Les scientifiques n’en reviennent pas de la diversité géologique de Mars. Perseverance vient en effet de découvrir une roche qui jure totalement dans le panorama constitué de roches sombres, et dont la composition indique qu’elle s’est formée en profondeur. Comment cette roche est-elle arrivée là ? Voilà un nouveau mystère à résoudre.


au sommaire


    Alors qu'il remonte le lit d'une ancienne rivière martienne, PerseverancePerseverance est tombé sur un étrange caillou. Au milieu du paysage parsemé de roches sombres, Atoko Point se voit en effet comme le neznez au milieu de la figure. Atoko Point, c’est le surnom donné à ce bloc de roche claire situé au niveau du mont Washburn.

    Une roche magmatique formée dans les tréfonds de la croûte martienne

    Grâce à ses instruments SuperCam et Mastcam-Z, Perseverance a pu rapidement caractériser l'intrus. Les données révèlent que le bloc, qui mesure 45 x 35 cm, est composé principalement de pyroxènespyroxènes et majoritairement de feldspathsfeldspaths, qui lui donnent cette couleur claire. Il pourrait donc s'agir d'une anorthositeanorthosite, une roche magmatiqueroche magmatique intrusive (on parle aussi de roche plutoniqueroche plutonique), qui aurait cristallisé en profondeur, peut-être au niveau de la croûtecroûte inférieure. C'est bien la première fois que le rover découvre ce type de roche à la surface de Mars !

    Atoko point pourrait donc aider les scientifiques à mieux comprendre comment et quand la croûte de Mars s’est formée. Reste à savoir comment elle est arrivée là !

    La roche est composée de pyroxènes (minéraux sombres) et de feldspaths (minéraux clairs). Il s'agit apparemment d'une anorthosite. © Nasa, JPL-Caltech, ASU, MSSS 
    La roche est composée de pyroxènes (minéraux sombres) et de feldspaths (minéraux clairs). Il s'agit apparemment d'une anorthosite. © Nasa, JPL-Caltech, ASU, MSSS 

    Un bloc charrié par la rivière il y a plusieurs milliards d’années ?

    Il n'y a pas trente-six moyens de mettre à l'affleurementaffleurement des roches plutoniques. Sur Mars, il ne faut compter que sur l'érosion, alors que sur Terre, les mouvements tectoniques peuvent également faire remonter des unités très profondes. Il est possible que la roche provienne d'une ancienne intrusion magmatique mise en place dans la région du cratère Jezero. Mais la position très isolée du bloc laisse penser qu'il a été transporté, certainement par la rivière qui alimentait il y a bien longtemps le cratère. Ce caillou pourrait donc provenir de beaucoup plus loin.

    De nouvelles analyses pourront peut-être aider à en apprendre plus sur son origine. Ces résultats permettront aux scientifiques de savoir si cela vaut la peine de réaliser un échantillonnageéchantillonnage de cette roche, dans l’optique d’un rapatriement sur Terre.