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Tant que le LHC n'aura pas fourni ses première collisions de protons dans les détecteurs comme Atlas et CMSCMS, le Tevatron joue la star. Les chercheurs du Fermilab pourraient fort bien damer le pion à ceux du Cern en découvrant les premiers indices sérieux de l'existence du boson de Higgs.
Ils annoncent déjà la découverte totalement inattendue d'un nouveau méson dont la composition en quarksquarks semble défier les analyses des spécialistes de la chromodynamique quantiquechromodynamique quantique (QCD).
La QCD, théorie des interactions fortesinteractions fortes intervenant dans le monde des hadronshadrons, décrit en effet les mésons comme des assemblages de quarks et d'anti-quarks à partir de 6 types (saveurs) de quarks fondamentaux pouvant exister avec trois sortes de charges (couleurscouleurs). Le méson J/psi par exemple est formé d'une paire de quark et d'antiquark charmés c et le méson Bméson B+ est formé d'un quark uquark u et d'un antiquark b.
Les familles de particules avec les quarks u, d, c, t, b et s. Crédit : Fermilab
Des traces indubitables
Pour compliquer encore le tableau, ces assemblages de quarks possèdent des niveaux d'énergiesénergies d'excitation comme les électronsélectrons dans un atomeatome. Ils peuvent donc être excités et apparaître comme de nouvelles particules avec des massesmasses différentes. On parle de résonancesrésonances. Lors des collisions, ces particules sont produites avec certaines probabilités et se désexcitent, tout comme un atome émettant des photonsphotons, sauf qu'ici il s'agira de mésons plus légers.
Des milliards de collisions sont nécessaires pour avoir une chance de créer ces états dans certains cas et aussi pour les voir se désintégrer selon un canal précis, avec des produits finaux particuliers.
En mesurant les caractéristiques des particules produites par la désintégration d'une seule particule, on peut remonter à sa masse. Ce schéma montre clairement un écart entre les prédictions (en bleu) et les observations (en rouge). Ces groupes de muons et de mésons K plaident en faveur de l'existence d'une nouvelle particule de masse 4.140 MeV environ. Crédit : Fermilab
Les physiciensphysiciens s'occupant de l'analyse des données provenant des détecteurs CDF et D0 du Tevatron au Fermilab sont des spécialistes de ce genre de sport, aussi peu évident que chercher une aiguille dans une botte de foin.
Ils viennent d'identifier un méson provenant de la désintégration de méson B+ et d'une masse de 4.140 MeV et, selon l'usage, la nouvelle particule Y a été baptisée méson Y(4140) et vient d'être ajoutée à la longue liste des hadrons et résonances hadroniques connus.
Contrairement au cas de l'observation d'un nouveau baryon par le détecteur D0 du Fermilab, aucun théoricien de la QCD n'avait prédit son existence. Même si le fait que cette particule serve d'intermédiaire entre un méson B+ et des mésons J/psi suggère qu'elle contient une paire de quark-antiquark charmés, elle ne se comporte pas selon les règles habituelles de la QCD.
La désintégration des mésons B peut se faire directement dans un méson J/Ψ (psi) et un méson Φ (phi) mais les chercheurs de l'expérience CDF ont observé que certaines désintégrations des mésons B se faisaient selon un état intermédiaire dont la composition en quarks est inconnue : un méson baptisé Y(4140). Crédit : Fermilab
Ce nouveau méson pourrait être lié à un autre, Y(3940), assez énigmatique, découvert par les physiciens japonais de la collaboration Belle du laboratoire KEK au Japon. Pour certains théoriciens, il pourrait s'agir d'un état hybridehybride, avec deux quarks et un gluongluon.
Le moins que l'on puisse dire est que la perplexité règne. Comme le disent certains chercheurs, la nature tente visiblement de nous dire quelque chose mais nous ne comprenons pas quoi... Peut-être s'agit-il, tout comme pour les observations de 2008 des oscillations de mésons B neutres, d'une nouvelle physiquephysique qui pointe le bout de son neznez.