Homo sapiens s'est-il reproduit avec l'Homme de Néandertal ? La question anime beaucoup d'anthropologues. Plusieurs dents découvertes il y a plus de 100 ans et de nouveau analysées aujourd'hui, portent les caractéristiques de ces deux espèces du genre Homo.
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Il y a plus de cent ans, en 1910 et 1911, des archéologues trouvent treize dents dans une grotte de la Cotte de St-Brélade sur l'île de Jersey. Selon les premières analyses, elles appartiennent à un seul Homme de Néandertal. Un groupe de scientifiques du Muséum d'Histoire naturelle de Londres, de l'université du Kent et de l'Institut Max-PlanckPlanck d'Anthropologie évolutionniste a décidé de mettre à jour leur description datée. Les nouveaux éléments ainsi obtenus redéfinissent l'histoire supposée de ces dents. Elles appartiendraient à deux individus, peut-être nés des amours entre Néandertal et Homo sapiensHomo sapiens.
Une datation récente de sédimentssédiments prélevés en même temps que les dents permet d'estimer leur âge : 48.000 ans avant notre ère. C'est l'un des restes de Neandertal les plus récents que l'on connaisse, puisqu'il semble avoir disparu vers 40.000 ans avant notre ère. Les scientifiques pensent qu'à cette période, les Hommes de Néandertal auraient pu rencontrer leur cousin Homo sapiens dans cette région d'Europe.
Des dents à la fois de Néandertal et d'Homo sapiens
L'analyse morphologique des 13 dents apporte son lot d'indices appuyant la thèse d'une rencontre et d'une reproduction entre les deux espècesespèces humaines. Toutes les dents portent des caractéristiques propres aux Hommes de NeandertalHommes de Neandertal, à savoir les dimensions de la couronne et de la racine, ainsi que la forme de cette dernière, qui sont comparables avec les autres dents de Néandertal connues, mais elles ont aussi des structures propres aux dents des Hommes modernes.
Les scientifiques émettent alors l'hypothèse que ces dents appartiennent à des individus dont les parents sont des métis entre Néandertal et Homo sapiens. « L'idée d'une population hybridehybride pourrait être éprouvée en analysant l'ADNADN des dents anciennes, ce que nous espérons faire dans le futur », conclut Chris Stringer, un anthropologue du Muséum d'Histoire naturelle de Londres, dans un communiqué de presse.