Après Pluton et ses lunes, la sonde New Horizons s’en ira survoler un autre monde. La Nasa doit annoncer à la fin du mois quel objet de la ceinture de Kuiper sera observé. Le survol est prévu en 2019 et, si les financements suivent, la sonde pourrait être utilisée par la suite pour étudier la limite de la sphère d’influence du Soleil.

Après le survol de Pluton, l'équipe scientifique de la mission New Horizons est sur le point de décider quelle sera la prochaine cible de la sonde. Après son très bref séjour dans le système plutonien, elle s'en ira explorer au plus près un des gros objets de la ceinture de Kuiper. Cette région, qui s'étend au-delà de l'orbite de Neptune, entre 30 et 55 unités astronomiques, abonde d'astéroïdes de tailles variables, relativement préservés du Soleil. Ce sont des débris de planètes naines ou des planétésimaux inachevés, dont la composition et la structure n'ont presque pas changé depuis l'aube du Système solaire, il y a 4,56 milliards d'années... Approcher l'un d'entre eux grâce à cette sonde est une belle occasion de compléter le puzzle de nos origines pour les planétologues.

Mais trouver l'objet qui sera visité n'a pas été chose simple. Sur les 55 cibles potentielles prévues à l'origine, aucune n'a été retenue ! Les contrôleurs au sol se sont aperçus que si l'on tenait compte de la trajectoire de New Horizons, de sa vitesse et de ses réserves en carburant, aucun de ces objets ne pouvait être atteint par la sonde.

Nix et Hydre, deux des petites lunes de Pluton, observées lors du survol historique de la planète naine par la sonde New Horizons en juillet 2015. © Nasa

Nix et Hydre, deux des petites lunes de Pluton, observées lors du survol historique de la planète naine par la sonde New Horizons en juillet 2015. © Nasa

C'est pourquoi en 2014 le télescope spatial Hubble a été utilisé pour découvrir quels objets de Kuiper seraient susceptibles d'être atteints par la sonde New Horizons. Et la tâche ne fut pas aisée. Il faut savoir qu'à cette distance, ces objets apparaissent aux instruments d'imagerie d'Hubble 100.000 fois plus faibles que Pluton ; depuis la Terre ils sont même invisibles. À cette contrainte forte s'en ajoute une autre : Pluton est actuellement dans la constellation du Sagittaire, la partie la plus brillante de la Voie lactée, ce qui complique les recherches d'objets de la ceinture de Kuiper.

2014 MU69 et 2014 PN70 : deux cibles potentielles

Malgré tout, Hubble a identifié deux cibles : les objets 2014 MU69 et 2014 PN70. Sans surprise, on sait peu de chose si ce n'est qu'ils se situent à plus ou moins 6,4 milliards de kilomètres de la Terre et qu'ils ont une taille d'environ 25 à 55 kilomètres. 2014 MU69 est le plus facile à atteindre car il nécessite la moitié des réserves en ergols pour le rejoindre. Quant à 2014 PN70, il apparaît plus lumineux, ce qui devrait faciliter la navigation de la sonde. La décision devrait être prise à la fin du mois et les corrections de trajectoire nécessaires seraient réalisées entre la fin octobre et le début du mois de novembre en vue d'un survol en 2019.

Quel que soit l'objet choisi, ce sera le plus lointain du Système solaire jamais visité par une sonde construite par l'Homme. Mais l'aventure de New Horizons ne s'arrêtera pas là. Si la Nasa autorise une nouvelle extension de la mission, la sonde pourrait par la suite être utilisée pour étudier le vent solaire à proximité des bords du Système solaire, étendant et complétant ainsi les mesures réalisées par les sondes Voyager 1 et 2, qui explorent la frontière entre l'héliosphère et l'espace interstellaire. Enfin, la caméra à haute résolution de la sonde pourrait également aider les astronomes à suivre les mouvements des étoiles proches en comparant leurs positions dans le ciel avec des vues de la Terre.