Une méta-analyse a comparé le sentiment d'imposture chez les hommes et les femmes pour vérifier s'il était effectivement ressenti plus intensément chez celles-ci. Caractérisé par un manque de confiance en soi malgré des preuves objectives de réussite, ce sentiment est le fruit de stéréotypes de genre, générant anxiété et insatisfaction, alimentant la peur de l'échec. Heureusement, il est possible de surmonter cette détresse psychologique.


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    Vous avez l'impression de ne pas mériter votre réussite ? Vous vous sentez obligé d'accumuler les diplômes et les certificationscertifications pour vous sentir légitime dans votre carrière ? Il est possible que vous souffriez du syndrome de l'imposteursyndrome de l'imposteur, surtout si vous êtes une femme. Théorisé à la fin des années 1970 par les psychologues américaines Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, le complexe de l'imposteur est un sentiment auto-entretenu de doute et de remise en question. Les personnes qui en souffrent estiment ne pas être suffisamment qualifiées pour mériter leurs succès scolaires ou professionnels. Elles attribuent davantage leur réussite à des facteurs externes comme la chance, plutôt qu'à leur propre talent. 

    Ce sentiment de fraude serait susceptible de concerner 70 % de la population mondiale à un moment ou un autre de leur vie, d'après une étude parue en 2011 dans le Journal of Behavioral Science. Mais une méta-analyse, publiée dans le ​​Current Research in Behavioral Sciences, affirme que les femmes sont plus susceptibles de ressentir le complexe de l'imposteur que les hommes.

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    Les auteurs de cette recherche sont arrivés à cette conclusion après avoir étudié les conclusions d'une centaine d'études sur le sujet impliquant, au total, pas moins de 40 000 participants. Ils ont constaté que les femmes, qui constituent 58 % du groupe de sujets, obtiennent des scores plus élevés que les hommes sur les différentes échelles mesurant le complexe de l'imposteur.

    Face au syndrome de l'imposteur, il existe des solutions, fort heureusement, pour surmonter cette détresse psychologique. © fizkes, Adobe Stock
    Face au syndrome de l'imposteur, il existe des solutions, fort heureusement, pour surmonter cette détresse psychologique. © fizkes, Adobe Stock

    « Sur la base de cette analyse, nous pensons qu'une réponse appropriée à la question de savoir s'il existe une différence entre les sexes en ce qui concerne le syndrome de l'imposteur est "oui". Il semble qu'il y ait quelques exceptions à cette règle générale, mais elles ne sont pas nombreuses », écrivent les chercheurs dans leur étude. 

    L'impact des stéréotypes de genre

    L'équipe de recherche n'évoque pas les raisons qui poussent les femmes à douter de leurs capacités, mais de précédentes études affirment que ce phénomène s'explique par des raisons structurelles et sociétales. Le déficit de confiance des femmes serait nourri par la croyance selon laquelle les performances cognitives et intellectuelles seraient, par nature, différentes entre les sexes.

    Cette idée fausse, qui n'a aucun fondement scientifique, est si répandue que des enfants en bas âge y adhèrent inconsciemment. En effet, des chercheurs américains ont constaté que les stéréotypes de genre sont intériorisés dès l'âge de 6 ans. Les filles de cet âge ont moins tendance à considérer les femmes comme étant « très très intelligentes », que les garçons du même âge pour les hommes, comme l'indique leur étude, publiée en 2017 dans la revue Science. À l'âge adulte, ces stéréotypes peuvent décourager les femmes de poursuivre des carrières dans des secteurs d'activité réputés masculins, dont les sciences. 

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    Contrairement à ce que son nom laisse penser, le syndrome de l'imposteur n'est pas une maladie. C'est un sentiment d'inconfort psychologique qui peut conduire à un état d'insatisfaction chronique, à des stratégies de procrastination et d'autosabotage, à de l'anxiété et parfois même à la dépression. Mais heureusement, il est tout à fait possible d'apprendre à se réapproprier ses réussites et à ne plus douter de soi, sans tomber dans l'excès de confiance.