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Tout a une fin. Après un périple de plus de 12 ans dans l'espace, dont deux à évoluer à proximité de la comète Churyumov-Gerasimenko, la sonde Rosetta, de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, s'apprête à terminer sa mission. Et en beauté. Elle réalisera en effet une manœuvre tout à fait inédite qui l'amènera à se poser sur la surface de la comète. L'aventure n'est pas sans rappeler l'atterrissage de la sonde américaine Near ShoemakerNear Shoemaker sur l'astéroïde ErosEros en février 2001 et pour lequel elle n'avait pas été conçue.
Cette fin de mission n'est pas décidée à cause d'ennuis techniques ni de pannes mais du fait de l'éloignement de la comète, et donc de la sonde, qui filent toutes deux à l'opposé du Soleil. Certes, RosettaRosetta a enduré un environnement des plus hostiles autour de la comète -- avec poussières et dégazagedégazage -- mais aujourd'hui la distance par rapport au Soleil est si grande que l'énergie solaire devient trop faible pour faire fonctionner les servitudes et les instruments scientifiques. Le 13 août 2015, la sonde et la comète se trouvaient au plus près du Soleil, à 186 millions de kilomètres, mais, depuis cette date, les deux s'en éloignent chaque jour un peu plus.
Comme le souligne le Cnes, la distance va augmenter, jusqu'à atteindre 850 millions de kilomètres. Dès 600 millions de kilomètres, il sera très difficile de recueillir assez d'énergie pour que Rosetta puisse travailler, d'où la décision de terminer la mission de cette façon. À cette contrainte forte s'ajoute une réduction de la bande passantebande passante disponible pour la liaison descendante des données scientifiques.
Une des dernières vues de la comète mise en ligne sur le site de l'Agence spatiale européenne. Elle a été acquise par Rosetta le 17 juin 2016 alors qu'elle se trouvait à 30,8 kilomètres du noyau de 67P/Churyumov-Gerasimenko. © Esa, Rosetta, NavCam
Un atterrissage très risqué sur Tchouri
C'est en 2014 que l'Agence spatiale européenne a pris la décision de faire atterrir la sonde sur la comète, une manœuvre qui n'avait donc pas été envisagée au moment de la conception du satellite. Le site d'atterrissage n'a pas encore été choisi et plusieurs régions de la comète sont étudiées. Un choix qui sera forcément difficile à faire, comme l'avait été celui du site d’atterrissage de Philae. Il devra tenir compte des souhaits des scientifiques et des contrôleurs au sol. Les premiers privilégieront l'intérêt des données qui pourront être recueillies durant l'approche et les seconds chercheront à minimiser les risques, un dilemme classique des missions spatiales. Cet atterrissage, en effet, ne sera pas simple. Il faudra tracer la route jusqu'à la surface de la comète, durant laquelle Rosetta effectuera une série d'orbites elliptiques qui la rapprocheront de plus en plus.
Le 30 septembre prochain, la sonde se posera dans une position impossible à prévoir, à une vitessevitesse d'environ 50 centimètres par seconde. Les dernières heures de vol de Rosetta seront mises à profit pour acquérir des images à très haute résolutionrésolution de la surface. Les instruments effectueront aussi des mesures sur la nature de la surface et peut-être sur des éléments à l'état de trace.
L'atterrissage lui-même, en revanche, signera vraiment la fin de la mission de Rosetta. Les opérations scientifiques et les communications avec la Terre cesseront en effet dès que la sonde aura touché la surface de la comète. Après l'impact, il est peu probable que son antenne à gain élevé soit par hasard dirigée vers la Terre. Rosetta deviendra définitivement muette et nul ne saura jamais exactement comment elle s'est posée.