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Le satellite, Biomass, septième mission d’exploration de la Terre de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, sera lancé en 2021. Durant au moins cinq ans, cet instrument original, construit par Airbus Defence and Space, mesurera la biomassebiomasse des forêts de la planète, afin d'évaluer les stocks et les flux de carbone. Ces données cruciales restent mal connues. L'incertitude sur la quantité de carbone stockée dans la biomasse est actuellement de l'ordre de 40 %. L'objectif de la mission Biomass est de la réduire à 20 %.
C'est dans les régions équatoriales et tropicales qu'elle est la plus grande. En raison d'une forte biodiversitébiodiversité, la quantité d'arbresarbres par espèceespèce est en effet mal connue. Or, d'une espèce d'arbre à une autre, la quantité de carbone stockée n'est pas la même.
Image satellite acquise par le satellite Spot 5 montrant le niveau de la déforestation dans l'État de Santiago del Estero, en Argentine. Les données de Biomass seront utilisées par les agences nationales et internationales chargées de contrôler les zones légales et illégales de déforestation. © Cnes, distribution Airbus DS
Une antenne géante pour le radar en bande P
Pour améliorer la connaissance du couvert végétal, le satellite embarquera un radar à synthèse d'ouverture en bande P, mesurant 12 mètres, qui fournira des observations interférométriques et polarimétriques des forêts, pour la première fois en continu. La taille de cette antenne s'explique par la nécessité d'observations radar dans de grandes longueurs d'onde (trente centimètres à un mètre pour Biomass) pour voir à travers le feuillage et estimer le nombre d'arbres. Une mesure indispensable pour mesurer la quantité de biomasse à l'échelle de la planète et donc quantifier le carbone contenu dans la masse végétale.
C'est pourquoi les satellites radar de la famille Sentinel-1 du programme Copernicus ne peuvent pas être utilisés pour cette tâche. Leur radar, en effet, utilise la bande C, dont la longueur d'onde, de 5 cm, est trop courte pour traverser le feuillage.
Une image saisissante montrant d’un côté la forêt, et de l’autre le grignotage, le tout suivant une belle ligne toute droite. © Cnes, Distribution Airbus DS
Un regard trop perçant
Biomass pourra également repérer les réserves d'eaux fossilesfossiles dans les régions désertiques afin d'y trouver de nouvelles sources. Le satellite contribuera aussi à l'étude de la dynamique des masses glaciaires. Il nous renseignera sur l'état de la fonte des glaces et de la calotte glaciairecalotte glaciaire, et il évaluera la quantité de glace aux pôles. Enfin, puisqu'il est capable d'observer le sol à travers la canopéecanopée, Biomass fournira également des cartes altimétriques qui amélioreront les modèles d'élévation numériquesnumériques actuels dans les zones fortement boisées.
Ce sera la première fois qu'un radar en bande P est utilisé depuis l'espace par un satellite civil. Du coup, on ne sait pas trop ce que l'on va voir et si les données de Biomass pourront être utilisées dans d'autres domaines scientifiques, comme l'archéologie par exemple. Il y a quelques années, un instrument expérimental en bande P avait été installé sur la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale et avait permis d'observer, dans des zones désertiques, des sites antiques.
Remarquons que le regard de Biomass semble trop perçant pour l'armée des États-Unis. Il exploite en effet des fréquencesfréquences similaires à celles utilisées par des radars militaires américains en Amérique du Nord et en Europe. De ce fait, à la demande des militaires, les mesures seront impossibles au-dessus de ces deux régions.