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La découverte de la radiothérapie pour lutter contre les cancerscancers est presque aussi ancienne que la découverte de la radioactivité. Cette technique illustre parfaitement la phrase du poète Hölderlin : « Là où croît le danger, croît aussi ce qui sauve ». En effet, les rayonnements ionisants capables de causer des cancers peuvent servir à les guérir car on peut les utiliser pour détruire les cellules cancéreuses.
On sait malheureusement que les fortes doses de radiations utilisées peuvent endommager les cellules de la moelle osseusesmoelle osseuses. Or celles-ci produisent des lymphocyteslymphocytes TT dont le rôle protecteur contre les infections et les cellules cancéreuses est bien connu. C'est d'ailleurs ce rôle qui est exploité dans les traitements d'immunothérapieimmunothérapie adoptive.
Des chercheurs du Albert EinsteinEinstein College of Medicine de l'Université Yeshiva aux Etats-Unis viennent d'avoir une brillante idée pour protéger la moelle osseuse des patients soumis à une radiothérapieradiothérapie. Ils ont commencé par recouvrir des nanoparticulesnanoparticules de silicesilice de 20 nanomètres de diamètre par de la mélaninemélanine, le fameux pigment protégeant la peau du rayonnement UVUV.
Comme ils l'expliquent dans un article récent de The International Journal of Radiation Oncology, Biology and Physics, ils ont ensuite injecté ces nanoparticules à un groupe de souris. Un deuxième groupe de souris n'ayant pas profité de ces injections de nanoparticules a alors été soumis en même temps à des radiations ionisantes.
Une vidéo en anglais du Dr Ekaterina Dadachova expliquant son travail et celui de ses collègues sur les nanoparticules recouvertes de mélanine. Crédit : Albert Einstein College of Medicine of Yeshiva University
Les cellules saines sont protégées
Les chercheurs savaient que les nanoparticules allaient se concentrer dans la moelle osseuse et cette expérience était donc un bon moyen de voir si un effet protecteur découlait bien de la présence de ces nanoparticules.
Le taux de globules blancsglobules blancs et de plaquettesplaquettes a non seulement baissé moins vite mais aussi de façon moins importante dans le premier groupe de souris. Une dizaine de jours après le début de l'expérience, le taux de plaquettes des souris traitées avec des nanoparticules avait seulement baissé de 10% alors qu'il avait chuté de 60% dans l'autre groupe. De plus la récupération d'un taux normal de globules blancs et de plaquettes a été bien plus rapide dans le premier groupe.
Enfin, comme les nanoparticules sont éliminées assez rapidement par l'organisme, on pouvait s'attendre à ce qu'elles ne créent aucun dommage et effectivement aucun n'a été découvert jusqu'ici.
Restait un autre problème. Les nanoparticules protégeant les cellules normales n'allaient-elles pas protéger aussi les cellules malignes ? Pour le savoir, les chercheurs ont recommencé les mêmes expériences, à ceci près que des cellules de mélanome ont été injectées dans les deux groupes de souris, provoquant l'apparition de ce cancer de la peaucancer de la peau.
Remarquablement, l'efficacité de la radiothérapie n'a pas diminué. En revanche, les effets secondaires sur les cellules de moelle osseuse ont, eux, régressé. Ce type de protection devrait donc permettre d'augmenter les doses de radiations pour traiter plus efficacement certains cancers tout en limitant les effets indésirables.
On peut penser aussi que cette méthode pourrait servir de traitement préventif pour protéger des personnes exposées à des risques liés aux radiations, comme des astronautes dans l'espace en route vers Mars en complément d'une bulle magnétique.