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Dans trois mois, le 13 août, la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko sera à son périhélie, c'est-à-dire sa plus petite distance avec le Soleil (186 millions de kilomètres en l'occurrence). En attendant, son activité n'a de cesse de croître, comme en attestent les images transmises régulièrement par la sonde Rosetta qui continue toujours de l'escorter.
À présent située à environ 255 millions de kilomètres de notre Étoile (l'orbite de Mars sera bientôt dépassée) et quelque 364 millions de kilomètres de notre Planète bleue, « Tchouri » vient d'entrer dans la partie « tiède » de son orbite (comme le montre ce graphique du Cnes) et approche à grands pas des régions les plus chaudes du Système solaireSystème solaire. Le noyau cométaire est en train de changer sous nos yeuxyeux et c'est la première fois que nous assistons à tous ses bouleversements avec autant de détails. L'accroissement de luminositéluminosité est bien entendu une bonne nouvelle pour la recherche du robotrobot Philae car la région d'Abydos, où il est coincé, voit de plus en plus le Soleil... Voilà qui laisse espérer une recharge significative de ses batteries.
Deux minutes séparent ces deux images de « Tchouri » prises le 12 mars par la caméra grand angle d’Osiris, à 75 kilomètres de distance. Un jet de poussière est brusquement apparu dans la partie nocturne de la comète, près du centre de la région d’Imhotep. (Une version en gif animé est proposée par l'Esa). © Esa, Rosetta, MPS, UPD, LAM, IAA, SSO, INTA, UPM, DASP, IDA
Les plus belles photos de 67P/Churyumov-Gerasimenko
Courant avril, à l'occasion de l'assemblée générale de l’Union européenne des géosciences qui s'est tenue à Vienne, en Autriche, des membres de l'équipe de RosettaRosetta ont présenté plusieurs images de la comète. Parmi celles-ci, deux d'entre elles ont fait sensation. Elles ont été réalisées à 75 kilomètres de distance, le 12 mars dernier, par la caméra grand angle d'Osiris avec seulement deux minutes d'intervalle. On y distingue très clairement, en augmentant le contrastecontraste, l'apparition soudaine d'un jet de gazgaz et de poussière. Le phénopmène s'est produit dans la région d'Imhotep, sur le plus grand des deux lobes de la comète qui correspond au « ventre du canard »... La sonde européenne était au bon endroit, au bon moment pour surprendre ce sursautsursaut. « Personne auparavant n'avait encore été témoin du réveil d'un jet de poussière, raconte Holger Sierks du Max PlanckMax Planck Institute for Solar System Research (MPS) et responsable de la suite d'instruments Osiris, il est impossible de planifier une telle image ».
Les chercheurs ont indiqué que, jusqu'à présent, ces effusionseffusions de poussière avaient été observées dans les régions éclairées du noyau de « Tchouri ». Pourtant, à leur grande surprise, celui-ci s'est manifesté à proximité du centre d'Imhotep, alors plongé dans l'obscurité. Pour Jean-Baptiste Vincent, chercheur au MPS, « il est possible que les premiers rayons du Soleil aient pu frapper certaines falaises ou reliefs qui sont restés cachés à Rosetta du fait de sa position orbitaleorbitale à ce moment-là ». Ce sursaut a aussi très bien pu être provoqué par une vaguevague de chaleurchaleur atteignant des couches de glace piégées en profondeur. Quelques instants après cette prise de vue, toute la région fut inondée de lumièrelumière et il devint alors très difficile, a posteriori, de distinguer individuellement les multiples projections de la comète. « Habituellement, les jets de poussière de 67P ont plutôt une longue duréedurée de vie, explique le planétologue. La plupart durent le temps de sa rotation exposé au Soleil (environ 6 heures) et réapparaissent même lors de la rotation suivante ». Aussi est-il encore difficile de déterminer s'il s'agissait d'un bref sursaut ou de la naissance d'un jet de poussière durable.
Les scientifiques n'excluent pas que ce type de sursaut brusque soit fréquent. Cela pourrait d'ailleurs expliquer l'augmentation de la luminosité de la chevelure (comacoma) qui s'est produite le 30 avril 2014. Celle-ci s'était alors agrandie de plus de 1.800 km avant de se résorber les semaines suivantes.
Montage des images capturées par la caméra de navigation (NavCam) de Rosetta, entre le 1er et le 22 août 2014, depuis l’approche finale de la sonde à 800 km jusqu’à ses premiers survols en orbite à 62 km du noyau de la comète. Sur son blog, Emily Lakdawalla a composé plusieurs mosaïques réunissant toutes ces images, jusqu’à 30 km de la surface de 67P. © Esa, Rosetta, NavCam, CC by-sa 3.0 igo
Explorez les archives de la NavCam de Rosetta
Signalons enfin que l'Esa a rendu publiques le 29 avril, via un navigateur d’images d’archive, quelque 1.297 prises de vues de 67P/Churyumov-Gerasimenko réalisées avec la caméra de navigation (NavCam) de Rosetta, entre le 1er août et le 23 septembre 2014. Soit au moment de son approche finale, à plus de 800 km jusqu'à une centaine de kilomètres seulement, le 6 août. Suivent celles de sa « phase de transition » qui l'a conduit jusqu'à 30 kilomètres de la surface du noyau, pour une cartographie globale. L'ensemble de la chorégraphie de ces deux premiers mois d'exploration est résumé dans la vidéo ci-dessus. L'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne a annoncé que les images couvrant la période suivante (octobre et novembre) et qui ont été prises depuis des orbites situées entre 30 et 10 kilomètres du noyau cométaire, seront publiées fin mai. Avis aux amateurs.
Liens utiles :
- Rosetta’s blog ;
- Livecometdata.com : progression de la comète en temps réel ;
- Où est Rosetta ? Connaître la position de la sonde spatiale à une date de son choix ;
- Rosetta sur Twitter.