Le confinement a mis à mal la recherche française, dont de nombreux thésards qui se sont soudainement retrouvés dans l’impossibilité de continuer leurs expériences, voire de soutenir leur thèse. Une situation qu’a vécue Charlène Iltis.
au sommaire
« Je devais soutenir ma thèse le 19 mars. Trois jours avant, on m'a annoncé que c'était annulé. J'ai ensuite attendu un mois et demi pour savoir quelles démarches effectuer pour soutenir ma thèse en visioconférencevisioconférence. On n'a reçu aucune indication ! »
Charlène Iltis, désormais chercheuse postdoctorale, déplore le manque d'adaptation de l'administration française face au confinement. Sa thèse, effectuée grâce à un contrat prenant fin le 31 mai, portait sur le rôle de l'immunosurveillance des cellules sénescentescellules sénescentes dans le cancer et le vieillissement. C'est-à-dire sur la façon dont ces cellules sont surveillées par l'organisme, puis éliminées ou non par le système immunitairesystème immunitaire, avant qu'elles ne puissent provoquer des fibrosesfibroses potentiellement tumorales.
Des bâtons dans les roues… ou des roues carrées ?
« Pendant le confinement, j'ai passé un entretien d'embauche pour un laboratoire au Canada. Mais ils avaient besoin d'une date de thèse, et je ne l'avais pas, explique Charlène Iltis. Donc je n'ai pas pu avoir cet emploi. »
Une situation épineuse qui, lui semble-t-elle, n'a pas été similaire dans d'autres pays européens. « En Espagne, en Italie, en Allemagne... les étudiants qui terminaient leur thèse durant le confinement n'ont pas pu soutenir en présentiel. Mais ils ont pu passer leur thèse le même jour par visioconférence. »
L'adaptation bien plus lente de la France est, selon elle, due à plusieurs facteurs. D'un côté, la peur que les étudiants trichent. De l'autre... « La paperasse ».
Soupir de soulagement
Pour Charlène Iltis, ces événements n'auront été qu'un contretemps. Après avoir soutenu sa thèse le 25 mai par visioconférence, elle a pu décrocher un « post-doc » en Californie. Ce fameux poste incontournable de chercheur postdoctoral, en CDD.
« Je ne pensais pas pouvoir trouver un emploi aussi rapidement » confie-t-elle, soulagée. Avec néanmoins un petit bémol. « Normalement, on visite le laboratoire où l'on fera notre post-doc, afin d'évaluer notre futur environnement de travail. Ce qui n'a pas pu être mon cas. »
Elle attribue cet heureux dénouement au timing. « J'étais à la fin de ma thèse, l'impact a été moins fort » que sur les thésards en début ou en milieu de thèse. « Ils ont été coupés dans leurs expériences », constate Charlène Iltis. Or, « on ne peut pas tout relancer du jour au lendemain », dit-elle, comme nous l’expliquait Maude le mois dernier.