Parasites, piqûres de moustiques, diarrhées, maladies sexuellement transmissibles… James Bond est particulièrement exposé aux maladies infectieuses lors de ses différents voyages. Trois scientifiques ont analysé avec humour le comportement terriblement négligeant de l'agent 007 quant aux risques pour sa santé.

Durant ses différents périples, James Bond manque d'être empoisonné, de se faire trancher la carotide, d'être balancé dans le vide sans parachute, de brûler vif dans un hôtel en feu, de se noyer dans une gaine d'aération, de se faire découper à la hache ou se faire pulvériser par une bombe dans un train en folie. Sans compter les accidents de voiture et le nombre de balles desquelles il rééchappe. Mais ce sont d'autres risques, moins visibles, qui ont intéressé trois scientifiques des universités de Nimègue et de Londres : les maladies infectieuses.

Une bien piètre hygiène des mains

Ayant sans doute du temps à tuer, nos trois spécialistes ont passé en revue les 25 films de James Bond, sortis entre 1962 et 2021, soit 3.113 minutes de visionnage par personne. Ils ont ainsi comptabilisé en tout 86 voyages à l'étranger dans 46 pays différents (sans compter sa petite escapades dans l'espace de Moonraker), et constaté que l'agent 007 était particulièrement exposé aux maladies infectieuses. « Il est par exemple frappant de constater que Bond se lave les mains à seulement deux reprises, malgré de nombreuses expositions à des agents pathogènes d'origine alimentaire », remarquent ainsi les auteurs. James Bond mange régulièrement des fruits non lavés, des huîtres crues, et se retrouve exposé à plusieurs reprises avec le chat persan de Ernst Stavro Blofeld, le chef du Spectre (007 Spectre) négligeant les risques de toxoplasmose. N'importe qui ayant fréquenté les régions tropicales avec un niveau d'hygiène aussi déplorable aurait été atteint de diarrhée, estiment les auteurs.

Dans plusieurs épisodes, James Bond se trouve en contact avec le chat persan de Blofeld, susceptible d’être porteur de toxoplasmose. © allen watkin, Flickr
Dans plusieurs épisodes, James Bond se trouve en contact avec le chat persan de Blofeld, susceptible d’être porteur de toxoplasmose. © allen watkin, Flickr

De multiples rapports sexuels non protégés

Mais l'un des facteurs de risque les plus évidents de Bond, pour l'exposition aux maladies infectieuses, est son taux d'aventures sexuelles, notent les auteurs dans leur étude parue dans le journal Travel Medicine and Infectious Disease. « Nous avons compté un total de 59 rapports, soit 2,4 par film en moyenne ». Et bien entendu, notre agent ne prend aucune mesure de protection adéquate. « James Bond appartient clairement aux 20 à 34 % de voyageurs internationaux qui ont des relations sexuelles occasionnelles et dont environ la moitié n'utilisent pas de préservatif », raillent les auteurs. Si James Bond sort parfaitement indemne de ses relations éphémères, ce n'est pas le cas de ses partenaires : le taux de mortalité de ces dernières s'élève à 27 % une fois qu'elles ont couché avec l'agent secret (bien que leur mort n'ait pas vraiment de rapport avec une quelconque maladie sexuellement transmissible).

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Avec tous ses voyages internationaux, James Bond est également particulièrement exposé aux épidémies. Il se rend par exemple au Japon en 1967, peu après l'épidémie de grippe H2N2 dévastatrice qui a frappé la région entre 1957 et 1958. Pire, dans On ne vit que deux fois, James Bond, dans une tentative de déguisement, emprunte un masque utilisé récemment par une autre personne. « Étant donné que le virus SARS-CoV peut être détecté sur les masques chirurgicaux pendant une semaine après l'exposition, il y a tout lieu de croire que d'autres virus respiratoires peuvent également survivre sur le tissu », font ironiquement remarquer les auteurs.

James Bond voyage dans plusieurs pays où le paludisme, la dengue et le chikungunya sont endémiques. © stevenw12339, Flickr
James Bond voyage dans plusieurs pays où le paludisme, la dengue et le chikungunya sont endémiques. © stevenw12339, Flickr

Paludisme, rats, tiques et sangsues

« Malgré la présence endémique du paludisme, de la dengue et du chikungunya dans plusieurs destinations de Bond (Bahamas, Jamaïque, Inde...), il ne prend même pas les précautions les plus élémentaires contre les piqûres d'insectes », remarquent-ils pour enfoncer le clou. Dans Docteur No, il croit malin d'utiliser de l'eau salée pour repousser les moustiques, alors que ce remède n'est d'aucune efficacité. « À Istanbul, en Turquie, Bond est accompagné d'une nuée de rats grouillants lors d'une courte excursion en bateau à travers la citerne de la basilique », relatent les auteurs. Or, les rats sont connus pour transmettre de nombreuses maladies infectieuses comme la leptospirose. Bond est aussi attaqué par des sangsues, porteuses potentielles de bactérie Aeromonas, et marche pieds nus sur la plage, au risque d'être contaminé par un parasite. Un bon point cependant : lorsqu'il traverse des prairies herbeuses au Japon dans On ne vit que deux fois, James Bond porte un pantalon long qui le protège des piqûres de tiques.

« Tous ces risques s'additionnent au mode de vie extrême et à l’hygiène de vie douteuse (alcool, tabac...) de James Bond, jugent les trois infectiologues. Les boissons alcoolisées entraînent ainsi un sévère risque de déshydratation, surtout compte tenu de l'activité physique intense et des climats chauds pratiqués ». James Bond n'est d'ailleurs jamais vu est train de se mettre de l'écran solaire, déplorent-ils. « Dans l'ensemble, nous avons trouvé Bond très mal préparé aux risques pour la santé liés aux voyages et particulièrement naïf quant à la menace de maladies infectieuses ».

« Notre recherche n'a bénéficié d'aucun financement spécifique, compte tenu de la futilité du projet et de sa faible valeur académique », précisent les auteurs très lucidement. Leur objectif est sans doute de se voir attribuer le prix IgNobel l'an prochain.