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Sur cette image en fausses couleurs réalisée par l’instrument Ralph (les deux objets astronomiques ont été pris séparément), le 13 juillet 2015, on découvre la diversité des matériaux qui maquillent la surface de Pluton et Charon. Les distances entre les deux corps de ce système double ne sont pas respectées. © Nasa, JHUAPL, SwRI
Tout indique que l'approche et le survol de Pluton puis de CharonCharon par New HorizonsNew Horizons s'est bien déroulés le 14 juillet, à partir de 11 h 49 TU, comme cela était prévu. En effet, après plus de 22 longues heures d'attente, l'équipe technique de la mission a reçu, le 15 juillet à 0 h 52 TU, « l'appel » de la sonde spatiale : New Horizons « phones home ». Pas d'images ni de données scientifiques dans ce transfert mais exclusivement un rapport témoignant du bon déroulement et fonctionnement du vaisseau de près de 500 kgkg, distant de 4,8 milliards de km.
Sur son blogblog, Emily Lakdawalla de The Planetary Society raconte que « chaque bit de télémétrie reçu a indiqué que le survolsurvol a été exécuté avec succès. Les propulseurs ont utilisé tout le carburant escompté. Aucun "mode en autonomieautonomie" ne fut demandé, ce qui indique que l'ordinateurordinateur de bord n'a pas redémarré et, plus important, poursuit-elle, l'enregistreur de données est bourré de données ».
Des vues globales attendues aujourd’hui et certaines en haute résolution
Aujourd'hui, 15 juillet, à l'heure où nous écrivons ces lignes, le JHUAPL a probablement reçu les deux premières salves de données scientifiques. Une longue et une courte qui ne représentent pour l'instant qu'une toute petite fraction de ce que les sept instruments embarqués de New Horizons ont frénétiquement collecté hier, à l'occasion de ce survol historique, à seulement 12.500 km de la surface de PlutonPluton. Il faudra en effet, rappelons-le, pas moins de seize mois pour que la totalité du butin soit téléversée jusqu'à la Terre, étant donné le débitdébit de transfert (1 à 4 kbits/s) et le volume important d'informations. La sonde était programmée pour en moissonner un maximum au cours de cette première visite de l'Histoire à cet astre double et dorénavant considéré comme le plus gros objet connu de la ceinture de Kuiper.
Une fois ces opérations accomplies, le transfert a donc pu commencer. Des vues globales de Pluton, Charon et leurs petits satellites Nix et Hydre à des résolutionsrésolutions différentes sont attendues, ainsi que trois images en haute résolution de la planète naineplanète naine prises juste avant que le vaisseau n'atteigne sa distance minimum. Les chercheurs vont aussi pouvoir exploiter des données des instruments Swap, Rex et Alice.
Beaucoup de joie et de soulagement au centre de contrôle de la mission New Horizons lorsque la sonde « appela la maison » pour transmettre le déroulement des opérations de la journée intense qui venait de s’écouler. Il était 0 h 52 TU, le 15 juillet. Tout s’est visiblement bien passé. © Nasa, Bill Ingalls
Des images réalisées grâce à l'instrument Ralph
En attendant les plans de plus en plus rapprochés de la face de Pluton qui plastronne une région en forme de cœur, la Nasa a publié le 14 juillet deux clichés en fausses couleurscouleurs du couple Pluton-Charon (voir ci-dessus) réalisé la veille avec trois capteurscapteurs de l'instrument RalphRalph. De cette façon, les scientifiques obtiennent un aperçu, certes exagéré dans ses teintes, des différents matériaux plaqués à sa surface, cela aide à « comprendre le maquillage moléculaire des glaces à la surface de Pluton et Charon, ainsi que l'âge des caractéristiques géologiques comme les cratères », explique la NasaNasa. « Cela peut aussi renseigner sur les changements en surface causés par les rayonnements solairesrayonnements solaires, cosmiques. »
« Nous faisons ces images en couleur pour surligner la variété des environnements de surface dans le système de Pluton, commente Dennis Reuter, membre de l'équipe scientifique. Elles nous montrent de façon intuitive qu'il y a encore beaucoup à apprendre des données qui vont arriver ».
Les surfaces mouchetées de Pluton et Charon
L'une des surprises est ce fameux cœur qui, loin d'être uniforme, apparait divisé en deux. Dans sa partie ouest, à gauche, il est de couleur crème avec un panaché de jaune et de pistachepistache près du bord supérieur (les Américains y voient d'ailleurs un cornet de glace...). L'autre moitié apparaît teintée de turquoise avec des taches brunes. Au-dessus, on distingue une région mouchetée de couleur rouillerouille et plus haut encore, au niveau du pôle nord de ce globe de 2.370 km, la calotte se présente sous des tons jaunes plus ou moins pastels, ce qui trahit une composition complexe. « Il se passe tout un tas de choses ici », commente Will Grundy de l'observatoire Lowell. « Notre équipe d'étude des compositions de surface travaille aussi vite que possible pour identifier les composés des différentes régions de Pluton et démêler tous les processus qui les ont mis là où ils sont ».
Quant à Charon, le compagnon de 1.208 km de diamètre, son pôle teinté d'un rouge-brun plus ou moins prononcé est considéré comme étant composé de tholinstholins, lesquels associent diverses moléculesmolécules, et que l'on retrouve dans d'autres mondes du Système solaireSystème solaire comme TitanTitan ou Triton (ce dernier présente des traits caractéristiques communs avec Pluton et pourrait avoir une même parenté). À plus basse latitudelatitude, sa robe en surface apparaît tachetée de tons sombres et bleutés, symptômessymptômes d'une diversité des terrains.
New Horizons poursuit à présent sa route dans la ceinture de Kuiper encore inexplorée et corrigera légèrement sa trajectoire avant la fin de l'année pour se diriger vers l'un des deux objets candidats, PT1 ou PT3, encore en délibération.