Des chercheurs ont déterminé la proportion de textes de littérature médiévale européenne qui a survécu jusqu'à aujourd'hui. Ils ont pour cela effectué un surprenant parallèle entre littérature médiévale et biodiversité.
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La littérature médiévale européenne est largement connue à travers les aventures du Roi Arthur, de ses chevaliers et de Merlin. Les histoires qui ont survécu jusqu'à aujourd'hui incluent également des récits autour de Charlemagne ainsi que des romans de chevalerie avec des personnages emblématiques tels que Beowulf. Il est pourtant certain que ces contes médiévaux ne sont pas les seuls à avoir été inventés au Moyen Âge.
De nombreuses œuvres de la littérature médiévale ont disparu en raison de plusieurs incendies dévastateurs de bibliothèques au cours du siècle dernier, de la destruction de manuscrits ainsi qu'en raison de la réutilisation d'ouvrages. L'un des exemples d'une telle pratique est la confection de la mitre d'un évêque à partir des restes d'un roman de chevalerie.
Qu'en est-il donc de tous les contes aujourd'hui disparus ? S'il est impossible de déterminer quelle était la teneur de ces écrits, une équipe de recherche a déterminé quelle a pu être la proportion de littérature médiévale européenne qui a été sauvegardée jusqu'à aujourd'hui. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le journal Science.
Un parallèle entre écologie et littérature médiévale
La transmission des artefacts du passé jusqu'à la période actuelle constitue un problème récurrent pour les personnes qui étudient la littérature médiévale mais également pour les archéologues et les paléontologuespaléontologues. Ce problème est connu sous le nom de « biais du survivant » et signifie que seule une fraction des éléments du passé est connue aujourd'hui.
“Le « biais du survivant » signifie que seule une fraction des éléments du passé est connue aujourd'hui”
Cette vision tronquée peut par conséquent entraîner une sous-estimation de la diversité de la production culturelle ou biologique dans les sociétés et écosystèmesécosystèmes anciens. Le biais du survivant est par ailleurs un concept très bien connu en écologieécologie actuelle.
Cette discipline s'intéresse notamment à la biodiversitébiodiversité et donc au nombre d'espècesespèces différentes dans un écosystème. Or, il est impossible d'évaluer avec certitude le nombre d'espèces présentes dans un milieu car certaines sont très rares et que d'autres sont extrêmement difficiles à observer. Le unseen species model permet en écologie de corriger ce biais des espèces non observées par rapport à celles qui ont effectivement été répertoriées dans un milieu.
Les auteurs de l'étude de littérature médiévale ont ainsi eu l'idée d'appliquer cette méthode à leurs données. Ils ont considéré que les œuvres étaient analogues à des espèces et que les différents manuscrits étaient comparables à un nombre d'observations.
Grâce à ce modèle, les auteurs ont pu déterminer que 9 % des manuscrits européens du Moyen Âge qui concernaient des histoires de chevalerie ou des récits héroïques ont survécu jusqu'à aujourd'hui. Ils se sont par ailleurs intéressés aux œuvres anglaises, françaises, allemandes, néerlandaises, islandaises et irlandaises. Ils expliquent que les taux de perte littéraire les plus faibles sont observés en Irlande et en Islande, par rapport aux œuvres provenant du continent.
Ils expliquent cette tendance par le fait que le nombre de copies par œuvre littéraire était plus homogène dans ces îles par rapport au continent. Or, lorsque des éléments (ou des espèces) sont en proportions similaires, leur fragilité face aux aléas environnementaux et sociétaux est plus faible que pour des éléments très rares. Si le lien entre écologie et littérature médiévale ouvre des portesportes jusqu'alors inconnues, il n'en demeure pas moins que 91 % de la littérature médiévale de chevalerie reste inconnue.
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