En cette période d’activité croissante de notre Soleil, certains craignent ses colères. Des chercheurs de la Nasa, eux, voient plutôt les violentes éruptions qui se produisaient sur notre Étoile dans sa jeunesse comme un coup de pouce qui a aidé la vie à apparaître sur la Terre.
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Il est beaucoup question, ces dernières semaines, de l'activité croissante de notre Soleil. Parce qu'elle nous fait le beau cadeau des aurores boréales. Mais aussi parce qu'elle nous fait craindre la survenue de tempêtes géomagnétiques qui pourraient mettre nos sociétés en difficulté. Aujourd'hui, des chercheurs de la Nasa nous proposent de poser un autre regard encore sur l'activité de notre étoile. Selon eux, les premiers éléments constitutifs de la vie sur Terre pourraient en effet s'être formés grâce aux éruptions de notre Soleil.
Pour comprendre leur cheminement, il faut revenir quelques années en arrière. Jusqu'à la fin des années 1800. Lorsque les scientifiques ont envisagé que la vie sur Terre ait pu apparaître dans une soupe d'éléments alimentée en énergie par la foudrefoudre, la chaleur ou d'autres sources pour finalement former des molécules organiques.
Puis arrive 1953. L'année où le biologiste américain Stanley Miller (1930-2007) mène une expérience qui restera dans l'histoire. Il remplit une chambre fermée de méthane (CH4), d'ammoniacammoniac (NH3), d'eau (H20) et d'hydrogènehydrogène moléculaire (H2). Et il simule ensuite la foudre à l'aide d'une étincelle électrique. Une semaine plus tard, il découvre que 20 acides aminésacides aminés différents se sont formés. « Une grande révélation », commente Vladimir Airapetian, un astrophysicienastrophysicien stellaire au Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center, dans un communiqué de la Nasa.
Moins d’orages, moins de protections, plus d’éruptions solaires
Mais la question de l'apparition de la vie sur Terre n'était toujours pas tout à fait résolue. Depuis les années 1970, en effet, les chercheurs estiment que l'ammoniac et le méthane étaient beaucoup moins abondants dans notre atmosphèreatmosphère qu'ils ne le pensaient auparavant. Au lieu de cela, notre airair était rempli de dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) et d'azoteazote moléculaire (N2). Ces gazgaz peuvent tout à fait produire des acides aminés mais, à apport d'énergie égal, dans des quantités très réduites. Pour en produire suffisamment, il faut donc trouver une source d'énergie supplémentaire.
Mais, depuis quelques années, les astronomesastronomes envisagent que pendant les 100 premiers millions d'années d'existence de la Terre, les « super-éruptions » solaires - de puissantes éruptions que nous ne voyons qu'une fois tous les 100 ans environ aujourd'hui - auraient éclaté une fois tous les 3 à 10 jours. Or ces super-éruptions lancent des particules proches de la vitesse de la lumièrevitesse de la lumière. Par le passé, elles entraient régulièrement en collision avec notre atmosphère - moins bien protégée qu'aujourd'hui par son bouclier magnétique -, déclenchant des réactions chimiques.
“La foudre moins efficace que le Soleil”
Les nouvelles expériences menées par les chercheurs sur un mélange de gaz correspondant à l'atmosphère terrestre primitive montrent qu'une concentration en méthane - c'est un peu la donnée manquante sur l'histoire de notre atmosphère, mais les scientifiques pensent qu'il y en avait peu - de 0,5 % suffit à produire des quantités détectables d'acides aminés et d'acides carboxyliquesacides carboxyliques lorsque le tout est flashé par des particules solaires. Lorsque les flashsflashs sont générés par des décharges d'étincelles simulant la foudre, la formation d'acides aminés n'intervient qu'à partir d'une concentration en méthane de 15 % seulement. « Et même à 15 % de méthane, le taux de production des acides aminés par la foudre est un million de fois inférieur à celui des particules solaires », souligne Vladimir Airapetian.
Ces expériences suggèrent ainsi que notre jeune Soleil particulièrement actif aurait pu catalyser les précurseurs de la vie plus facilement, et peut-être aussi plus tôt, que les chercheurs le pensaient jusqu'ici. D'autant que, sous ce jeune Soleil, plus faible qu'aujourd'hui, les oragesorages devaient également être plutôt rares sur la Terre.