Les données provenant du premier imageur de détection des éclairs embarqué sur le satellite européen Meteosat troisième génération sont désormais accessibles. Elles joueront un rôle important dans la prévision des tempêtes estivales, permettant ainsi une surveillance avancée et une meilleure compréhension des phénomènes météorologiques violents.


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    Dans son communiqué, l'Agence européenne de satellites météorologiquessatellites météorologiques, Eumetsat, annonce la publication des données pré-opérationnelles du premier Imageur de détection des éclairséclairs (LI) embarqué à bord du satellite Meteosat troisième génération (MTG-I1) lancé fin 2022, juste à temps pour la saisonsaison des oragesorages estivaux. Ces données sont maintenant accessibles aux prévisionnistes en Europe et dans le monde, offrant ainsi une nouvelle perspective pour surveiller et prévoir le développement, la trajectoire et la gravité des tempêtestempêtes estivales.

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    Phil Evans, directeur général d'Eumetsat, souligne l'importance de ces données pour les prévisionnistes européens et africains. Il explique que cette nouvelle information météo est cruciale pour la protection des communautés et des secteurs industriels vitaux, tels que l'aviation, en cas de conditions météorologiques extrêmes.

    L'imageur d'éclairs, développé par Leonardo et équipé de quatre caméras capables de capturer jusqu'à 1 000 images par seconde, permet une observation continuelle de l'activité électrique depuis l'espace. Ces données sont essentielles pour anticiper les phénomènes météorologiques extrêmes, dont les tempêtes, en détectant les variations dans l'activité électrique qui peuvent précéder ces événements. Phil Evans explique que les fortes tempêtes sont souvent précédées de bonds dans l'activité électrique, et que les données de l'imageur d'éclairs peuvent refléter ces changements, renforçant ainsi les prévisions des météorologistes.

    Eumetsat a commencé à diffuser ces précieuses données aux services météorologiques de ses États membres et à d'autres utilisateurs, en particulier dans les régions disposant de capacités d'observation limitées. Cela représente une avancée significative dans la préventionprévention et la gestion des risques liés aux tempêtes, bénéfique autant pour les citoyens concernés que pour les secteurs industriels sensibles aux conditions météorologiques extrêmes.

    Exemple du produit « Zone d'accumulation des éclairs » de l'imageur d'éclairs, montrant des orages au-dessus de l'Afrique centrale le 17 juin 2024. © Eumetsat
    Exemple du produit « Zone d'accumulation des éclairs » de l'imageur d'éclairs, montrant des orages au-dessus de l'Afrique centrale le 17 juin 2024. © Eumetsat

    La parole à Bartolomeo Viticchie et Sven-Erik Enno, RSSRSS - Lightning Imagery :

    Futura : Le Lightning Imager répond-il à vos attentes ?

    Bartolomeo Viticchie et Sven-Erik Enno : Oui. Nous pouvons souligner, ici, la très bonne capacité générale du LI à détecter les éclairs à haute latitudelatitude, par exemple en Scandinavie et même au nord du cercle polairecercle polaire arctiquearctique.

    Futura : Les capacités d’observation de l’instrument sont-elles bien meilleures que les systèmes américains comme le GLM avec seulement une caméra ?

    Bartolomeo Viticchie et Sven-Erik Enno : Effectivement. L'industrie européenne a construit un très bon instrument et la conception à quatre caméras semble clairement apporter des avantages. À titre de comparaison, les GLM américains à une caméra ne peuvent détecter qu'à environ 50 degrés de latitude nord/sud.

    Futura : Un premier résultat scientifique ?

    Bartolomeo Viticchie et Sven-Erik Enno : C'est un peu trop tôt pour un vrai résultat scientifique. Cependant, nous pouvons certainement mentionner de nombreuses preuves visuelles de grands mégaflashs de 200 à 300 kilomètres (et probablement plus - un éclair horizontal de plus de 100 kilomètres de long est un « mégaflash ») en Afrique et parfois aussi en Europe.

    Futura : Quelles conclusions et informations significatives peuvent être tirées de l'observation des éclairs depuis l'espace en ce qui concerne la prévision des phénomènes météorologiques ?

    Bartolomeo Viticchie et Sven-Erik Enno : Principalement, le LI permet l'observation de la véritable étendue horizontale de la foudre. C'est quelque chose pour lequel les systèmes au sol existants ne sont pas très efficaces. Par exemple, un système de localisation des éclairs au sol pourrait montrer deux orages distincts, distants de 15 kilomètres, tandis que le LI montre qu'il y a en fait des éclairs horizontaux entre les deux centres orageux, c'est-à-dire qu'il n'y a aucune zone de sécurité entre les orages - une information très utile, par exemple, dans l’aviation.

    Futura : Pouvez-vous nous donner quelques exemples d'applications commerciales et scientifiques des données sur les éclairs ?

    Bartolomeo Viticchie et Sven-Erik Enno : Les applications couvrent un panel très large d'utilisation, par exemple :

    • les services météorologiques pour la prévision immédiate et l'assimilation des données ;
    • l'aviation ;
    • les services de secours ;
    • le grand public ;
    • des scientifiques pour des recherches, par exemple l'impact du changement climatiquechangement climatique sur la foudrefoudre ;
    • de plus, et c'est très important, LI est le premier instrument à offrir ce niveau des données sur les éclairs en Afrique.

    Le premier imageur d’éclairs européen livre ses premières observations

    Article de Remy Decourt, publié le 04/07/2023

    Dans un climatclimat et une météorologiemétéorologie en mutation, Eumetsat s'apprête à mettre en service l'imageur d'éclairs à bord du premier satellite Meteosat de troisième génération. Cet instrument innovant et inédit en Europe a pour but d'améliorer le suivi et les prévisions des tempêtes violentes ainsi que renforcer la sécurité, en cas de foudre, de la circulation et du contrôle du trafic aérien. L'éclairage et les explications de Paul Counet, chef de la stratégie pour Eumetsat.

    La mise en service du premier satellite Meteosat de troisième génération (MTG) d'Eumetsat se poursuit. Après avoir publié, en mai 2023, la première image du radiomètre imageur combiné de ce satellite, qui fait apparaître avec un niveau de détails sans précédent les conditions météorologiques en Europe, en Afrique et au-dessus de l'Atlantique, Eumetsat rend publiques les données du premier imageur d'éclairs européen, l'autre instrument d'observation à bord de ce satellite révolutionnaire.

    Construit par Leonardo, ce « chasseur d'éclairs » est le premier instrument satellitaire capable de détecter les manifestations lumineuses produites par les éclairs inter-nuageux, intra-nuageux et nuagenuage-sol au-dessus de l'Europe et de l'Afrique. Il a récemment été mis sous tension et a franchi une étape décisive dans la détection et la prédiction des phénomènes météorologiques violents dans des délais très courts.

    Image fixe d’une animation de l’activité électrique d’orages multicellulaires dans la région du Sahel en Afrique le 7 juin 2023, saisie par l’imageur d’éclairs embarqué sur le premier satellite Meteosat troisième génération (MTG-I1). © Eumetsat, ESA
    Image fixe d’une animation de l’activité électrique d’orages multicellulaires dans la région du Sahel en Afrique le 7 juin 2023, saisie par l’imageur d’éclairs embarqué sur le premier satellite Meteosat troisième génération (MTG-I1). © Eumetsat, ESA

    Les explications de Paul Counet, chef de la stratégie pour Eumetsat.

    Futura : Quelles analyses techniques et scientifiques peut-on faire de ces premières données ?

    Paul Counet : Ces premières animations visent avant tout à montrer ce que l'instrument peut faire et à présenter au public ce dont il est capable. Pour l'instant, l'imageur d'éclairs n'est pas complètement opérationnel, il est encore en cours de mise au point, en même temps la mise en service du satellite MTG-I1 se poursuit. Il ne faut donc pas s'enthousiasmer. On a un bon instrument que l'on apprend à utiliser. Les données seront disponibles pour une utilisation opérationnelle au début de l'année 2024. Ces données seront détectées avec un réglage de sensibilité plus élevé à des fins de prévision.

    Fait intéressant, l'animation zoomant sur le Royaume-Uni et l'Irlande a une forte corrélation avec les avertissements donnés par le Met Office britannique la nuit précédente.

    Futura : Concrètement, comment fonctionne cet imageur d’éclairs ?

    Paul Counet : Cet instrument détecte les manifestations lumineuses produites par les éclairs inter-nuageux, intra-nuageux et nuage-sol. Pour cela, il dispose de quatre caméras couvrant l'Europe, l'Afrique, le Moyen-Orient et une partie de l'Amérique du Sud, capables d'observer en continu l'activité des éclairs depuis l'espace. Chacune de ses caméras peut saisir 1 000 images par seconde, de jour comme de nuit, qui lui permettent de détecter le moindre éclair avec une rapiditérapidité fulgurante.

    Interview de Carlo Simoncelli, chef de projet auprès de Leonardo de l'imageur d'éclairs. © Eumetsat

    Futura : Ces premières données répondent-elles à vos attentes ?

    Paul Counet : Oui ! J'ajouterai que tous nos partenaires associés au programme sont très satisfaits, qu'ils soient institutionnels ou industriels. Il faut garder à l'esprit que c'est la première fois que l'Europe dispose d'un tel instrument. Son développement a nécessité plus de dix ans de travail ! Sa conception n'a pas été une mince affaire quand on sait que la durée de vie d'un éclair est extrêmement courte, moins de 0,6 seconde ! L'intelligence artificielleintelligence artificielle sera utilisée pour repérer ces éclairs. L'instrument montre une grande capacité à détecter les éclairs aux latitudes élevées et jusqu'à la périphérie de son champ de vision. Les premières données nous ont agréablement surpris en raison d'une grande qualité dans ce que l'on voit, du nombre d'éclairs observés et l'absence de bruit dans les données.

    Futura : En général, la mise en service d'un nouvel instrument réserve de bonnes surprises. Est-ce le cas pour l’imageur d’éclairs ?

    Paul Counet : Nous sommes ravis et impatients de pouvoir envoyer les données opérationnelles aux services météorologiques pour qu'ils les utilisent dans leurs prévisions. Nous pensons que les données de cet imageur d'éclairs, lorsqu'elles seront utilisées conjointement avec les images du radiomètre imageur combiné de MTG-I1, changeront vraiment la donne.

    L'objectif est de donner aux prévisionnistes la capacité de détecter et de suivre plus tôt les phénomènes météorologiques violents avec plus de précision, et d'être en mesure de donner des avertissements plus précoces aux civils et aux autorités dans des délais très courts.

    Futura : En quoila détection ou l'observation de la foudre peut être utile pour améliorer les prévisions météorologiques ?

    Paul Counet : Les phénomènes météorologiques violents sont souvent précédés de changements brusques dans l'activité électrique et la foudre. Notre « chasseur d'éclairs » détecte en permanence les éclairs et détectera ces changements brusques. Grâce aux données de l'imageur d'éclairs, qui refléteront ces changements dans l'activité électrique, les prévisionnistes météorologiques pourront prévoir avec plus de certitude les épisodes d'orages violents.

    Eumetsat enverra les données aux services météorologiques en temps quasi réel. En associant ces données aux données de résolutionrésolution fine du radiomètre imageur combiné, les prévisionnistes pourront suivre le développement des orages violents avec plus de précision et ainsi gagner du temps pour alerter les autorités et les communautés. On parle de prévision à très court terme, de seulement trois ou deux heures, voire seulement une heure.

    Vue d'artiste d'un satellite Meteosat de troisième génération Imager (MTG-I1), à bord duquel se trouve le premier instrument européen de détection d'éclairs (Lightning Imager, LI). © Thales Alenia Space
    Vue d'artiste d'un satellite Meteosat de troisième génération Imager (MTG-I1), à bord duquel se trouve le premier instrument européen de détection d'éclairs (Lightning Imager, LI). © Thales Alenia Space

    Futura : Quelles autres disciplines scientifiques trouveront un intérêt à utiliser ces données ?

    Paul Counet : À ne pas en douter, la sécurité aérienne. L'imageur sera très utile pour améliorer le routageroutage des avions et la surveillance du climat, les données serviront donc à alimenter des modèles prédictifs d'évolution du climat.

    La capacité de l'imageur à détecter des éclairs au-dessus des océans et de la zone intertropicale africaine, où se développent des formations nuageuses avec beaucoup d'activité électrique, doit permettre aux compagnies aériennes de dérouter leurs avions du mauvais temps prévisible. Quant à la surveillance du climat, il faut savoir que nous nous sommes engagés à garantir la continuité des données pendant au moins 25 ans, ce qui est une durée intéressante pour alimenter des modèles climatiquesmodèles climatiques.