Des chercheurs se sont invités au festival de musique Hellfest, qui s'est exceptionnellement déroulé durant sept jours lors de sa 15e édition. Leur but : étudier les mouvements de foule. Pour cela, ils ont participé aux diverses danses collectives qui se produisent régulièrement lors des concerts.
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Au milieu des festivaliers qui célébraient les différentes musiques extrêmes, des scientifiques de l'Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numériquenumérique) étaient présents avec un tout autre but : celui d'étudier les mouvements de foule. Faisant partie du projet de recherche CrowdDNA, qui a pour objectif de prévenir les débordements extrêmes lors de grands rassemblements, ils se sont mêlés à la foule et ont participé, tout comme les festivaliers, aux concerts. Le timing était parfait : cette année, le festival s'est étalé sur sept jours, au lieu des trois traditionnels, afin de rattraper les deux éditions manquées de 2020 et 2021.
Des chercheurs criblés de capteurs mêlés à la foule
Lors des concerts, des mouvements spécifiques se produisent, souvent particuliers aux stylesstyles de musique présents au Hellfest. « On sait qu'il y a des danses liées à la musique écoutée où des interactions physiques vont se produire entre individu », a expliqué à l'AFP Julien Pettré, chercheur à l'Inria de RennesRennes. Le circle pit, où les participants courent en formant un grand cercle, le wall of death, où les participants se séparent en deux parties, formant une fosse entre eux, puis se foncent dessus, mais aussi les pogo et les mosh, où les participants dansent en sautant et se bousculant les uns les autres. Enfin, certains festivaliers se sont fait porter par la foule, allongés : c'est ce que l'on appelle les slams.
Parmi la foule, les chercheurs cobayes se sont mélangés, vêtus de combinaisons criblées de capteurs. Leur rôle était de suivre les divers mouvements de foule, que cela soit à l'entrée ou la sortie du festival (qui a rassemblé environ 60.000 personnes chaque jour, près de 80.000 le dimanche à l'occasion du concert du groupe Metallica), ou les diverses danses lors des concerts. Ils étaient vêtus d'une casquette orange, bien visible et repérable par des caméras. En plus des chercheurs se mélangeant aux festivaliers, d'autres sont restés derrière les deux scènes principales durant les sept jours, enregistrant les mouvements des chercheurs cobayes. L'équipe a aussi eu accès aux images filmées en continu de l'une des scènes, la Warzone.
Modéliser la foule pour éviter des morts
À terme, les vidéos mélangées aux données recueillies par les chercheurs permettront à l'équipe d'améliorer leurs modélisations de ces foules caractéristiques. Car c'est là le but de CrowdDNA, le projet auquel participent les chercheurs présents au festival Hellfest. L'idée du projet est de développer une méthode de modélisation suffisamment fiable pour prévenir des accidentsaccidents, pouvant aller de quelques blessés à plusieurs morts, comme lors du concert de Travis Scott en novembre 2021 qui a fait dix morts. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas que les concerts ou les festivals qui sont les plus meurtriers, les matchs de foot et les rassemblements religieux sont tout aussi dangereux : le plus meurtrier s'est déroulé en 2015 à La Mecque, et a fait environ 2.300 morts.
Lors de grands rassemblements en effet, si la densité atteint ou dépasse six personnes au mètre carré, les mouvements deviennent collectifs : ils se transmettent de personne à personne, formant, à grande échelle, comme des vaguesvagues. Lorsque plusieurs vagues se croisent, ce sont les personnes situées à ces croisements qui trinquent. Vu de loin, ces mouvements ressemblent à des tremblements, et ont d'ailleurs été nommés « tremblements de foule ». Les accidents suivent ensuite : bousculades, parfois chutes en cascade, et asphyxieasphyxie. Comme expliqué sur le site de CrowdDNA, « il s'agit d'un problème général dans le domaine de la science des foules : comprendre comment les échelles microscopiques sont couplées aux échelles macroscopiques des comportements des foules ». En plus de la participation à des événements comme le Hellfest, l'équipe de CrowdDNA utilise des outils pour simuler une foule virtuelle. Le projet se terminera en avril 2024.