En 2009 et 2010, un crâne et une mandibule étaient découverts par une équipe de recherche internationale. Les ossements se situaient à quelques mètres de distance, dans une grotte du nord-est du Laos. Leur étude révèle aujourd'hui que les premiers Hommes modernes étaient morphologiquement très diversifiés.

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    Une étude portant sur des fossilesfossiles découverts au Laos vient d'être publiée dans la revue Plos One. Les ossements ont été découverts il y a quelques années par une équipe comprenant notamment des chercheurs du Muséum national d'histoire naturelleMuséum national d'histoire naturelle, du CNRS et de l'université Saint-Louis Michigan (États-Unis).

    Le crânecrâne (nommé TPL1), mis au jour en 2009 dans la grotte de Tam Pa Ling, a été décrit dans un article publié en 2012 dans les Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America. Il s'agit de l'un des plus anciens fossiles d'Hommes modernes du sud-est asiatique.

    Sa découverte recule de près de 20.000 ans la date de la présence de l'Homme moderne dans la région. En effet, leur étude révèle que ces premiers humains, qui ont migré vers les côtes et les terres du sud-est asiatique après être partis d'Afrique, ont en réalité parcouru l'Eurasie plus tôt que les chercheurs ne le pensait, entre 44.000 à 63.000 ans.

    La grotte de Tam Pa Ling, lieu de la découverte du plus vieil Homme asiatique « totalement moderne », se compose d'une seule chambre mesurant 40 m de large, 30 m de long et 12 m de haut. Trois puits d'une profondeur maximale de 4,3 m y ont été creusés en 2008 dans le cadre d'études stratigraphiques. Les restes humains ont été trouvés dans la troisième fosse. © Fabrice Demeter <em>et al. </em>2012, <em>Pnas</em>

    La grotte de Tam Pa Ling, lieu de la découverte du plus vieil Homme asiatique « totalement moderne », se compose d'une seule chambre mesurant 40 m de large, 30 m de long et 12 m de haut. Trois puits d'une profondeur maximale de 4,3 m y ont été creusés en 2008 dans le cadre d'études stratigraphiques. Les restes humains ont été trouvés dans la troisième fosse. © Fabrice Demeter et al. 2012, Pnas

    Hybridation ou diversité morphologique innée ?

    La mandibulemandibule (nommée TPL2) découverte en 2010 appartient à un second individu. Elle se situe dans le même intervalle de temps que le crâne. Elle a été étudiée par les anthropologues Fabrice Demeter (MNHN/UPMC, Paris) et Laura Shackelford (université Saint-Louis, États-Unis). Contrairement à la morphologiemorphologie moderne du crâne, la mandibule, de petite taille, possède à la fois des traits morphologiques archaïques et modernes, comme la présence d'un menton protubérant et un corps alvéolaire d'une très grande robustesse. Cette mosaïque de caractères archaïques et modernes n'est pas rare dans le registre fossile humain. D'autres fossiles africains, européens (comme les néandertaliens) et asiatiques présentent également cette combinaison de caractères.
    Pour certains chercheurs, cette mosaïque de caractères montre que les Hommes modernes qui ont migré vers de nouvelles régions se sont mélangés aux populations archaïques déjà présentes localement. Cependant, une explication bien plus simple serait de dire que les premiers Homo sapiensHomo sapiens modernes présentaient, à cette époque, une très grande diversité morphologique.