Alors que les entreprises s'interrogent sur le retour des télétravailleurs dans leurs locaux, une étude du ministère du Travail montre qu'ils sont globalement en meilleure santé que leurs collègues restés au bureau : moins de troubles psychiques, de douleurs et d'arrêts maladie… Toutefois, un rapport de l'Anses vient la nuancer en soulignant les risques sanitaires spécifiques liées au télétravail. 

 

 


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    À l'heure où le retour au bureau, pour davantage de présentiel, fait grincer les dents des salariés habitués au télétravail, une étude du ministère du Travail met en évidence que ces derniers sont en meilleure santé que leurs collègues présents sur site, et sont moins en arrêt-maladie. Des arguments officiels qui pourraient peser dans le débat.

    La Dares, la direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail et de l'Emploi, vient de publier un rapport analysant l’impact du télétravail sur la santé des salariés, en particulier pendant et après la pandémiepandémie de Covid-19Covid-19.

    Cette pratique, désormais bien ancrée, concerne aujourd'hui 26 % des travailleurs en France, télétravaillant au moins un jour par semaine, contre seulement 9 % en 2019. 13 % des salariés télétravaillent même au moins deux jours par semaine, contre 2 % en 2019.

    © agcreativelab, Adobe Stock
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    Les télétravailleurs globalement en meilleure santé

    Alors qu'AmazonAmazon et de nombreuses entreprises internationales cherchent à ramener leurs salariés au bureau, la Dares indique que, selon les données 2023 disponibles, « les télétravailleurs sont globalement en meilleure santé que les autres salariés qui ne pratiquent pas le télétravail. Ils sont moins fréquemment malades et continuent davantage de travailler lorsqu'ils sont malades ». Voici les points clés du travail de la Dares :

    • En 2023, 37 % des salariés qui ne télétravaillent pas (mais dont les professions le permettraient) ont déclaré que leur état de santé était altéré, contre 31 % des télétravailleurs.
    • L'isolement du salarié à domicile, les horaires « extensibles », le mélange entre vies professionnelle et personnelle... pourraient nuire à son moral et à sa santé mentale. Le rapport constate le contraire : les télétravailleurs souffrent moins de troubles psychiques. Ainsi, 20 % des salariés ne télétravaillant pas présentent un risque dépressif élevé, contre 17 % chez les télétravailleurs.
    • En ce qui concerne les maladies chroniques, 28 % des non-télétravailleurs en souffrent, contre 24 % des télétravailleurs. De même, 57 % des non-télétravailleurs déclarent des douleursdouleurs fréquentes, contre 51 % des télétravailleurs. 21 % contre 17 % mentionnent des limitations fonctionnelles, et 44 % contre 40 % affirment souffrir de troubles du sommeil. Ces écarts persistent même après ajustement en fonction de l'âge, du sexe ou des conditions de travail.

    Selon la Dares, « l'autonomieautonomie gagnée et l'intensité moindre du travail à distance seraient susceptibles de permettre une meilleure adaptation (de la temporalité, des cadences) du poste au salarié et, de ce fait, une dégradation moins importante de son état de santé ».

    Plus à l'aise dans leurs baskets 

    Parmi les salariés dont le poste se prête au télétravail, ceux qui le pratiquent jouissent en moyenne de meilleures conditions de travail que les non-télétravailleurs, analyse la Dares. Elle précise : les télétravailleurs ressentent moins d'exigences émotionnelles, très légèrement moins d'intensité du travail et beaucoup moins de manque de reconnaissance et d'insécurité professionnelle ou encore de manque d'autonomie.

    Moins souvent malades grâce au télétravail ?

    Le nombre de jours de maladie chez les télétravailleurs est plus faible que chez ceux qui travaillent sur site : 4,7 jours par trimestre contre 7,4 jours. À l'inverse et en toute logique, le présentéisme, c'est-à-dire le fait de travailler malgré la maladie, est plus élevé chez les télétravailleurs. En effet, 57 % des télétravailleurs malades continuent de travailler, contre 45 % chez ceux qui travaillent sur site. Cette différence est encore plus marquée chez les femmes (52 % contre 39 %).

    Des risques spécifiquement liés au télétravail

    L'Agence nationale de sécurité sanitaire (AnsesAnses) a estimé en février dernier dans son rapport Télétravail : poursuivre la recherche pour mieux évaluer les effets potentiels sur la santé que la pratique du télétravail comporte certains risques sanitaires spécifiques, tels que des « troubles musculosquelettiques, impacts sur la vue, perturbation des rythmes circadiensrythmes circadiens comme le rythme veille-sommeilsommeil, effets sur les comportements alimentaires et addictifs, accidentologie, impact sur la santé mentale ».

    Cependant, avant la généralisation du télétravail, ceux qui en bénéficiaient étaient souvent des salariés dont l'état de santé rendait difficile le travail en présentiel. Or le rapport de l'Anses se base sur les données produites avant ou durant la période Covid, lesquelles « ne sont pas représentatives de la situation actuelle », précise l'Agence. On peut aussi imaginer que la généralisation du télétravail par les entreprises et l'expérience acquise a permis de meilleures conditions de télétravail.