Non, l’US Space Force n'envisage pas d’armer des véhicules spatiaux d’ici quelques années. Elle ne prévoit pas non plus d'envoyer les premières troupes américaines dans l’espace afin d'établir la première base militaire lunaire pour sécuriser les intérêts américains sur la Lune. Du moins pas pour le moment. Explications.
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Depuis quelques semaines, différentes sorties médiatiques de responsables militaires de l'US Space Force ont relancé le débat sur les véritables visées de cette force spatiale qui constitue la sixième entité des forces armées américaines.
Mise sur pied par le président Donald Trump en décembre 2019, elle a officiellement pour principaux objectifs de protéger les satellites américains contre toute attaque physique (par collision avec un autre objet ou par un missile), toute tentative de piratage ou de brouillage, et de développer des capacités militaires offensives dans l'espace. Or, depuis sa création, les responsables militaires et politiques ont dû dissiper les idées fausses selon lesquelles cette force spatiale aurait également un programme caché de vols spatiaux habités et de déploiement, à terme, de troupes sur la Lune !
Il y a quelques jours, le lieutenant général David D. Thompson, vice-commandant de la force spatiale des États-Unis a tenu à rassurer ses partenaires internationaux et l'opinion publique en clarifiant les propos tenus par le major général John Shaw, commandant des opérations spatiales à la base aérienne de Vandenberg, en Californie.
« Il n'est pas prévu aujourd'hui d'envoyer des unités de la Force spatiale dans l'espace », a-t-il dit. En effet, lors de la conférence Afwerx « Engage Space », John Shaw a déclaré « qu'à un moment donné, nous déploierons des soldats dans l'espace » mais que la « constructionconstruction d'une base militaire sur la Lune n'était pas à l'ordre du jour », notamment parce que les « robotsrobots font très bien le travail pour l'heure ».
Protéger les intérêts américains partout où ils sont dans l'espace
Les propos du major général Shaw ont tout de même passablement énervé la présidence américaine car ils « alimentent la spéculation selon laquelle la Force spatiale n'est pas honnête quant à ses plans et ses objectifs », rapporte le site d'informations spatiales Space News. Le porteporte-parole du commandement spatial américain, le major Cody Chiles, a déclaré que Shaw ne « suggérait pas que la Force spatiale envisage de mettre en place un programme de vols spatiaux habités » mais voyait son rôle « comme un soutien au programme d'exploration humaine et pacifique de l'espace que promeut la Nasa ».
Il y a quelques semaines, la Nasa et l'US Space Force se sont associées dans le cadre d'un vaste accord qui englobe notamment « les vols habitésvols habités, le transport spatial, la sécurité dans l'espace des intérêts américains, la recherche scientifique et la défense planétaire » indique un communiqué de la Nasa.
Les atermoiements sur le rôle futur de la force spatiale des États-Unis dans l'espace s'expliquent aussi par les plans de la Nasa qui souhaite s'installer durablement sur la Lune, prélude à la conquête de la planète Mars. Or, la Nasa ne cache pas que l'exploration viable et durable de la Lune et de Mars repose sur l'utilisation des ressources naturelles. Cette force spatiale qui a vocation à protéger les intérêts américains dans l'espace, que ce soit l'infrastructure spatiale et les activités en orbite basse, ne peut évidemment pas laisser s'installer des Américains et une économie sur la Lune sans leur garantir un minimum de sécurité.
Se préparer à une plus grande activité humaine sur la Lune
Comme le rappelle le chef de l'US Space Force, le général John Raymond, « nous voulons aider à prévenir les conflits dans l'espace et non pas les déclencher ». Or, si aujourd'hui les activités spatiales militaires ne s'étendent pas plus loin que les satellites en orbite géostationnaireorbite géostationnaire, demain, l'activité spatiale commerciale et les futures capacités des États-Unis ont le potentiel d'étendre la portée des intérêts des Américains jusqu'à la Lune et au-delà à plus long terme.
“Garantir la sécurité de nos intérêts partout où ils se situeront dans l’espace”
« Il sera donc de la responsabilité de l'US Space Force de garantir la sécurité de nos intérêts partout où ils se situeront dans l'espace » et s'ils « s'étendent au-delà de l'orbite géostationnaire, alors nous nous déploierons également au-delà ».
Comme l'a déclaré le Lt. Gen. David D. Thompson lors d'une conférence en ligne organisée par DefenceOne, « nous devons nous préparer à la possibilité d'une plus grande activité humaine sur la Lune et à sa colonisation, ce qui pourrait nécessiter une présence militaire ». Une présence militaire qui ne se traduira pas forcément par la présence de soldats !
En effet, les menaces et risques auxquels seront exposés les premiers explorateurs lunaires, puis les colons, seront essentiellement liés à la gestion du trafic, la surveillance météorologiemétéorologie (radiation, activité solaire) et des météoritesmétéorites (chute, collision), la sécurité des communications (coupures, brouillages). Des tâches que rempliront aisément une infrastructure robotiquerobotique dédiée.
Cela dit, à plus long terme, si les relations diplomatiques entre les États-Unis, la Russie et la Chine ne s'améliorent pas, à part le bon sens, rien ne peut empêcher légalement des Chinois ou des Russes à débarquer à quelques encablures du Camp de base Artemis. Et encore moins d'exploiter le même gisementgisement d'une ressource lunaire. À suivre donc.