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Eugene Cernan, astronaute de la mission Apollo 17, après quelques heures de sortie sur le sol lunaire. La poussière est partout. Crédit : Nasa
C'est une mauvaise nouvelle que Mike Hapgood, astronomeastronome britannique au laboratoire Rutherford Appleton, a annoncée au cours du colloque annuel de la Société Royale d'Astronomie. Pendant la seconde moitié de la prochaine décennie, la surface de la Lune sera chargée d'électricité ! Pour les astronautes et pour leurs appareils électroniques, il s'agit là d'un réel danger dont il faudra tenir compte.
La prévision est des plus sérieuses et s'explique parfaitement. Cette électricité statique surnuméraire provient de la Terre elle-même, plus précisément de sa magnétosphère. Au sein de sa queue, qui s'étire du côté opposé au Soleil, une zone vaguement tubulaire enferme une grande quantité d'ions. C'est la gaine de plasma. D'ordinaire, la Lune passe au-dessus ou au-dessous. Mais le lent mouvementmouvement de l'orientation de l'orbiteorbite lunaire lui font traverser tous les dix-huit ans cette gaine de plasma. Durant quelques années, la surface lunaire reçoit alors ce flux ionisé à chaque révolution et se charge d'électricité statique.
La sonde Lunar Prospector, lancée par la NasaNasa en 1998, c'est-à-dire pendant le précédent pic d'électricité statique, avait permis d'étudier le champ électriquechamp électrique lunaire (principalement causé par le vent solairevent solaire) et d'observer ce phénomène. Les missions ApolloApollo, elles, y avaient échappé mais par chance car on ignorait alors cette curiosité lunaire.
Soufflée par le vent solaire, la magnétosphère terrestre s'étend très loin du côté opposé au Soleil. Des atomes ionisés sont piégés dans une structure presque cylindrique, la gaine de plasma (plasma sheet, en anglais).
Crédit : Nasa
Poussière cauchemardesque
C'est d'abord un risque de court-circuitcourt-circuit qui attend les instruments, les véhicules et l'équipement porté par les astronautes eux-mêmes. Mais ce n'est pas le seul ennui que cette charge électrique peut causer. Les astronautes d'Apollo ont découvert la terrible poussière lunaire, d'un pouvoir collant extraordinaire et extrêmement fine. Créée par le bombardement incessant des météoritesmétéorites, elle est formée de grains minuscules, d'une taille moyenne de 19 micronsmicrons, composés de silicatessilicates et d'aluminates. Elle s'accroche solidement à tout ce qu'elle trouve et finit, après quelques heures, par recouvrir les scaphandres, les véhicules, les instruments et les panneaux solaires. Inévitablement introduite dans les modules lunaires, cette poussière, qui s'est révélée allergèneallergène et corrosive, a causé de vrais problèmes aux astronautes d'Apollo.
La taille et la forme de ses grains expliquent son pouvoir d'adhérence mais une autre propriété participe également à sa tendance à s'agripper partout : elle flotte ! La faible gravitégravité lunaire l'attire faiblement mais, de plus, elle est électriquement chargée par rapport à la surface et peut ainsi rester jusqu'à trente centimètre au-dessus du sol. L'astronaute ou le véhicule traversant cette sorte d'atmosphèreatmosphère n'ont donc aucun aucune chance d'y échapper. De quelle manière l'augmentation de la charge électrique globale de la Lune influera-t-elle sur l'épaisseur de ce nuagenuage permanent ? On ne le sait pas encore vraiment mais le risque est qu'elle s'accroche encore mieux...
Avant d'envoyer des hommes, il faudra donc étudier de plus près cette poussière et les effets de sa charge électrostatiqueélectrostatique puis trouver quelques solutions techniques...