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Un modéle de T-800 en vente sur ebay. Crédit : www.gizmodo.fr
Terminator Renaissance sort sur les écrans français et devrait être le premier volet d'une trilogie succédant à celle réalisée par James Cameron en 1984 et 1991 puis par Jonathan Mostow en 2003. Dans le premier opus, un robot humanoïderobot humanoïde recouvert d'une couche de tissus organiques lui donnant une apparence humaine, et nécessaire pour voyager dans le temps, débarque du futur avec pour mission de trouver Sarah Connor et de la tuer. Cette femme doit enfanter dans l'avenir John Connor, le libérateur de l'humanité qui en 2029 sera sur le point de gagner une bataille décisive contre Skynet, le superordinateursuperordinateur ayant envoyé dans le passé le modèle TT-800 destiné à empêcher la venue au monde de John.
Skynet est censé être un superordinateur de l'armée américaine ayant accidentellement franchi le seuil de la complexité menant à la conscience artificielle. Maître du système de défense nucléaire américain qu'il devait gérer au mieux en cas d'attaque soviétique, il déclenche une guerre nucléaire tuant près de trois milliards d'humains dans l'unique but d'empêcher les hommes de le débrancher. Des robots humanoïdes doués eux aussi d'une conscience artificielle tenteront ensuite d'exterminer les survivants engagés dans la résistancerésistance menée par John Connor, formé de longue date par sa mère au combat contre Skynet.
Bien des œuvres de ce genre, à commencer par celles de Jules VerneJules Verne et ensuite d'Arthur Clarke, ont inspiré bon nombre des ingénieurs et inventeurs qui ont fait la technologie du vingtième siècle. La sortie de Terminator 4 est donc une excellente occasion pour lancer un débat sur l'état de la science actuelle. Deux sujets de réflexions s'imposent : « Pourra t-on voyager dans le temps dans un avenir proche ? » et « Une conscience artificielle est-elle possible ? ».
La question du voyage dans le temps a été considérée sérieusement par des scientifiques comme Kip Thorne. Pour faire court, on peut dire que la seule solution crédible au voyage dans le temps dans le cadre de la physique moderne serait de réaliser des trous de ver. Malheureusement, dans le cadre des théories de gravitation quantiquegravitation quantique standard, l'énergie nécessaire pour créer et maintenir ouvert des tunnels dans l'espace-temps pour voyager dans le passé, dans le futur et même dans l'espace est absolument gigantesque.
Un trou de ver connectant deux régions de l'espace-temps permettrait, en théorie, de voyager en n'importe quel point de l'espace et du temps instantanément ou presque. Crédit : Wikipédia/Commons
L'inévitable paradoxe du grand-père
A moins que la fameuse masse de PlanckPlanck donnant l'échelle d'énergie où doivent commencer à se manifester les effets de la gravitation quantique soit beaucoup plus basse que prévue...
C'est le cas dans certaines théories spéculatives qui vont être testées au LHC dans les années à venir. Les scientifiques commenceront alors par créer des minis trous noirs et, selon certains, des minis trous de ver devraient aussi pouvoir être créés dans ces scénarios avec une basse masse de Planck. Cependant, des chercheurs du calibre de John Ellis ne sont pas convaincus.
La question du voyage dans le temps telle qu'elle est présentée dans les Terminator ne pose pas seulement des problèmes de physique mais aussi de causalité.
Dans Terminator 2 : le jugement dernier, les restes du premier T-800 permettent à l'humanité d'accéder très tôt à une technologie qu'elle n'aurait jamais imaginée, précisément celle concernant les puces électroniques qui permettent de créer Skynet et les T 800. A la fin du film, la destruction des traces de cette technologie rend alors impossible la fabrication de Skynet.
Cela entraîne bien évidemment plusieurs paradoxes sur le plan logique.
Qui a créé la technologie à l'origine de Skynet étant donné que c'est finalement le voyage dans le passé d'un robot porteur de cette technologie, envoyé par Skynet, qui rend possible la création même de Skynet ?
On est alors typiquement en présence de ce qu'on appelle une boucle causale.
De même, si Skynet n'existe pas dans le futur, comment les héros peuvent-ils savoir qu'un jour ce dernier existera et exterminera plus de la moitié de l'humanité et prendront alors la décision d'empêcher cet événement ?
D'autant plus que John Connor est le fils d'un soldat du futur envoyé pour protéger Sarah Connor dans le passé. On est là typiquement dans le cadre du célèbre paradoxe du grand-pèreparadoxe du grand-père.
Quid de la conscience artificielle ?
A cette question, certains physiciensphysiciens ont des réponses toutes trouvées. David Deutsch par exemple, qui est l'un des chercheurs à l'origine de la notion d'un ordinateur quantique, pense que l'interprétation correcte de la mécanique quantiquemécanique quantique ne peut être que celle dite des mondes multiples d'Everett. L'UniversUnivers serait en fait une sorte de multivers avec toutes les alternatives possibles réalisées dans une infinité de mondes parallèles. Lorsqu'un voyage dans le temps se produit, s'il est possible bien sûr, on ne pourrait déboucher que dans un de ces mondes parallèles et changer son propre passé serait impossible. On ne pourrait que modifier celui d'un Univers parallèle.
La question d'une conscience artificielle se pose de plus en plus de nos jours, à l'heure d'InternetInternet, de la grille du LHC et des ordinateurs quantiquesordinateurs quantiques. Nous disposons déjà de l’intelligence artificielle, depuis les premiers ordinateurs en gros. Mais la question de la réalisation d'une véritable conscience artificielle simulant une conscience humaine capable de passer le test de Turing fait encore couler beaucoup d'encre.
Selon certains, la conscience est réductible à du calcul et doit émerger de tout système suffisamment puissant et complexe pour faire tourner une série d'algorithmes appropriés. Fatalement, selon les tenants de théories très spéculatives comme celle de la Singularité, des penseurs comme Raymond Kurzweil ou Eliezer S. Yudkowsky, dans les quelques dizaines d'années à venir, des ordinateurs conscients et plus intelligents que nous apparaîtraient, peut-être même sans notre concours, au sein du réseau mondial. Ces systèmes seraient alors capables de concevoir des ordinateurs encore plus performants qu'eux et, selon un processus exponentiel, des intelligencesintelligences pour lesquelles nous serions ce que des fourmisfourmis sont pour nous remplaceraient en un clin d'œilœil l'Homo sapiensHomo sapiens sapiens à la surface de la planète.
Pour d'autres, comme Roger Penrose, le fonctionnement de la conscience humaine est radicalement autre. La situation serait analogue à celle d'une simulation. Une série de 0 et de 1 reproduit le comportement d'une planète, du son ou de la lumièrelumière sans pour autant être de la même nature. De même, la conscience serait à tout jamais hors de portée des ordinateurs fonctionnant selon les schémas d'une machine de Turing, quelles que soient sa complexité et sa puissance de calcul.
Alors, Terminator, pure science-fiction ou réalité banale de demain ? On devrait le savoir d'ici moins de 30 ans, probablement...