Ce Jeudi 17 Octobre, Netflix diffuse la première saison de Gundam : Requiem pour une vengeance. Ces six épisodes revisiteront les événements de la toute première série Gundam, qui fête cette année ses 45 ans. Et si, en 1979, une armée faite de soldats pilotant de gigantesques armures-robots relevait plus de la fiction que de la science, la robotique est en progrès constant. Alors on se demande : les forces armées de notre monde se pareront-elles un jour de machines de guerre semblables aux Gundams ? 


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    Au Japon, Gundam fait partie intégrante du paysage culturel et appartient au genre mecha - de l'anglais « mechanical » - qui désigne des œuvres de science-fiction mettant en scène des personnages aux commandes de robotsrobots de combats humanoïdeshumanoïdes. À son apparition, au début des années 1970, le genre cible plutôt les enfants et met en scène de jeunes protagonistes ordinaires mais valeureux, devenus héros invincibles grâce à leur armure. Une des séries d’animation pionnière du genre vous rappellera peut-être votre enfance : Goldorak, diffusée en France dès 1978.

    Un collectionneur construit minutieusement une figurine Gundam. © Lalalululala, Adobe Stock
    Un collectionneur construit minutieusement une figurine Gundam. © Lalalululala, Adobe Stock

    La révolution Gundam 

    C'est au milieu de ces œuvres manichéennes et plutôt conformistes que MobileMobile Suit Gundam débarque sur les télévisions japonaises en 1979. Le genre mecha vit alors une vraie révolution. La série se démarque d'abord par son intrigue géopolitique complexe de guerre entre les habitants de la Terre et ceux de colonies spatiales. Mais ce sont les mobile suits, ces armures-robots réalistes, faillibles, et que les animateurs s'appliquent même à faire respecter les lois de la physique, qui feront sa singularité. 

    Plus de jeunes héros et de robots imbattables, mais des soldats aux commandes de machines sophistiquées, difficiles à manier et qui ne sont pas à l'abri de la destruction. En bref, dans Gundam, les mobile suits rappellent les fonctions d'un exosqueletteexosquelette, une extension de leurs pilotes qui augmentent leurs aptitudes, mais ne les protègent pas de tous les dangers. Une idée qui rappelle aussi l'équipement motorisé des soldats du Starship Troopers de Robert A. Heinlein, paru en 1959, puis adapté au cinéma par Paul Verhoeven en 1997 et source d'inspiration de nombreux projets d’innovation militaire.

    Cosplay d'un soldat futuriste inspiré par <em>Starship Troopers</em>. © SWOF.ph - Adobe Stock 
    Cosplay d'un soldat futuriste inspiré par Starship Troopers. © SWOF.ph - Adobe Stock 

    Le « soldat de demain » se fait attendre

    L'armée n'a pas attendu Gundam pour allier machine et soldat. En 1965, General Electric dévoile le premier projet d'exosquelette motorisé : le Hardiman, qui rendrait n'importe qui capable de soulever jusqu'à 680 kilos sans sourciller. Malheureusement, des dysfonctionnements l'empêchent de dépasser le stade de prototype. Depuis, les années passent, les projets se succèdent, mais personne ne semble réussir à cracker le code de l’exosquelette militaire. L'amplitude des gestes du porteur se retrouve toujours diminuée, sans parler du décalage causé par le temps de réaction de la machine après un mouvement. Même l'armée américaine s'est recentrée sur de nouvelles stratégies après avoir abandonné son projet d'exosquelette TALOS (Tactical Assault Light Operator Suit) en 2019. Mais si une armure de ce type ne fonctionne pas, pourquoi ne pas se tourner vers les mobile suit ?

    Des mechas pour la paix

    Les Gundams sont impressionnants : de semblables colosses de 20 mètres de haut, capables de tout balayer sur leur passage paraissent un atout sans pareil en temps de guerre. Fin 2023, l'entreprise japonaise Tsubame Robotics a mis au point Archax, un robot de 4,5 mètres de haut muni d'un cockpit, depuis lequel on peut piloter ses bras, ses mains et ses jambes. Malgré sa « petite » taille, il ressemble en tout point à un Gundam. Oui mais voilà, il coûte 2,8 millions d'euros, sans compter les modifications à lui apporter pour en faire un outil de combat.

    Présentation du robot Archax. © Tsubame Robotics

    En vérité, il faudrait plusieurs centaines de millions d'euros à un pays pour se parer de quelques mechas. Mais ce n'est pas tout, sur un champ de bataille, que sont ces armures si ce n'est des tanks remplis de failles ? Leurs articulationsarticulations deviennent rapidement des points faibles qui peuvent se briser facilement, et la légèreté des matériaux utilisés, qui garantissent des mouvements efficaces, fragilisent aussi leurs structures.

    Et que faire de la vocation des auteurs ? La franchise Gundam, et Starship Troopers avant elle, sont pensées comme des satires de notre monde gangrénés par les conflits armés. Ces exosquelettes, ces armures-robots géantes, sont des allégories d'une technologie au service de la guerre et de ses conséquences. Aujourd'hui, les seuls exosquelettes fonctionnels servent l'industrie, la médecine, la science... et les armures-robots comme Archax de Tsubame Robotics ont également cette vocation. C'est peut-être mieux comme ça.