Même si le nom est différent, l'objectif du « quiet cutting » reste bien le même : placardiser le salarié pour le pousser à démissionner, stratégie qui, dans le cadre d'une restructuration, évite à l'employeur les procédures de licenciement sans bourse délier. Sauf que cette pratique managériale peut dériver vers le harcèlement moral et qu'elle crée une ambiance de travail délétère dont pâtit la productivité de l'entreprise.

 


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    C'est la nouvelle expression à la mode pour parler d'une pratique ancienne dans le monde des RH. Le « quiet cutting » désigne le fait de pousser un salarié à la démission pour réduire les effectifs, sans avoir à justifier d'un motif économique. De nombreuses entreprises auraient recours à cette stratégie peu scrupuleuse, d'après un récent sondage américain.

    Environ les trois quarts des salariés américains interrogés dans le cadre d'une enquête du site de recherche d'emploi Monster déclarent avoir déjà vu leur employeur avoir recours au « quiet cutting ». De plus, 58 % des répondants disent qu'ils ont été personnellement affectés par cette pratique managériale. 

    Le « quiet cutting » ou le licenciement silencieux

    Car le « quiet cutting » n'impacte pas uniquement l'employé poussé vers la sortie. Les salariés qui échappent à un plan de départ se sentent souvent submergés par des émotions négatives. Ils peuvent ressentir du stressstress, de la démotivation, du désengagement professionnel et même un sentiment de culpabilité. Cela a un impact sur leur productivité, alors même que l'objectif d'une réduction d'effectifs est de rétablir le niveau de performance et de compétitivité d'une entreprise.

    La stratégie managériale du « quiet cutting » consiste à pousser à la démission un employé en le mettant « au placard », permettant ainsi à l'entreprise de faire l'économie d'un licenciement lors d'un plan de réduction des effectifs. © David, Adobe Stock
    La stratégie managériale du « quiet cutting » consiste à pousser à la démission un employé en le mettant « au placard », permettant ainsi à l'entreprise de faire l'économie d'un licenciement lors d'un plan de réduction des effectifs. © David, Adobe Stock

    Les actifs touchés de près ou de loin par le « quiet cutting » peuvent adopter différentes stratégies pour retrouver un peu de sérénité dans leur quotidien professionnel. L'une d'entre elles consiste à s'adapter. Quelque 27 % des salariés interrogés par Monster disent qu'ils resteraient dans leur emploi s'ils apprenaient que leur employeur avait pour projet de réduire insidieusement les effectifs ; 10 % d'entre eux redoubleraient même d'efforts pour ne pas être sur la sellette. 

    Jouer cartes sur table et négocier son départ

    À l'inverse, 18 % des sondés confient qu'ils prendraient les devants en posant leur démission, avant d'être mis au placardplacard. Mais la grande majorité des répondants seraient dans le dialogue : 24 % parleraient avec leur supérieur hiérarchique et 20 % avec les ressources humaines de leur entreprise. 

    Dans certains cas, faire comprendre aux RH ou à son manager que l'on a conscience de ce qui est en train de se passer suffit à améliorer la situation, ou à trouver une issue qui convient aux deux parties. Mais le mal est souvent fait. Le « quiet cutting » contribue à créer une ambiance de travail délétère, où la méfiance règne. 80 % des salariés qui en ont été victimes disent qu'ils éprouvent moins de confiance ou de loyauté à l'égard de leur employeur, tandis que 58 % estiment que leur bien-être en pâtit.

    Les entreprises doivent donc garder à l'esprit que cette pratique peut s'avérer contreproductive, voire juridiquement répréhensible. Être poussé vers la sortie peut conduire à du harcèlement moral, ce qui est sanctionnable devant une cour de justice. Si vous pensez être victime de « quiet cutting », n'hésitez pas à vous faire conseiller par un avocatavocat. Cela vous permettra de savoir quelles démarches entreprendre et d'établir un plan d'attaque pour l'avenir.