Une cinquantaine de chercheurs internationaux se sont penchés sur le fragment de la météorite de Novato, tombé en Californie le 17 octobre 2012. Il apparaît, selon leur expertise, que ce caillou de 35 cm a connu un long périple commencé voici plus de 4,4 milliards d’années, après qu’un planétoïde de la taille de Mars (nommé Theia) soit entré en collision avec la Terre…

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    Tombé le 17 octobre 2012, au nord de San Francisco, sur le toittoit du garagegarage d'une maison de la petite ville de Novato, le fragment de météorite retrouvé est l'un des mieux étudiés au monde a révélé la Nasa. Un consortium international de cinquante chercheurs y a en effet consacré beaucoup de temps et vient de livrer ses conclusions dans le numéro d'août de la revue spécialisée Meteoritics and Planetary Science. Selon eux, le corps céleste qui a pénétré notre atmosphèreatmosphère voici près de deux ans devait mesurer à l'origine quelque 35 cm et peser environ 80 kgkg avant qu'il ne se brise et s'éparpille en plusieurs morceaux au-dessus de cette région de la Californie. Les données sur sa trajectoire et ses caractéristiques physiques ont indiqué que l'objet a effectué un long et périlleux chemin avant de s'échouer sur notre planète et d'être ramassé. D'ailleurs, comme l'explique l'astronomeastronome Peter Jenniskens, spécialiste des météorites, qui a mené cette grande enquête pour l'institut Seti au centre de recherche Ames de la Nasa, « nos recherches ont révélé une longue histoire qui date de la période où la Lune s'est formée à partir de la Terre après un impact géant ».

    Un parcours très tumultueux

    « Nous avons déterminé que la météorite a probablement obtenu son aspect noir de chocs d'impact important (...) voici 4.472 milliards années, environ 64 à 126 millions d'années après la formation du système solaire », commente le professeur Qing-zhu Yin (département des sciences terrestres et planétaires de l'Université de Californie). « Nous suspectons à présent que l'impact qui a formé la Lune a pu éparpillé des débris à travers tout le système solaire interne et heurter le corps-parent de la météorite de Novato ».

    Fragment de la météorite de Novato retrouvé par Bob Verish. © B. Verish, Seti

    Fragment de la météorite de Novato retrouvé par Bob Verish. © B. Verish, Seti

    Errant plusieurs milliards d'années, l'astéroïdeastéroïde-parent a vraisemblablement subi une collision il y a 470 millions d'années laquelle pourrait être à l'origine d'un courant de débris au sein de la ceinture d'astéroïde connu sous le nom de famille de Gefion. Mais son sort est encore loin d'être scellé. Notre petite météorite dite de Novato aurait, en réalité, quitté les siens voici 9 millions d'années, considère le cosmochimiste Kees Welten. « Mais peut-être au sein d'un objet plus grand jusqu'il y a seulement un million d'années » renchérit son collègue de l'Université de Berkeley, Kunihiko Nishiizumi. Il semble en tout cas que le corps-parent revenait périodiquement dans la zone peuplée d'astéroïdes, entre Mars et JupiterJupiter. Enfin, les mesures effectuées de sa thermoluminescencethermoluminescence -- énergieénergie stockée libérée sous forme de lumièrelumière, après que le matériaumatériau fut chauffé -- ont révélé que le corps rocheux fut chauffé à nouveau et brisé il y a moins de 100.000 ans, sans que les chercheurs puissent encore en déterminer la cause.

    Présence de composés organiques

    Après son entrée dans l'atmosphère terrestre, six fragments furent retrouvés et étudiés. Les chercheurs racontent qu'ils furent « surpris de constater que la violence de l'impact n'a pas beaucoup altéré les composés organiques qu'ils renferment ». Notamment des hydrocarbures aromatiqueshydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), moléculesmolécules complexes à base de carbonecarbone et abondantes dans l'UniversUnivers, identifiés par Qinghao Wu et Richard Zare, chercheurs à l'Université de Stanford. En ce qui concerne les acides aminésacides aminés, Daniel Glavin (Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center) et son équipe ont relevé la présence de variétés inhabituelles non protéiques, aujourd'hui très rares sur la Terre.