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L'image est légendaire. En 1950, alors qu'ils sont occupés à concevoir la bombe à hydrogène, Enrico FermiEnrico Fermi et Edward Teller déjeunent avec quelques collègues à Los-Alamos. La conversation porteporte sur la possibilité que les Ovnis commençant à défrayer la chronique aux Etats-Unis soient effectivement des engins extraterrestres capables de franchir le murmur de la lumière.
Habitué aux estimations rapides des ordres de grandeurs en physique, Fermi ne tarde pas à estimer le temps qu'il faudrait à une civilisation croissant dans la Galaxie selon une loi exponentielle pour en coloniser toutes les étoilesétoiles, même en se déplaçant à une infime fraction de la vitesse de la lumièrevitesse de la lumière.
Sa conclusion semble sans appel. Il faudrait moins de cent millions d'années, probablement même un seul million d'années si un dixième de la vitesse de la lumière peut être atteint, ce qui n'est pas impensable lorsque l'on considère des projets comme Daedalus utilisant des explosions thermonucléaires.
Or, même à cette époque, on savait que l'âge de l'UniversUnivers et en particulier de la Voie lactéeVoie lactée devait être supérieur à quelques milliards d'années. Si l'on imaginait l'apparition ne serait-ce que de quelques civilisations extraterrestres dans la Galaxie pendant ce temps, elles auraient largement eu le temps de créer un empire galactique dont nous ferions partie. Au minimum, les constructionsconstructions issues d'empires successifs dans la Voie lactée devraient être partout autour de nous dans le système solairesystème solaire. Fermi s'exclama alors : « mais où sont donc les extraterrestres ? ».
Depuis des décennies, les tenants des contacts entre ET et humains se démènent pour échapper à la conclusion pessimiste issue de l'argument baptisé depuis le paradoxe de Fermiparadoxe de Fermi.
L'un des derniers avatarsavatars de ce débat provient d'un article publié sur Arxive par Jacob Haqq-Misra et Seth Baum. Pour eux, de même qu'un développement exponentiel est impossible sur Terre et que, de plus en plus, nous sommes confrontés aux contraintes d'un développement durabledéveloppement durable, un empire à l'échelle de la Galaxie rencontrerait aussi ces limites, contraignant les civilisations à ralentir leur expansion et interdisant une colonisation complète de la Galaxie.
Une civilisation ne pourrait-elle pas maîtriser sa progression ?
Le concept est intéressant mais bien peu convaincant...
Il suppose qu'une civilisation voulant coloniser la galaxie devrait nécessairement voir croître de façon exponentielle sa population et son utilisation des ressources. Cela semble absurde.
Il n'est pas difficile d'imaginer qu'une civilisation développée saura aussi limiter sa population sur chaque planète habitable de son système principal et laisserait l'étude et la surveillance des autres à une flottille de machines de Von Neumann. On peut très bien considérer une population d'une centaine de milliers d'individus par planète habitable par exemple.
Qui plus est, si l'on pose l'hypothèse de l'existence de centaines de civilisations technologiquement développées dans la Galaxie depuis quelques milliards d'années, même en imaginant que chacune d'entre elles ne colonise qu'un dixième de la Galaxie, on n'échappe pas à l'argument de Fermi. Une extrême rareté de la vie intelligente technologiquement développée dans l'espace et dans le temps, ou peu s'en faut, semble l'hypothèse la plus probable à l'échelle d'une galaxie.
Les arguments de Misra et Baum seraient sans doute plus convaincants s'ils s'accompagnaient de calculs numériquesnumériques, même simples, dans un modèle de colonisation donné, mais ils n'en donnent aucun.