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Mieux vaut prévenir que guérir. En matière de feux de forêts, une maxime qui passe par la surveillance globale
Tout le monde a encore en mémoire les dramatiques feux de l'été 2003. Près de 50 000 hectares de forêt méditerranéenne sont partis en fumée et plusieurs personnes ont péri brûlées. Or, il est clair que la préventionprévention de tels feux passe par une meilleure surveillance des forêts lors des épisodes chauds et secs. La lutte est d'autant plus aisée que la détection de départ de feu est précoce. En outre, une surveillance accrue permettrait de mieux repérer les véhicules suspects aux abords des départs de feux et de décourager ainsi les incendiaires. La surveillance de zones étendues nécessite des moyens humains importants. D'où l'intérêt de chercher d'autres solutions. En l'occurrence, les drones, ces avions sans pilotes, semblent particulièrement convenir à une telle mission, à condition de respecter certaines contraintes.
Tout d'abord, ils ne doivent pas gêner la circulation aérienne. Pour cela, l'idéal est le vol à haute altitude, à 20 000 mètres (60 000 pieds), au-dessus des avions de lignes commerciales. Mais faire voler un engin à ces altitudes est complexe, car l'air y est peu dense, ce qui pose des problèmes de propulsion, de sustentation et d'évaluation des coefficients aérodynamiques. Ces drones doivent également rester en altitude suffisamment longtemps pour contrôler efficacement les feux. Il semble qu'une endurance de 24 heures sur zone (auxquels il faut ajouter le temps d'aller et de revenir) soit adaptée. Enfin, ils doivent être en mesure d'emporter des instruments optiques et électromagnétiques performants capables à la fois de repérer les feux et de suivre les véhicules alentour. "Nous participons à un programme pluridisciplinaire avec des industriels, destiné à définir la faisabilité de ces drones de surveillance en termes d'aérodynamique, de structure, de propulsion, de charge utile, et d'instrumentation en garantissant un niveau de sécurité de fonctionnement comparable à celui des avions de ligne actuels ", explique Claude Le Tallec, chargé de mission à l'ONERA.
La détection des départs d'incendies et la localisation des incendiaires ne sont qu'une des applications civiles potentielle des drones
D'après les premiers résultats, ces drones volant à haute altitude devront avoir environ trente mètres d'envergure, et pèseront jusqu'à une dizaine de tonnes. Ils offriront ainsi une place suffisante pour installer divers instruments comme des détecteurs optiques et électromagnétiques opérant dans divers bandes de fréquence, afin de distinguer les feux des autres sources de rayonnement et de suivre les véhicules. "La complémentarité entre l'imagerie optique et les radars semble très prometteuse", se réjouit Claude Le Tallec. Une dizaine de ces drones pourraient assurer la surveillance d'une grande partie du bassin méditerranéen.
Le programme de recherche, qui doit rendre ses conclusions fin 2004, a aussi pour mission d'évaluer le coût d'un tel instrument et de définir d'autres applications possibles. "Lorsqu'il n'existe pas de risque de feux, ces drones pourraient être affectés à la surveillance de la mer, pour prévenir les dégazagesdégazages sauvages, précise Claude Le Tallec. Ils pourraient également jouer le rôle de relais de communication lorsque le réseau terrestre est détruit, lors d'un tremblement de terretremblement de terre. Enfin, il semble qu'il y ait un besoin émergentémergent de surveillance constante de portions du territoire, pour retrouver, par exemple, les auteurs d'attaques terroristes." Reste à convaincre les financeurs.