Pour la station spatiale ou pour vivre sur une autre planète, les structures gonflables sont devenues une alternative crédible aux structures rigides. Moins volumineuses et bien plus légères, elles sont moins coûteuses à lancer. Reste à en maîtriser la fabrication et l'utilisation. Ce qui est en cours, comme le montre ce protoptype de sas de sortie pour l'ISS, réalisé par Thales Alenia Space et présenté ici en vidéo.

Depuis quelque temps, les projets spatiaux de structures gonflables s'additionnent mais ont bien du mal à passer de l'étude papier à la phase de développement. Persévérante, la société Bigelow Aerospace y est parvenue.

Après le lancement de deux prototypes dans l'espace, elle a finalement obtenu de la Nasa le financement nécessaire pour amarrer à la Station spatiale internationale le démonstrateur de module gonflable Beam (Bigelow Expandable Activity Module). Il sera lancé à bord d'une capsule Dragon de SpaceX lors de la prochaine mission de ravitaillement du complexe orbital dont le lancement est prévu dans quelques semaines.


L'essai d'un prototype de sas gonflable qui pourrait s'adapter à la Station spatiale internationale. Une fois plié, un équipement de ce genre occupe deux fois moins de place qu'un modèle classique. En médaillon, l'image de l'intérieur, dont le tissu intègre de multiples capteurs. © Thales Alenia Space

Porter à maturité la technologie du gonflable

L'intérêt pour cette technologie se manifeste aussi dans les bureaux d'études de Thales Alenia Space. La société européenne a récemment présenté un concept d'une structure gonflable télécommandée destinée à récupérer des échantillons extraterrestres ou des débris spatiaux et elle travaillle sur le projet Stratobus, sorte de plateforme stratosphérique autonome à mi-chemin entre les satellites et les drones.

L'entreprise a également réalisé un prototype d'un sas gonflable qui pourrait être utilisé en lieu et place de celui de l'ISS, dont il reprend les dimensions, et offrant un volume intérieur comparable. Seule manque la porte de sortie dans l'espace. Thales Alenia Space, qui fabrique le module de fret du cargo Cygnus d'Orbital ATK, prévoit d'adapter à son prototype l'écoutille d'entrée du cargo.

Le prototype de sas gonflable est ici vu complètement déployé. Il a les mêmes dimensions que celui de la Station spatiale. Il mesure trois mètres de long pour un diamètre de deux. Son poids est d'environ 1,4 tonne. © Rémy Decourt

Le prototype de sas gonflable est ici vu complètement déployé. Il a les mêmes dimensions que celui de la Station spatiale. Il mesure trois mètres de long pour un diamètre de deux. Son poids est d'environ 1,4 tonne. © Rémy Decourt

Ce prototype ne quittera pas la Terre

Cependant, la difficulté à trouver un financement rend peu probable un prochain test en vol de ce prototype. Le principal intérêt de cette étude est ailleurs. Il démontre qu'il est possible de convertir une structure en dure en une solution gonflable de façon à réaliser un gain de place de plus de 50 %, lorsqu'elle est pliée.

Ce sas est fonctionnel. L'intérieur est étanche et tapissé d'une multitude d'ampoules et de capteurs de pression, de température et d'humidité, cousus à même le revêtement. Quant à la structure métallique interne, constituée de cadres et de longerons pliables, elle a été conçue pour une facilité de déploiement et de repli. Le tout est protégé des micrométéorites et des débris spatiaux par un matériau réalisé en Kevlar et en fibre céramique.