La semaine des mathématiques est l'occasion de mettre en lumière un domaine aussi passionnant que mal-aimé... et de découvrir les visages des chercheuses encore trop peu nombreuses. Voici le portrait de cinq mathématiciennes géniales qui pourraient marquer notre siècle.
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Elles sont jeunes ou plus expérimentées, viennent de tous les pays du monde et ont un point commun : la passion des mathématiques, qui a guidé leur parcours brillant. De quoi inspirer de futures générations en leur rappelant que les maths sont aussi un domaine de l'imagination et de la créativité... celle des filles comme des garçons.
Découvrez l'histoire de Sophie Germain, une mathématicienne qui dut se faire passer pour un homme afin de pouvoir publier ses travaux ! © Futura
Nalinie Anantharaman, l’électron libre
Nalini Anantharaman, née en 1976, est une mathématicienne française touche-à-tout et inclassable du fait de la diversité des domaines qu'elle étudie. Elle est réputée pour publier rarement, mais des articles impactants : son travail est reconnu pour ses contributions à la théorie spectrale des systèmes dynamiques quantiques chaotiques, l'exploration des liens entre mathématiques et physique théorique, et l'étude des résonances quantiques, avec des implications importantes dans divers domaines scientifiques : analyse et physique mathématique, physique quantique, mécanique quantique, analyse mathématique, ainsi que dans l'étude des systèmes dynamiques et des grands graphes.
Elle a reçu plusieurs prix prestigieux, dont le prix Salem en 2010 et le prix Henri PoincaréHenri Poincaré pour la physique mathématique en 2012, auxquels s'ajoute la médaille d'argent du CNRS en 2013. En dehors de ses activités académiques, elle est, excusez - du peu - une pianiste passionnée.
Ingrid Daubechies, la physicienne récompensée pour ses travaux mathématiques
Ingrid Daubechies est une physicienne et mathématicienne de renommée internationale née en Belgique en 1954 et naturalisée américaine. Elle a étudié à la Vrije Universiteit Brussel et a ensuite débarqué aux États-Unis où elle a brillé à l'université Rutgers et à l'université de Princeton, avant d'enseigner à l'université Duke. Elle est connue pour ses travaux sur les ondelettes, notamment les « ondelettes de Daubechies », utilisées dans la compression d'images et le traitement du signal.
Elle a également contribué à des domaines tels que l'imagerie médicale et la détection d'ondes gravitationnellesondes gravitationnelles. La chercheuse a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Wolf de mathématiques en 2023, devenant la première femme à remporter cette récompense. Son travail a révolutionné l'analyse harmonique, et a permis des avancées technologiques majeures, notamment le développement de JPEGJPEG 2000, un mode de compression d'images aujourd'hui utilisé partout, ainsi que la transmission de données sur InternetInternet.
Maryam Mirzakhani, la comète qui a illuminé le ciel des mathématiques
On ne présente plus Maryam Mirzakhani. La mathématicienne iranienne, née en 1977 à Téhéran, a été la première femme à recevoir en 2014 la médaille Fields, le prix le plus prestigieux en mathématiques, attribué seulement tous les quatre ans. Elle a grandi à Téhéran, où elle a intégré un établissement pour jeunes filles surdouées. Si elle souhaitait au départ devenir écrivain, elle s'est finalement passionnée pour les mathématiques, un autre domaine créatif pour lequel elle a montré un talent exceptionnel, remportant plusieurs médailles d'or aux Olympiades internationales.
Elle a obtenu son doctorat à l'université Harvard, résolvant deux problèmes majeurs en mathématiques et les reliant dans sa thèse, ce qui lui a valu d'être publiée dans une prestigieuse revue de mathématiques alors qu'elle était encore étudiante, quand d'autres chercheurs diplômés ne faisaient qu'en rêver. Son travail a porté, entre autres, sur les surfaces de Riemannsurfaces de Riemann et la géométrie hyperbolique. En tant que professeure à l'université Stanford, elle a inspiré de nombreuses jeunes femmes à poursuivre une carrière en mathématiques.
Elle décède finalement en 2017 des suites d'un cancer du sein à l'âge de quarante ans. Les hommages se sont multipliés partout dans le monde, et elle est devenue la première femme à voir son image diffusée en public par le gouvernement iranien alors qu'elle ne portait pas de voile. À l'aubeaube d'une carrière extraordinaire, elle laisse derrière elle un héritage important, dont le théorèmethéorème dit de « la baguette magique » lui ayant valu la médaille Fields et dont toutes les possibilités d'applicationapplication n'ont pas encore été explorées.
Maryna Viazovska, la relève assurée
Maryna Viazovska est une mathématicienne de renom originaire d'Ukraine, née à Kiev en 1984. Elle a fait des contributions significatives dans le domaine de la théorie des nombres et de la géométrie. Après avoir obtenu son doctorat à l'université de Bonn en 2013, elle est devenue professeure à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse. En 2016, elle a résolu le problème d'empilement compact en dimensions 8 et 24, trouvant la manière la plus optimale de disposer un maximum de sphères dans ces espaces, un problème qui a intrigué les mathématiciensmathématiciens pendant des siècles. Cette découverte a non seulement résolu une question de longue date mais a également ouvert de nouvelles pistes de recherche en mathématiques.
Pour ses travaux, Viazovska a reçu plusieurs distinctions, mais est surtout devenue la deuxième femme de l'Histoire à recevoir la médaille Fields en 2022. Son approche pour résoudre le problème d'empilement des sphères est admirée pour sa clarté et son élégance. Elle a réussi à établir des liens entre des domaines mathématiques variés, comme la théorie des nombres et l'analyse de Fourier. Elle est également reconnue pour son engagement humanitaire, notamment en dédiant ses succès à ses collègues et compatriotes affectés par le conflit en Ukraine.
Amina Doumane, le talent à suivre
Amina Doumane, informaticienne théoricienne née en 1990 au Maroc, a réalisé une avancée majeure dans la logique mathématique en prouvant de manière constructive le théorème de complétude pour le μ-calcul linéaire. Son travail relie la logique mathématique à la vérification des logicielslogiciels. Traduction : elle a mis au point une méthode bétonbéton pour s'assurer que les logiciels respectent certaines spécifications logiques, ce qui est crucial pour leur fiabilité et leur sécurité.
Et avec son raisonnement inductif et co-inductif, cette méthode permet d'aborder tous les aspects complexes des logiciels, en tenant compte à la fois des cas de base et des cas récursifs. Bref, elle offre une garantie solidesolide que les résultats sont valables. Amina Doumane a obtenu plusieurs récompenses, dont le prix Gilles Kahn, pour l'excellence de sa thèse, confirmant son talent scientifique.
Laure Saint-Raymond, brillante et engagée
Laure Saint-Raymond est une mathématicienne française qui se distingue par ses recherches approfondies en analyse asymptotique des équations aux dérivées partielles. Elle se concentre notamment sur la modélisationmodélisation mathématique des gazgaz, des plasmas et des fluides, des domaines essentiels pour comprendre les phénomènes physiques complexes. Son travail vise à élaborer des modèles mathématiques précis qui permettent de mieux appréhender le comportement de ces systèmes physiques dans des conditions variées.
En utilisant des outils mathématiques sophistiqués, elle travaille à résoudre des problèmes fondamentaux posés par Hilbert au début du XXe siècle concernant l'axiomatisation de la physique.
En parallèle de son activité de recherche, Laure Saint-Raymond est engagée en faveur de la parité et de l'inclusion des femmes dans les sciences. En tant que membre de l'Académie des sciences, elle utilise sa position pour promouvoir la diversité et l'égalité des genres dans le domaine scientifique. Elle participe à des initiatives visant à encourager les femmes à poursuivre des carrières scientifiques et à briser les stéréotypes de genre dans ce domaine.
Et ce florilège n'est que la partie immergée de l'iceberg, puisque malgré leur recul dans les études scientifiques en France - dû notamment aux dernières réformes de l'éducation nationale - les filles sont nombreuses dans le monde à avoir développé la bosse des maths. Une diversification en cours qui laisse présager de très belles découvertes dans les années à venir.