Coup dur pour le programme Artemis de la Nasa. Blue Origin et Dynetics, les deux sociétés qui ont perdu la compétition pour le contrat de développement de l'atterrisseur lunaire de la Nasa, ont porté plainte contre la décision de la Nasa d'attribuer ce contrat à SpaceX. Alors, mauvais perdants ou plaintes justifiées ? Le GAO, l'équivalent américain de la Cour des comptes française, doit rendre sa décision d'ici début août 2021.
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Les sociétés Blue Origin et Dynetics ont saisi l'équivalent américain de la Cour des comptes pour protester contre le choix de la Nasa d'attribuer à SpaceXSpaceX un contrat de 2,9 milliards de dollars pour développer une version lunaire du Starship et effectuer une mission de démonstration sans équipage. Conformément aux règles du droit américain, la Nasa a donc été contrainte d'ordonner à SpaceX de suspendre tous ses travaux de développement du Starship lunaire dans le cadre du contrat HLS jusqu'à ce que le Government Accountability Office (GAO) rende une décision, attendue au plus tard le 4 août.
Dans un document de 50 pages, Blue Origin fait plusieurs reproches à la Nasa, dont une compétition peu équitable, et estime que le choix de la Nasa est à la fois risqué et non concurrentiel. Quant à Dynetics, elle a simplement indiqué avoir déposé une requêterequête auprès de la GAO et qu'elle ne souhaitait pas rendre publiques les raisons pour lesquelles elle avait déposé cette plainte.
Le retour de l'Homme sur la Lune décalé de plusieurs années
Au moment de l'attribution de ce contrat, la décision de la Nasa avait surpris. D'abord, parce que la Nasa avait insisté à plusieurs reprises sur sa volonté de retenir deux projets sur trois afin de maintenir la compétition et conserver deux solutions d'alunissage alternatives et aussi pour les raisons que nous avons évoquées précédemment.
La date de retour des astronautes américains sur la Lune, actuellement fixée à 2024, n'est plus d'actualité. Le nouveau calendrier du programme Artemis que la Nasa devra mettre à jour à la suite de cette décision fait qu'il n'y a plus aucune chance de permettre le retour des astronautes sur la Lune en 2024. Au mieux, une première mission habitée pourrait avoir lieu en 2027.
Pourquoi la Nasa a-t-elle choisi Starship de SpaceX pour la mission habitée Artemis ? Décryptage
Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 20/04/2021
En choisissant le Starship de SpaceX pour amener sur la Lune les astronautes des missions Artemis, la Nasa a surpris la communauté spatiale. Et quelle surprise ! Car plutôt qu'un système de transport lunaire, il serait plus judicieux de parler de base lunaire ! Les explications de Didier Schmitt, responsable de la stratégie et de la coordination de l'exploration humaine et robotiquerobotique à l'ESA.
Au terme d'un processus de sélection de plusieurs mois, la Nasa a choisi le Starship, dans sa version lunaire, pour amener les astronautes « post-ApolloApollo » sur la Lune. SpaceX a remporté un contrat de 2,89 milliards de dollars afin de développer une version lunaire du Starship et effectuer une mission de démonstration inhabitée. Ce choix de SpaceX s'est fait au détriment des deux autres compétiteurs, à savoir le National Team de Blue Origin et Dynetics, ce dernier étant associé à Thales Alenia Space, le leader mondial des modules pressurisés.
Comme pour le ravitaillement en fret de l'ISS et la rotation des équipages, la Nasa achètera des services d'atterrissages lunaires dans le cadre d'un contrat distinct. La Nasa confirme ainsi la philosophie américaine, insufflée par Barack Obama, d'aller vers le tout commercial plutôt qu'une approche contractuelle plus conventionnelle où elle serait propriétaire des véhicules et de la propriété intellectuelle. Pousser le secteur commercial, y compris pour les vols lunaires, est une stratégie basée sur la doctrine américaine, déjà ancienne, de « space dominance ». Dominer, ce n'est pas juste être devant les autres, c'est d'être loin devant ! C'était le principe d'Apollo. Les États-Unis étaient devancés par l'Union soviétique pendant une décennie, puis les ont largement distancés avec un effort hors norme. Aujourd'hui, la Lune est de nouveau l'objectif mais, cette fois-ci, la course est engagée avec la Chine.
Ce choix est évidemment très surprenant mais « aussi très audacieux » nous explique Didier Schmitt, responsable de la stratégie et de la coordination de l'exploration humaine et robotique à l'ESA. Au sein de la communauté spatiale, « personne ne s'attendait à ce choix » ! C'est un choix assumé par Kathy Lueders, la directrice de l'exploration et des opérations à la Nasa mais aussi du futur administrateur de l'agence américaine. On n'a pas fini d'entendre parler de cette décision historique qui aura « des conséquences sur les futurs vols en orbiteorbite basse, par la diminution drastique des coûts, les vols vers et sur la Lune, avec un tourisme haut de gamme qui se profile dans la prochaine décennie, et ensuite l'accélération de la course vers Mars ».
“Starship de SpaceX : ce choix est évidemment très surprenant mais « aussi très audacieux »”
Le Congrès va t-il financer un plan B ?
Bien que la Nasa ait insisté à plusieurs reprises sur sa volonté de retenir 2 projets sur 3 afin de maintenir une certaine compétition et conserver 2 solutions d'alunissage alternatives, l'Agence a en quelque sorte été contrainte de revoir ses plans. Et si elle a choisi d'attribuer à la seule société SpaceX un contrat de développement, cela s'explique par les réductions budgétaires imposées par le Congrès pour les années fiscales 2021 et 2022 qui ne lui permettent pas de sélectionner 2 entreprises. Des trois propositions, celle de SpaceX était la moins chère, et de très loin même. Le National Team de Blue Origin proposait un système à plus de 10 milliards de dollars et Dynatics demandait 5 milliards de dollars de financement. Pour remporter la mise, SpaceX a fait une offre a près de la moitié de Dynetics et a ainsi proposé à la Nasa de financer 50 % de toute la phase de tests.
Ce choix est aussi un message très clair envoyé au Congrès. En prenant en compte la seule proposition qui s'en tenait au budget, la Nasa pousse-t-elle le Congrès à financer un deuxième compétiteur ? À suivre.
Cela dit, le choix de SpaceX ne « s'est pas fait seulement sur des considérations financières ». C'est aussi un sacré pari sur « l'avenir de l'exploration humaine, et de la Lune en particulier». En faisant l'impasse sur le Old space, la Nasa mise sur « l'innovation et une nouvelle façon de travailler ». À cela s'ajoute que les États-Unis sont engagés dans une course à la Lune avec la Chine. Or, la décision chinoise de développer un lanceurlanceur super lourd, indique que la Chine sera prête à « lancer une mission habitée sur la Lune d'ici le tout début de la décennie prochaine, voire avant la fin de la décennie 2020 ». Pour les États-Unis, prendre le risque de financer un seul projet, est un « risque politique énorme que la Chine arrive en premier sur la Lune si SpaceX avait beaucoup de retard dans la mise au point de ce Human landing System ». Si la Nasa se repose uniquement sur SpaceX, c'est aussi parce que l'entreprise d'Elon MuskElon Musk a fait ses preuves avec le Falcon 9, la capsule Dragon et le Crew Dragon : « Il n'y a donc pas de raison pour qu'ils ne parviennent pas à le faire, la question est de savoir à quelle vitessevitesse, et quel niveau de risque ».
300 mètres de surface carrée habitable sur la Lune !
Cela dit, techniquement, la proposition de SpaceX tient la route mais elle est « la plus risquée des trois. Et donc la plus audacieuse ». Ce Starship lunaire pourrait « remettre en cause tous les projets de base lunaire qui coûtent des dizaines de milliards de dollars à installer». Si la Nasa a écarté les propositions du National team et de Dynatics, qui proposaient chacun un concept de type Apollo (c'est-à-dire un landerlander surmonté du véhicule de remontée en orbite), ce n'est pas seulement pour une question de coûts. C'est aussi parce que ces deux systèmes de transport ne pouvaient livrer à la surface de la Lune « que » de 10 à 12 tonnes de charge utile, contre près de 100 tonnes pour SpaceX. Dit autrement, SpaceX amène une « base lunaire à chaque mission avec des possibilités imbattables en termes de nombre de membres d'équipage, de fret, d'équipements lourds... » Et quelle base ! Avec un volumevolume de 1.000 mètres cubes, le volume total du Starship lunaire est « équivalent à celui de la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale ». Les deux autres options proposaient seulement 12 et 15 m3 de volume ! C'est révolutionnaire. La Nasa qui a toujours été prudente dans ces choix, « n'a jamais fait de choix aussi audacieux ». Ce contrat conforte les ambitions d'Elon Musk qui a crée SpaceX, en 2002, dans le but de conquérir Mars.
Les États-Unis ne retourneront pas sur la Lune en 2024
Enfin, concernant le calendrier du retour des États-Unis sur la Lune, la date de retour des astronautes américains sur la Lune, actuellement fixée à 2024, n'est décidément plus d'actualité. Les dernières décisions budgétaires de l'administration Biden et les délais de développement attendus du Starship lunaire ne permettent pas d'être prêts à la date souhaitée par le président Trump.
D'ailleurs, malgré l'assurance de maintenir une politique ambitieuse en la matièrematière, l'administration Biden se garde bien, dans ses communications officielles, de mentionner l'année 2024 comme la date du retour de l'Homme sur la Lune.
La Nasa retient ces trois projets d'atterrisseurs lunaires
Article de Rémy Decourt publié le 04/05/2020
Les projets d'atterrisseurs lunaires de Blue Origin, SpaceX et Dynetics (avec Thales Alenia Space) ont été retenus par la Nasa. Les trois sociétés ont jusqu'au mois de février 2021 pour affiner leur proposition. À cette date, la Nasa sélectionnera le système d'atterrissage retenu et donnera son feufeu vert à la fabrication des deux premières unités de vol desservant les missions de 2024 et 2026.
La Nasa, qui a pour objectif de retourner sur la Lune dès 2024, a dévoilé les trois sociétés retenues pour présenter un projet abouti de leur système d'atterrissage pour transporter des équipages entre l'orbite lunaire et la surface de la Lune dans le cadre du programme Artemis. Ce futur véhicule doit permettre à un équipage de deux à quatre astronautes d'atteindre la surface lunaire, de vivre et d'opérer au sol pendant au moins une semaine, puis de rejoindre l'orbite lunaire.
Il s'agit de Blue Origin, de SpaceX et de Dynetics. Thales Alenia Space sera partenaire de Dynetics et sera en charge de la conception de la cabine pressurisée, lieux de vie de l'équipage comprenant la structure primaire, l'écoutille et la porteporte d'accès aux activités extravéhiculaires, les fenêtresfenêtres et les protections thermiques et antimicrométéorites. Le projet d'atterrisseur lunaire de Boeing, en partenariat avec Vivace, n'a pas été retenu. Un nouveau revers pour Boeing qui n'a pas non plus décroché de contrat pour la réalisation d'éléments de la petite station lunaire (le GatewayGateway).
En février 2021, la Nasa passera en revue chaque projet et en retiendra un ou plusieurs. Compte tenu des délais très courts d'ici à 2024, date prévue de la première mission habitée, l'atterrisseur le plus susceptible d'être prêt à cette date sera sélectionné a indiqué la Nasa. Cependant, la Nasa n'exclut pas de sélectionner une des deux autres sociétés, voire les deux, pour développer des atterrisseurs plus aboutis et mieux adaptés aux missions ultérieures qui pourraient durer jusqu'à 45 jours.
Incertitude sur le sort de la petite station lunaire
Aucune des trois sociétés sélectionnées n'a proposé d'utiliser le Space Launch System (SLS) que développe Boeing pour le compte de la Nasa et dont l'avenir s'assombrit. Blue Origin utilisera son lanceur New Glenn ou le VulcanVulcan d'ULA, dont elle fournira le moteur de l'étage principal. Dynetics utilisera également le Vulcan d'ULA tandis que SpaceX, sans surprise, utilisera le Super Heavy. Si la Nasa s'est voulue rassurante sur l'avenir du SLS, en soulignant qu'il sera utilisé pour lancer le véhicule Orion et des missions robotiques, son utilité pourrait être remise en cause. Ce programme accuse plusieurs années de retard, des dépassements de coûts significatifs et un coût d'utilisation annoncé comme très supérieur à ceux des autres lanceurs américains en développement, également capables de lancer une capsule habitée.
La Nasa a également précisé que, pour les deux premières missions habitées de retour sur la Lune, en 2024 et 2026, le Gateway ne sera pas prêt. Le scénario initial qui prévoyait d'utiliser le Gateway comme un poste avancé, où viendraient s'amarrer le véhicule OrionOrion et l'atterrisseur lunaire, est donc abandonné au profit d'une manœuvre incertaine de transfert d'équipage en orbite. Initialement, les équipages devaient rejoindre cette petite station avant d'embarquer à bord de l'atterrisseur lunaire. Dans ce nouveau scénario, qui s'inspire des missions Apollo, le transfert des équipages, du véhicule Orion à l'atterrisseur lunaire, sera réalisé en orbite à proximité de la Lune.
Bien que la Nasa soit convaincue de l'utilité du Gateway, qu'elle présente comme « d'une importance critique » pour les phases suivantes de l'exploration lunaire, son intérêt, comme celui du SLS, pourrait être remis en question alors que les États-Unis vont devoir financer un plan massif de relance de l'économie, durement frappés par la pandémiepandémie de coronaviruscoronavirus. À suivre donc.
La Nasa annonce une nouvelle étape "majeure" dans le programme lunaire Artemis
Article de Futura avec l'AFP Relaxnews publié le 23/07/2019
Ce lundi 22 juillet, l'agence spatiale américaine a demandé au secteur aérospatial de lui proposer des projets détaillés de véhicules pour faire atterrir deux astronautes sur la Lune d'ici 2024, objectif réaffirmé par les États-Unis lors du 50e anniversaire de la mission Apollo 11Apollo 11.
La Nasa a annoncé une nouvelle étape « majeure » dans le programme lunaire, baptisé Artemis, avec la publication de documents expliquant en détail ce qu'elle attend du secteur spatial. L'objectif est de poser deux astronautes, dont une femme, sur le sol lunaire en 2024, au pôle Sud, où ils resteraient six jours et demi, selon l'un de ces documents.
Onze sociétés avaient été sélectionnées en mai par la Nasa pour mener des études de faisabilité et développer des prototypes d'ici six mois, dont des géants traditionnels du secteur (Boeing, Lockheed Martin, Northrop Grumman) et de nouveaux venus comme SpaceX et Blue Origin, la firme du patron d'AmazonAmazon Jeff BezosJeff Bezos, qui a déjà présenté un projet d'atterrisseur.
La Nasa passe à la vitesse supérieure
Cette fois, la Nasa passe une étape supérieure, avec des dizaines de pages de prérequis pour l'électronique embarquée, les communications et jusqu'aux combinaisons spatiales. N'importe quelle société peut répondre.
« Au lendemain du 50e anniversaire d'Apollo 11, nous venons de publier un projet de sollicitation aux entreprises américaines pour qu'elles nous aident à développer le système d'atterrissage humain du XXIe siècle qui permettra de faire alunir la première femme et le prochain homme sur la Lune en 2024 », a tweeté l'administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine. « Nous y allons », a-t-il ajouté en lettres capitales.
Ce n'est que dans plusieurs mois que la Nasa, après avoir reçu des réponses des firmes spatiales, décidera qui le construira et comment. Cet atterrisseur sera l'équivalent du module lunaire qui avait emmené Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur la Lune. Une différence importante toutefois : le véhicule sera amarré à une mini-station en orbite autour de la Lune, « Gateway », qui servira de point d'étape entre la Terre et la Lune, notamment pour être réutilisée et ravitaillée en carburant.
Pour l'instant, le programme Artemis est en retard, principalement à cause des délais de constructionconstruction du lanceur lourd SLS.