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Image (en microscopie électronique) d’un montage nanométrique en or. Un champ électrique alternatif provoque le mouvement d’un électron piégé. Dans son référentiel, celui-ci subit alors un champ magnétique. © Kavli Institute of Nanosciences
L’ordinateur quantique fait de plus en plus parler de lui car il détient peut-être la clé d'un bond technologique aussi révolutionnaire que celui nous ayant mené de la Pascaline à InternetInternet et aux superordinateurssuperordinateurs Cray. D'ailleurs, Steven Spielberg ne s'y est pas trompé, car dans Transformers, cet ordinateurordinateur encore futuriste est évoqué pour expliquer les impressionnantes performances des personnages du film.
Cependant, même si l'on sait faire des calculs avec des embryonsembryons d'ordinateurs quantiques, on est encore loin de surpasser les capacités des ordinateurs classiques et même de réaliser des dispositifs aussi commodes que ceux couramment utilisés. C'est surtout en liaison avec ce dernier point que la découverte des chercheurs du Kavli Institute of Nanoscience est intéressante.
Dans le cadre de la spintronique, c'est en utilisant le spin de l'électron, et non plus principalement sa charge, que l'on réalise des systèmes électroniques dotés de nouvelles possibilités. Le spin de l'électron, que l'on peut se représenter comme un mouvement de rotation de l'électron sur lui-même, bien que cette image soit trompeuse, dote celui-ci d'un moment magnétiquemoment magnétique.
Si l'on note S le vecteur de spin d'un électron, qui indique un sens de rotation pour l'électron comme indiqué sur le schéma ci-dessus, alors ce dernier aura aussi un moment magnétique représenté par le vecteur . Sous l'action d'un champ magnétiquechamp magnétique B, le vecteur moment magnétique va osciller en effectuant un mouvement de précessionprécession autour du champ B. Ce mécanisme est à la base des techniques de résonancerésonance magnétique comme la RMNRMN.
Manipuler le spin d'un électron est un bon moyen pour effectuer des calculs quantiques, mais cela reste difficile. Ces calculs font intervenir le fait que, d'après la mécanique quantiquemécanique quantique, le spin d'un électron peut se retrouver simultanément dans deux états : spin haut et spin bas. En associant une valeur booléenne 0 ou 1 à ces états, il est alors possible de stocker de l'information sur des configurations de spin de n électrons et d'effectuer en parallèle très rapidement des calculs qui seraient longs avec des ordinateurs classiques.
Katja Nowack, Frank Koppens et Yuli V. Nazarov ont alors eu l'idée d'utiliser des champs électriqueschamps électriques oscillants plutôt que des champs magnétiques pour manipuler le spin d'un seul électron dans une boîte quantique. En effet, la réalisation d'un champ électrique et son emploi à l'intérieur de dispositifs de nanoélectronique est bien plus simple à réaliser, et plus facile à contrôler à cette échelle, que pour un champ magnétique.
Mais comment un champ électrique peut-il être employé pour réaliser un effet qui relève normalement du champ magnétique ?
Un effet relativiste
La réponse est simple, il suffit de faire intervenir la théorie de la relativité d'EinsteinEinstein ! Daprès celle-ci, il n'existe pas un champ électrique et un champ magnétique mais uniquement un champ électromagnétiquechamp électromagnétique représenté par un tenseurtenseur comportant 6 composantes, que l'on peut voir comme une sorte de matrice ou de super vecteur. Selon l'état de mouvement d'un observateur, celui-ci mesurera plutôt un champ magnétique qu'un champ électrique. De fait, pour un observateur qui se déplacerait avec les électrons donc au repos par rapport à eux, il n'y a qu'un champ électrique mais, à cause de la relativité de l'espace et du temps, un autre observateur, pour qui les électrons forment un courant dans le fil, mesurera un champ magnétique.
C'est en utilisant cet effet que les chercheurs sont arrivés à leur fin d'une façon apparemment paradoxale, manipuler l'orientation d'un moment magnétique avec un champ électrique.