Cachez donc ce… nez que je ne saurais voir ! C’est ce qui semble devenir le leitmotiv des accros aux selfies. Et un chirurgien plasticien américain explique aujourd’hui que nous nous trouvons là autant face à un effet de mode que face à un effet d’optique(s).

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    « Le nez de Cléopâtre : s'il eût été plus court, toute la face de la Terre aurait changé. » Cette phrase a été prononcée par Blaise PascalBlaise Pascal. Une phrase qui en dit long sur l'importance que l'on peut donner à la forme d’un nez. Pensez que sans ce neznez mythique, la reine d'Égypte n'aurait pas séduit Jules César et Marc Antoine... Espérons tout de même pour elle qu'elle avait d'autres atouts. Un peu de conversation et de culture, par exemple.

    Parlant de nez, comment ne pas également penser à Cyrano de Bergerac ? À ce roc, à ce pic, à ce cap sur lequel le héros romantique s'appuie pour faire étalage de sa culture et de son humour. Pour faire preuve aussi d'un sens de l'autodérision sur lequel certains devraient peut-être prendre exemple.

    L'effet Pinocchio n'est pas un mythe.

    Et puis, il y a Pinocchio, le pauvre. Condamné à voir s'allonger son nez à chaque mensonge. Une particularité qui selon un étudiant de l'université de Leicester (Royaume-Uni) aurait même pu lui valoir de se rompre le cou au bout de seulement 13 mensonges. La faute à un centre de gravité qui se serait dangereusement déplacé vers l'avant. Triste fin pour le petit pantin de boisbois.

    Heureusement, notre nez à nous ne double pas de volume à chaque mensonge. Bien qu'il ait tendance à se gonfler et à chauffer, tout de même. Ce sont des chercheurs espagnols qui l'ont démontré il y a quelques années, baptisant le phénomène d'effet Pinocchio. Plus récemment, des études génétiques ont conclu que la forme de notre nez est liée au climatclimat dans lequel nous vivons. Ainsi les narinesnarines, par exemple, sont plus ou moins larges en fonction des températures auxquelles nous sommes exposés.

    À gauche, un portrait pris à une distance de 30 centimètres et à droite, le portrait de la même personne pris à une distance de 1,50 mètre. Les images parlent d’elles-mêmes. © Boris Paskhover, <em>Rutgers New Jersey Medical School</em>

    À gauche, un portrait pris à une distance de 30 centimètres et à droite, le portrait de la même personne pris à une distance de 1,50 mètre. Les images parlent d’elles-mêmes. © Boris Paskhover, Rutgers New Jersey Medical School

    Le grand-angle incompatible avec les selfies

    Aujourd'hui, des chercheurs nous apprennent aussi que la forme de notre nez peut varier en fonction de notre égo. Plus exactement en fonction de notre propension à nous prendre nous-mêmes en photo. De notre attirance pour les selfies si vous préférez. Car ceux-ci sont sans pitié. À tel point qu'en 2017, 55 % des chirurgiens plasticiens américains ont eu affaire à des patients insatisfaits de leur image sur ces égoportraitségoportraits. Ils avaient été 13 % seulement en 2016.

    Les selfies ne sont que le reflet de nous-mêmes, avancent ces patients. Ce sont des photos et une photo ne ment pas. Eh bien, si. C'est la conclusion d'une très sérieuse étude menée par la Rutgers New Jersey Medical School (États-Unis). La plupart des smartphones en effet sont équipés d'objectifs grands-angles. Or, ces optiques à courte focalefocale ont la fâcheuse tendance à déformer les objets photographiés de près. C'est l'une des bases de la photographiephotographie.

    Placé à seulement 30 centimètres de notre visage, notre smartphone renvoie ainsi une image de notre nez qui paraît... 30 % plus large que le reste de notre visage. Un phénomène qualifié par les chercheurs de distorsion nasale dans les photographies de courte distance. On comprend le malaise de certains. Mais la chirurgiechirurgie plastiqueplastique n'y changera rien. Ou pas grand-chose. Le mieux reste encore de prendre sa photo à plus de 1,50 mètre.