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Après Huygens en 2005, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne a de nouveau réussi un atterrissage extrêmement délicat. Cette fois-ci sur une comète, 67P/Churyumov-Gerasimenko ! Exploit technique sans précédent dans l'histoire de l'exploration robotiquerobotique du Système solaire, cet atterrissage, même s'il n'est pas parfait, marque une nouvelle étape.
Au lendemain de son arrivée, le petit module communique avec RosettaRosetta. Il est donc bien posé sur le sol et dans le bon sens (sur le dosdos, il ne pourrait émettre). Mais comment Philae a-t-il atterri ? Les responsables de la mission cherchent encore à le comprendre. Pas comme prévu en tout cas. Il semblerait que Philae ait rebondi une fois avant de s'immobiliser. Dans la très faible gravité de la comète, ce rebond aurait duré plusieurs dizaines de minutes, peut-être deux heures... L'un des trois systèmes d'ancrage, en l'occurrence les deux harpons, n'a semble-t-il pas fonctionné.
Certainement la dernière image acquise par Philae et rendue publique par l'Esa. Elle montre le site d'atterrissage finalement très peu encombré et plutôt rassurant pour les scientifiques. © Esa/ROsetta/Philae/Civa
Philae aurait atterri... trois fois !
Cette hypothèse est celle que privilégie l'Esa, qui devrait s'exprimer sur ce sujet aujourd'hui à 14 h 00, heure de Paris. En effet, Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae, a déclaré « qu'apparemment, les harpons n'ont pas fonctionné de sorte que Philae n'est pas ancré à la surface ». Les fluctuations dans les signaux radio, explique-t-il, « suggèrent soit que Philae a atterri dans un sol meuble, une sorte de "bac à sablesable", soit qu'il a doucement rebondi sur la surface avant de se reposer une seconde fois ».
On savait que l'atterrissage sur la comète ne serait pas simple. Francis RocardFrancis Rocard, qui dirige les programmes d'exploration du Système solaire au Cnes, nous l'avait bien expliqué dans deux articles. Et les responsables de la mission s'y étaient préparés en dotant Philae de trois mécanismes distincts et indépendants les uns des autres :
- trois vis situées aux extrémités de son train d'atterrissage,
- deux harpons,
- un système d'émission d'un gaz (sorte de propulseurpropulseur) pour le plaquer au sol.
Cette image a été acquise par la caméra de descente Rolis de Philae avant qu’il ne touche le sol, depuis une distance de 3 kilomètres. La résolution est de trois mètres par pixel de sorte qu’il est possible de discerner des objets de moins de dix mètres. © Esa/Rosetta/Philae/Rolis/DLR
Les observations scientifiques ont commencé
Même si Philae n'est pas bien arrimé au sol, une grande partie du programme scientifique sera réalisée. Toutefois, « ce serait ennuyeux pour certains instruments parce qu'on a besoin qu'il soit bien harponné pour utiliser la foreuse qui doit permettre de récupérer les échantillons dans le sol », a déclaré le chef de projet Rosetta au Cnes à Toulouse, Philippe Gaudon. Sans arrimage ferme au sol, la foreuse aurait surtout pour effet d'envoyer valser Philae, qui repartirait en vol libre au-dessus de 67P/Churyumov-Gerasimenko. Dans le faible champ de gravité de la comète (100.000 fois moins que sur Terre), l'atterrisseur a un poids qui correspondrait sur notre planète à une massemasse... de un gramme.
Mais restons optimistes. L'atterrisseur est posé et en partie fonctionnel. L'exploit est donc bien réel. Philae est là où personne n'est jamais allé. On peut féliciter les industriels qui ont participé à la mission, dont Airbus Defence and Space, maître d’œuvre de la mission, et Thales Alenia Space, responsable des activités AIT (Assemblage, Intégration, Tests). En effet, Philae comme Rosetta sont des engins spatiaux construits à partir de technologies datant déjà d'une quinzaine d'années...
Pour rappel, cette mission d'un coût total de 1,3 milliard d'euros, a mobilisé environ 2.000 personnes depuis 20 ans, et plus de 50 entreprises de 14 pays européens et des États-Unis ont participé à ce projet qui fera date.
Rosetta / Atterrissage de Philae
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Les fidèles de Futura-Sciences ont suivi l'atterrissage le 12 novembre 2014 sur notre page spéciale (http://www.futura-sciences.com/live/), où le direct sur cet événement est toujours disponible.
Mission phare de l’Agence spatiale européenne, Rosetta doit pour la première fois installer une sonde en orbite autour d’une comète et y poser un atterrisseur. Décidée en 1993, elle a été lancée le 3 mars 2004 et a atteint 67P/Churyumov-Gerasimenko en août 2014, et y a déposé l'atterrisseur Philae le 12 novembre 2014.
Futura-Sciences a suivi cette longue saga. Revivez ses moments clés en suivant ces liens :
- Janvier 2003 : report du lancement et changement d’objectif. Ce ne sera pas la comète Wirtanen.
- Septembre 2003 : le choix de 67P/Churyumov-Gerasimenko et notre dossier complet sur la mission Rosetta.
- Mars 2004 : le lancement de Rosetta.
- Février 2010 : le survol de l’astéroïde Steins.
- Juillet 2010 : le survol de l’astéroïde Lutetia.
- Janvier 2014 : le réveil de Rosetta.
- Avril 2014 : les premières images de 67P/Churyumov-Gerasimenko.
- Août 2014 : Rosetta en orbite (ou presque) autour de sa comète.
- Septembre 2014 : les images en vue rapprochée de la comète.
- 15 octobre : le choix définitif du site d’atterrissage de Philae.
- 5 novembre 2014 : Le site d’atterrissage s’appelle Agilkia.