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En 2014 déjà, une supernova avait surpris les astrophysiciensastrophysiciens. SN 2014C avait en effet commencé par apparaître comme une SNSN Ia, c'est-à-dire le produit de l'explosion d'une ou deux naines blanches avant de prendre les traits d'une SN II, une supernova produite par l'effondrementeffondrement gravitationnel d'une étoile au moins huit fois plus massive que le Soleil. Selon les chercheurs, cela s'expliquait par l'éjection d'une importante coquille d'hydrogène par l'étoile génitrice de la SN Ia, un certain temps avant l'explosion. Toutefois, un tel phénomène ne cadrait pas facilement avec la théorie standard de l'évolution stellaire.
Une présentation du mythique télescope du mont Palomar. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Palomar Observatory
Une énigme similaire semble maintenant se présenter dans le cas d'une supernova découverte en 2013 avec le fameux télescope du mont PalomarPalomar dans le cadre d'un programme de surveillance automatisé des événements transitoires sur la voûte céleste (Intermediate Palomar Transient Factory ou iPTF). Dans un article disponible sur arXiv, une équipe internationale d'astrophysiciens menée par Ofer Yaron de l'Institut Weizmann à Rehovot (Israël) explique que l'étoile génitrice de SN 2013fs semble elle aussi avoir expulsé une importante coquille de matièrematière peu avant de mourir, sans que l'on puisse vraiment comprendre pourquoi. Cette nouvelle découverte vient du fait que l'évolution de la supernova moins de six heures après son début, un record, a été observée.
Une coquille de gaz éjectée plus d’un an avant la supernova
SN 2013fs a été rapidement étudiée à l'aide des instruments du W.M. KeckKeck Observatory à Hawaï en même temps que par le satellite Swift (NasaNasa) dans les domaines des rayons Xrayons X et ultravioletsultraviolets. Cette supernova de type SN II s'est produite à 160 millions d'années-lumièreannées-lumière de la Voie lactéeVoie lactée dans la galaxie spiralegalaxie spirale NGCNGC 7610. Dans son cas, il s'agissait donc du chantchant du cygne d'une étoile à l'état de supergéante rougesupergéante rouge, 8 à 10 fois plus massive que le Soleil. Une telle étoile ne vit que quelques millions d'années tout au plus et elle est le siège d'une nucléosynthèse intense produisant des éléments lourds comme le carbonecarbone, l'oxygèneoxygène et l'azoteazote, pour ne citer qu'eux.
Voir les explications ci-dessous pour ce schéma. En bas à droite, le télescope Keck qui a permis de faire de la spectroscopie et de mettre en évidence des raies d’émission d’atome d’oxygène plusieurs fois ionisés (O VI). © Ofer Yaron
Le message délivré par les photonsphotons produits par la supernova a donc révélé aux astrophysiciens un secret de l'universunivers qu'ils ne connaissaient pas auparavant car ils n'avaient jamais observé ce phénomène aussi près de sa naissance. D'abord, ils ont constaté que le gazgaz entourant l'étoile à faible distance (CSM, en anglais, pour matière circumstellaire) a été ionisé par le flashflash de lumière (SBO, voir schéma ci-dessus) produit par l'explosion, ce qui a généré une nouvelle émissionémission de lumière pendant une vingtaine d'heures lorsque les électronsélectrons se sont recombinés avec les noyaux.
Du fait de la vitesse de la lumièrevitesse de la lumière, il a pu être déduit que le bord extérieur de la coquille de gaz éjecté par l'étoile était situé à environ cinq fois la distance du Soleil à Neptune (soit environ 150 UAUA). En supposant que ce gaz a été propulsé à environ 100 km/s, on peut en déduire également que la coquille s'est mise en place durant les 500 derniers jours avant l'explosion. Elle devait contenir approximativement un millième de la massemasse du Soleil. Ensuite, la coquille a dû être soufflée au bout de cinq jours, suite au passage de l'onde de choc de la supernova qui a également chauffé les atomesatomes présents à plus de 60.000 °C.
La présence de cette coquille n'avait jamais été prédite à partir des modèles standardsmodèles standards de l'évolution stellaire, aussi les chercheurs se demandent s'il s'agit d'une simple anomalieanomalie ou de la pointe émergée d'un iceberg. Comme les programmes de surveillance ne font que se développer, il devrait être possible à l'avenir de surprendre un plus grand nombre de supernovaesupernovae au tout début de leur explosion.