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Quand la recherche fait son autocritique
Brian Martinson, de la HealthPartners Research Foundation, et deux collègues de l'Université du Minnesota ont envoyé un questionnaire à 7760 chercheurs financés par les National Institutes of Health (NIH) et obtenu un retour de 3247 d'entre eux.
L'analyse des réponses, livrées sous couvert de l'anonymat, révèlent qu'un tiers des interrogés avoue avoir pris quelques libertés avec l'éthique professionnelle au cours de ces trois dernières années. Les comportements les plus répréhensibles, comme le plagiat ou la falsification de résultats, n'excèdent pas 2%, en accord avec les études précédentes qui ont pu être menées sur le sujet.
Mais la surprise vient des infractions plus "bénignes" : 4,7% des répondants admettent ainsi avoir publié les mêmes données dans plusieurs revues, 10% reconnaissent avoir mal rapporté les noms des auteurs d'une étude et jusqu'à 15% environ disent avoir modifié leur protocoleprotocole de recherche ou occulté des résultats sous la pression d'un sponsor ou encore écarté certaines données sur la seule impression qu'elles n'étaient pas assez précises.
Pour les auteurs de cette enquête, parue dans Nature, ces chiffres sont suffisamment importants pour susciter une réflexion globale de la communauté scientifique. Jusqu'à présent, cette dernière avait plutôt tendance à considérer les conduites contraires à l'éthique comme des problèmes ponctuels, limités à tel ou tel laboratoire.
L'équipe de Brian Martinson estime que la perception de certaines injustices dans la manière dont sont distribués les financements pourrait expliquer la tendance chez les scientifiques à moins bien respecter les règles établies. C'est donc peut-être sur ce système d'attribution que doivent désormais se porter les efforts de changement. Enfin la pression pour publier, induite par les critères d'évaluation mettant l'accent sur cet aspect de la production scientifique, joue un rôle certain.