Le nombre de rivières ayant coulé à la surface de Mars pourrait être bien plus important qu’on ne le pensait jusqu’à présent. Voilà la conclusion d’une nouvelle étude qui se base sur des observations réalisées par le rover Curiosity dans le cratère Gale.


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    Aujourd'hui, si la Planète rouge est totalement aride, les traces de la présence passée de lacs et de rivières, voire d'un océan, sont indiscutables. Grâce aux données acquises par les sondes en orbite ou par les rovers qui arpentent sans relâche le régolithe martien, des indices ont pu être récoltés un peu partout sur la planète. Une nouvelle étude révèle d'ailleurs que les cours d'eau sur Mars auraient même été bien plus nombreux qu'on ne le pensait jusqu'à présent.

    Sur les traces des anciens chenaux martiens

    Habituellement, les anciennes rivières martiennes sont identifiées grâce à la reconnaissance de structures que l'on appelle des « crêtes fluviales ». L’ancien chenal rempli de sédiments est en effet mis en relief par l'érosion des roches plus tendres constituant la plaine fluviatile environnante. Ce type de structures est particulièrement bien visible sur les images satellites. Mais, à l'intérieur du cratère Gale, le rover Curiosity a observé des dépôts de rivières qui ne sont pas associés à des crêtes fluviales. À cet endroit, l'ancien chenal se présente en effet sous une forme bien différente. Un type de relief qui n'était jusqu'à présent pas considéré et dont la reconnaissance dans le paysage martien pourrait faire bondir le nombre d'anciennes rivières identifiées jusqu'à présent.

    En haut, un affleurement présentant une forme de « nez » dans le cratère Gale. En bas, des alternances de terrasses et de pentes. Ces morphologies pourraient indiquer la présence d'anciens chenaux. © Nasa, Caltech-JPL, MSSS
    En haut, un affleurement présentant une forme de « nez » dans le cratère Gale. En bas, des alternances de terrasses et de pentes. Ces morphologies pourraient indiquer la présence d'anciens chenaux. © Nasa, Caltech-JPL, MSSS

    Des marqueurs différents dans les cratères de Mars

    Les dépôts identifiés par CuriosityCuriosity se présentent en effet sous la forme d'alternances de bancs et de petites pentes, mais également d'affleurementsaffleurements présentant une morphologiemorphologie en forme de neznez. Dans un article publié dans la revue Geophysical Research Letters, une équipe présente les résultats d'une modélisation numériquenumérique visant à reproduire ce type de morphologie du paysage martien grâce à des processus érosifs se jouant sur plusieurs milliards d'années. Les modèles montrent ainsi que ce type de structure est obtenu principalement lorsque les rivières se sont écoulées au fond d'anciens cratères, dont les bords orientent les ventsvents d'une certaine manière. Cette architecture particulière des vents aurait donc érodé les anciens chenaux et la plaine fluviale d'une façon différente, ne produisant pas les typiques crêtes fluviales, mais d'autres architectures.

    Un paysage sillonné par une multitude de rivières, voilà à quoi devait certainement ressembler Mars il y a plusieurs milliards d'années.