Des météorites, il en tombe tous les jours sur Terre. Mais des météorites qui viennent de notre propre planète, c’est beaucoup moins commun ! D’ailleurs, si les analyses des chercheurs français se confirment, celle trouvée au Maroc serait la première météorite boomerang connue.
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En 2018, des chasseurs de météorites ont découvert un morceau de caillou d'un peu moins de 650 grammes dans le désert du Sahara, au Maroc. Personne ne l'avait vu tomber sur Terre. Mais il n'est pas impossible qu'il ait été déplacé une ou plusieurs fois par des peuples nomades vivant dans la région. Les premières analyses, elles, laissaient penser qu'il pourrait s'agir d'une roche volcaniqueroche volcanique. Pas grand-chose à signaler, donc.
Jusqu'à ce que des spécialistes de l’étude des météorites de l’université d’Aix-Marseille décident d'y regarder d'un peu plus près. Au départ, juste parce que cette roche était « étrange ». Et à l'occasion de la Conférence Goldschmidt 2023, une conférence internationale de géochimie qui s'est tenue il y a quelques jours à Lyon, les chercheurs ont présenté leurs résultats. Selon lesquels NWA 13188 -- pour Northwest Africa 13188 -- serait finalement tout à fait exceptionnelle. Il s'agirait de la toute première météorite boomerang. Une météorite terrestre, donc.
Le saviez-vous ?
En 2019, des chercheurs ont identifié dans un échantillon de Lune ramené sur Terre par la mission Apollo 14, de minuscules fragments de quartz, de feldspath et de zircon. Des fragments probablement tous originaires de notre planète. Les chercheurs ont suggéré que ce morceau de roche aurait pu avoir été éjecté de notre Terre lorsque la Lune était bien plus proche de notre planète, il y a des milliards d’années. Il s’agirait alors de la première météorite terrestre retrouvée.
Une météorite terrestre ? Oui. Une roche formée sur Terre et expulsée vers l'espace où elle aurait potentiellement passé des millions d'années avant de retomber sur notre planète. Dans un jeu de boomerang cosmique.
Une météorite, sans doute, mais est-elle terrestre ?
Parmi les indices qui font penser que NWA 13188 est une météorite terrestre, il y a d'abord le fait qu'elle concentre effectivement toutes les caractéristiques d'une roche volcanique. Voilà pour le côté terrestre. Il y a ensuite la « croûtecroûte » qui la recouvre. Une fine couche de roche qui a visiblement été soumise à un choc thermique. Le signe qu'elle a brûlé en entrant dans l'atmosphère de la Terre. Une fine couche que l'on ne retrouve pas sur les roches volcaniques restées sur notre Planète. Seulement sur les cailloux venus de l'espace. Voilà donc aussi pour le côté météorite
S'ajoutent à cela quelques isotopes aussi -- comme le béryllium-3, l'hélium-10 et le néon-21 -- qui suggèrent que la roche a été exposée à des rayonnements cosmiques. Pendant une duréedurée assez longue. D'au minimum 10 000 ans. Et voici donc comment la théorie de la météorite terrestre boomerang est née.
Les chercheurs expliquent qu'une éruption massive a pu directement éjecter la roche vers l'espace. Mais il n'y a pas dans les enregistrements géologiques, de trace d'une éruption assez puissante pour cela. Même la récente éruption record du volcan sous-marin Hunga Tonga-Tunga Ha’apai n'a pas pu envoyer des roches à une altitude suffisante. Il semble ainsi plus probablement que la roche ait été catapultée à l'occasion d'une grosse collision avec un astéroïdeastéroïde.
Mais tout cela reste à confirmer. Les travaux des chercheurs de l'université d'Aix-Marseille n'ont pas encore été validés par des pairs. Et certains estiment que la roche a tout à fait pu être formée ailleurs dans notre Système solaireSystème solaire, tout en présentant des similitudes avec les roches terrestres. D'autant que pour l'heure, la supposée météorite boomerang n'a pas pu être datée et reliée à un cratère d'impact en particulier. C'est bien la tâche à laquelle l'équipe française compte désormais s'atteler.