale d’Australie (ANU) sont allés chercher des informations concernant celui que les astronomesastronomes appellent le nuage interstellaire local. Plus exactement, ils sont allés y chercher des traces de fer 60, un isotope radioactif du fer formé au cœur d'étoiles massives et que les explosions de supernovaesupernovae propulsent ensuite à travers l'espace. Leur objectif : vérifier si oui ou non le nuage interstellaire local est ce qu'il reste d'une explosion de supernova.
Rappelons qu'il est ici question de ce nuage de gaz et de poussières légèrement plus dense que le milieu interstellaire local -- 0,3 contre 0,05 atomeatome par centimètre cube -- et d'environ 30 années-lumièreannées-lumière de large sur 40 années-lumière de long dans lequel notre Système solaire se déplace depuis quelques milliers d'années. Ses origines restent floues. Mais s'il est né de l'explosion d'une supernova, il devrait être enrichi en fer 60. Et notre Terre en avoir capté une part.
Aujourd'hui, les physiciensphysiciens de l'ANU confirment avoir détecté -- grâce à la sensibilité de la spectrométrie de massespectrométrie de masse par accélérateur --, en deux endroits différents, de très faibles teneurs -- quelques atomes seulement, en réalité -- de cet isotope du fer dans des sédimentssédiments marins. Un isotope dont la demi-viedemi-vie de 2,6 millions d'années est trop courte pour qu'il puisse provenir de l'époque de la formation de notre vieille Terre.
L'écho d'explosions de supernovae anciennes ?
Par le passé déjà, les chercheurs de l'université nationale d'Australie (ANU) avaient trouvé des traces de fer 60 datant d'il y a environ 2,6 et peut-être même 6 millions d'années, suggérant que notre Terre a alors traversé d'autres nuages de rémanentsrémanents de supernovae.
Il y a quelques mois, des chercheurs avaient découvert des indices similaires à ceux révélés par cette étude : du fer radioactif dans la neige de l’Antarctique. Mais cette fois, les physiciens font remonter la présence de fer 60 dans les fonds marins jusqu'à 33.000 ans. Et observent une répartition étonnement uniforme dans l'espace et dans le temps.
“Une sorte d’écho d'explosions de supernovae”
Pour expliquer cela, les chercheurs avancent une idée : le fer 60 piégé dans des particules de poussières pourrait rebondir dans le milieu interstellaire. « Il pourrait ainsi provenir d'explosions de supernovae encore plus anciennes et ce que nous mesurons serait alors une sorte d'écho de ces explosions », indique Anton Wallner, physicien nucléaire, dans un communiqué de l'ANU. Plus de données seront nécessaires pour éclaircir ce point.