Le programme Optical/LaserSeti se propose de détecter des technosignatures de civilisations E.T dans le visible, notamment sous forme d'impulsions laser pour la propulsion. Ne pourrait-on pas envisager aussi dans le même but la détection d'ondes gravitationnelles peut-être émises par des vaisseaux interstellaires ? La réponse est oui pour des artefacts de grandes masses selon un groupe de physiciens pour qui Ligo et Virgo sont déjà en mesure de partir à leur chasse.

Il y a quelque mois, le grand radioastronome Frank Drake nous quittait. Avec Carl Sagan, il avait été un des pionniers du programme Seti se donnant pour but de détecter et même de communiquer par radio avec des civilisations extraterrestres avancées dans la Voie lactée. D'autres technosignatures pouvant révéler ces civilisations ont été envisagées comme celle des fameuses sphères de Dyson, du nom du célèbre physicien Freeman Dyson qui en avait théorisé l'existence.

Rappelons quelques explications déjà données par Futura au sujet de ces artefacts. Une sphère de Dyson serait une enveloppe entourant une étoile de type solaire à au moins plusieurs dizaines de millions de kilomètres de sa surface, capable de collecter l'énergie émise par cette étoile pour alimenter une civilisation très vorace en énergie. Il faudrait démanteler une planète rocheuse entière pour construire une telle sphère.

L'entreprise semble irréalisable mais une analyse plus poussée révèle que des machines auto-réplicatrices (comme l'envisageait le grand mathématicien John von Neumann), en faisant des copies d'elles-mêmes -- qui feraient ensuite d'autres copies et se multiplieraient donc comme les cellules d'un organisme en construction --, permettraient de réaliser l'impossible. Il faudrait toutefois une enveloppe faite d'un matériau incroyablement résistant pour rester rigide et ne pas se briser sous l'influence du champ de gravité d'une étoile comme le Soleil. Une sphère de Dyson miniature serait donc plus facile à réaliser.

Il y a plusieurs années, Futura avait présenté une idée que l'on doit à Martin Archer, un communicant scientifique britannique de talent, également chercheur dans le domaine de l'astrophysique des plasmas en poste à la célèbre Queen Mary University of London. Dans l'une de ses vidéos publiées sur YouTube, le physicien se penchait avec le réalisme dans Star Wars de l'existence de l'Étoile de la mort (Death Star en anglais, initialement traduit, à tort, par « Étoile noire » en français), la station spatiale capable de détruire des planètes rocheuses de la taille de la Terre.


Le physicien Martin Archer examine la plausibilité du fonctionnement de la station spatiale géante de l'Empire dans cette vidéo portant sur la saga Star Wars. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Martin Archer

Martin Archer y suggérait que la machine de guerre de l'Empire ne serait rien d'autre qu'une sphère de Dyson en réduction entourant une étoile, éventuellement artificielle, ce qui aurait potentiellement deux avantages :

  • une étoile miniature serait peut-être capable de fournir la puissance nécessaire pour pouvoir détruire à volonté une planète comme la Terre ;
  • le champ de gravité de cette étoile expliquerait pourquoi les personnages semblent évoluer dans une gravité apparemment terrestre quand on les voit dans l'Étoile de la mort.

D'après les informations extraites des films de Star Wars, l'Étoile de la mort aurait un diamètre d'une centaine de kilomètres et le cœur, où se trouve son générateur, qui serait donc une petite étoile, mesurerait une dizaine de kilomètres de diamètre. On peut en déduire que ce cœur pourrait être une étoile à neutrons mais son champ de gravité et son champ magnétique détruiraient la sphère de Dyson sensée avoir la taille de l'Étoile de la mort.

Une toute petite sphère de Dyson fonçant à 10 % de la vitesse de la Lumière ?

Aujourd'hui, on peut faire une connexion toute naturelle entre l'idée avancée par Martin Archer et un article déposé sur arXiv il y a quelques semaines par un groupe international de physiciens d'instituts et universités états-uniens, israélien et suédois.

L'idée est la suivante : supposons donc l'existence d'une méga structure comme celle dans Star Wars (sans doute construite par des super IA) accélérant au point d'atteindre une fraction notable de la vitesse de la lumière pour se déplacer dans la Voie lactée entre les étoiles. Une telle structure pourrait-elle, de ce fait, produire des ondes gravitationnelles et si oui, pourraient-elles être détectées avec des instruments déjà en possession d'Homo sapiens ?

Remarquablement, la réponse est oui, calculs à l'appui. Il suffirait en particulier d'un objet dont la masse soit d'au moins celle de Jupiter, et accélérée jusqu'à atteindre 10 % de la vitesse de la lumière. Ligo (mais aussi Virgo et Kagra) mettrait alors en évidence un signal gravitationnel caractéristique pouvant venir d'un Rapid And/or Massive Accelerating spacecraft (RAMAcraft), comme l'appellent les chercheurs, croisant dans un volume sphérique dont le rayon serait d'environ 326 000 années-lumière.

On pourrait donc détecter même un RAMAcraft qui aurait entrepris un voyage intergalactique et sortant juste de la Voie lactée, par exemple pour aller en direction de la galaxie d'Andromède à environ 2 millions d'années-lumière de la Voie lactée -- en fait, plusieurs masses ont été considérées, allant de celle de la planète Mercure à 10 fois celle de Jupiter. Dans le premier cas, Ligo et Virgo en feraient la détection à une distance moins de 10 fois plus grande que celle nous séparant de Proxima Centauri.

Les physiciens estiment en plus qu'une détection dans une sphère de rayon 100 fois plus grand serait possible avec Big Bang Observer, le successeur du détecteur d'ondes gravitationnelles eLisa prévu par l’ESA à l’horizon 2030. En revanche, dans l'état actuel des connaissances, aucun des mécanismes proposés pour faire du Warp Drive, selon la fameuse propulsion Alcubierre qui permettrait de dépasser la vitesse de la lumière pour un RAMAcraft, ne produit d'ondes gravitationnelles. Il serait sans doute intéressant de se pencher sur le cas de l'ouverture d'un trou de ver traversable...