Depuis que Perseverance a commencé à recueillir des échantillons de roches à la surface de Mars, les scientifiques n’ont plus qu’une chose en tête : ramener ces poussières extraterrestres sur Terre. Un défi technologique. Mais un défi aussi en matière de protection. Car, qu’adviendrait-il si une forme de vie se cachait dans ces échantillons et trouvait son chemin jusqu’à nous ?
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En février 2021, le rover de la Nasa PerseverancePerseverance se posait sur Mars. Sa mission : chercher des traces de vie sur la Planète rouge. Des traces qui pourraient se cacher dans les échantillons de roches qu'il est chargé de recueillir. Un premier prélèvement a d'ailleurs eu lieu en septembre dernier. L'échantillon a été stocké dans le caisson hermétique prévu à cet effet. Sept autres ont déjà connu le même destin. Dans l'attente d'être récupérés par une autre mission. Puis ramenés sur Terre pour être analysés dans le détail.
Et c'est justement ce dernier point qui pose aujourd'hui question. Comment la Nasa compte-t-elle protéger notre Planète d'éventuels microbesmicrobes martiens embarqués dans le voyage ? Car même si la probabilité pour que la vie existe sur Mars est faible, elle n'est pas nulle.
Le saviez-vous ?
La Nasa a décidé de recueillir les commentaires du public concernant son projet de mission de récupération d’échantillons sur Mars. Vous pouvez vous exprimer par courrier ou , jusqu’au 16 mai 2022.
Une enquête similaire menée dans les années 1990 avait montré que le « risque biologique associé au retour sur Terre d’échantillons martiens » n’était pas, alors, considéré comme important. Par rapport, surtout, au risque nucléaire et alimentaire, par exemple.
Le plan, c'est le suivant. Attention, il est un peu compliqué. Car il nécessite l'intervention de plusieurs engins. D'abord une sonde de retour des échantillons sur Terre -- fournie par l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) --, baptisé Earth Return Orbiter. Elle devrait être lancée en 2027. Ensuite, un rover de récupération, le Mars Fetch Rover -- toujours fourni par l'ESA --, et sa plateforme d'atterrissage qui devraient être prêts à partir pour Mars en 2028. Enfin, une sorte de fuséefusée martienne, le Mars Ascient Vehicle, qui elle aussi s'envolerait en 2028. L'idée, donc, c'est que le rover récupère les échantillons scellés. Des échantillons lancés avec la fusée pour rejoindre l'orbite de Mars. Le tout serait alors récupéré par la sonde de retour.
Un réel risque de contamination
Dans l'opération, il est prévu que le conteneur à échantillon soit stérilisé à la chaleur. À près de 500 °C. Pour éliminer, au moins sur le conteneur, toute éventuelle biomolécule qui pourrait présenter un quelconque danger. En préservant, malgré tout intacts, les échantillons de roche qui se trouve à l'intérieur. L'opération s'annonce délicate.
Ensuite, les ingénieurs de la Nasa prévoient de récupérer le tout quelque part dans le désertdésert de l'Utah (États-Unis). Mais des voix s'élèvent déjà. Celle du Comité international contre le retour d'échantillons de Mars, par exemple. Comment assurer qu'après un crash à près de 150 km/h, le conteneur à échantillon ne sera pas endommagé ? Que se passerait-il alors si des organismes pathogènespathogènes martiens se retrouvaient libres de se propager sur Terre ?
Les scientifiques qui ont planché sur la question ont leur idée. Selon eux, quelles que soient les formes de vie qui pourraient exister sur Mars, elles seraient certainement mal adaptées à la vie sur Terre. À la vie dans un environnement complètement différent. À supposer que la vie existe réellement aujourd'hui sur Mars... Ce que les experts jugent « hautement improbable ».
Malgré tout, les scientifiques comptent bien « adopter une position de protection de la Terre », au moins jusqu'à ce que nous sachions « ce qu'il y a là-bas ». Mais finalement, le vrai danger serait plutôt celui d'une contamination des précieux échantillons martiens par du matériel terrestre. Comme si les milliards de dollars investis partaient ainsi en fumée. Alors même si les scientifiques s'attendent à quelques réticences de la part du public, surtout après la pandémie de Covid-19 que nous avons vécue, ils restent impatients. Après avoir « regardé ce monde à travers les yeuxyeux de robotsrobots », ils espèrent enfin pouvoir voir de leurs propres yeux « cette fameuse poussière rouge ».