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Grâce à la tracéologie, qui permet de déterminer l'usage d'un outil à partir de son usure, et à une recherche comparative entre les outillages en matières dures animales et en pierre taillée (2) menée avec Valérie Beugnier (3), elle en a établi l'utilisation et l'importance.
Hache et gaines (pièces pour emmancher les lames de pierre polie) fabriquées en bois de cerf il y a 3 000 ans.
© P. Pétrequin
Et les conclusions sont sans appel : ces éleveurs agriculteurs distinguent un outillage réservé aux activités d'extérieur, dont font partie les outils en boisbois de cerf, d'un autre outillage, au service des activités domestiques. Les premiers, toujours savamment façonnés, sont conçus pour la chasse, le défrichement des forêts, la constructionconstruction des maisons, autant d'activités « publiques » et... masculines, qui mobilisent plusieurs personnes et sont indispensables à la survie du groupe !
Mais pourquoi en bois de cerf (4), alors que ces hommes du Néolithique pouvaient utiliser d'autres matériaux ? Un choix persistant, même quand les cerfs deviennent rares et fragilisés par la déforestationdéforestation. Parce que les bois de leur ramure se développent en fonction de leur activité sexuelle. Tout un symbole ! À l'opposé, les outils en os et en silex sont fabriqués grossièrement. Leur usage est réservé aux activités domestiques de la maison ou des champs, extension du domicile : confection de vêtements, poteries, entretien des cultures, etc. En somme, la belle boîte à outils revient aux hommes, qui brillent en société quand les femmes restent à la maison ! Déjà...
Magali Sarazin
1. Laboratoire CNRS / Université Paris-X.
2. D'après les fouilles de Pierre Pétrequin, Laboratoire de chrono-écologieécologie (CNRS / Université de Besançon).
3. Valérie Beugnier et Yolaine Maigrot, « La fonction des outillages en matières dures animales et en silex au Néolithique final », Bulletin de la Société préhistorique française, 2005, t. 102, n° 2, p. 335-344.
4. Ainsi que d'autres outils « investis » comme les haches de pierre polie, les pointes de flèches en silex, etc.
Contact :
Yolaine Maigrot
Laboratoire « Préhistoire et technologie », Nanterre
[email protected]