Tour de roue après tour de roue, Perseverance et Curiosity continuent leur périple. Et on peut dire que l’année 2024 a été plutôt bonne pour eux ! Sur Mars, les deux rovers de la Nasa en activité nous ont encore rapporté une bonne moisson de données, avec certaines découvertes qualifiées d’exceptionnelles. Petite rétrospective pour se remémorer les points marquant de cette nouvelle année sur Mars.

 


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    Pour nous autres Terriens, 2024 n'aura certes pas été une année très sereine, entre les conflits qui se multiplient un peu partout dans le monde et les crises politiques à n'en plus finir. Mais il y en a deux pour qui toute cette agitation ne semble pas avoir d'impact. Loin des tribulations des terriens, PerseverancePerseverance et CuriosityCuriosity continuent en effet leur inlassable quête scientifique sur Mars.

    Mètre par mètre, les deux rovers poursuivent leur exploration de la Planète rouge, qui a débuté il y a plusieurs années maintenant. Deux missions au long courslong cours qui ont déjà apporté une masse phénoménale d'informations sur l'environnement martien et l'histoire de la planète, dans le but ultime de savoir si, oui ou non, la vie a un jour pu se développer à sa surface.

    Et cette année 2024, tout comme les précédentes, a eu son lot de découvertes !

    Ingenuity, la fin d’une mission de haut vol !

    Cette année se termine alors que Perseverance s'est désormais attelé à escalader le bord du cratère Jezero dans lequel il s'est posé en 2021, tandis que Curiosity a également entrepris une ascension, mais dans le cratère Gale, région qu'il explore désormais depuis 12 ans !

    Toutefois, avant de se mettre à l'épreuve sur les pentes abruptes du cratère, Perseverance a dû dire au revoir à son petit compagnon IngenuityIngenuity. Ce petit drone hélicoptère, qui a accompagné le rover depuis son atterrissage, a en effet « rendu l'âme » en février dernier. L'engin a en effet endommagé l'une de ses pales, forçant les scientifiques à mettre un terme à cette mission, qui fut cependant un véritable succès. Avec 17 kilomètres parcourus au total lors de 72 vols réussis, Ingenuity a en effet dépassé de très loin ses objectifs initiaux. Il repose désormais dans Neretva Vallis, un ancien chenal de rivière qui devait autrefois alimenter le lac présent dans le cratère Jezero.

    Le rover Perseverance prenant un « selfie » avec le drone Ingenuity en arrière-plan. Suite à un dommage mécanique, le petit drone a dû être abandonné en début d'année 2024 dans Neretva Vallis. © Nasa, JPL/Caltech
    Le rover Perseverance prenant un « selfie » avec le drone Ingenuity en arrière-plan. Suite à un dommage mécanique, le petit drone a dû être abandonné en début d'année 2024 dans Neretva Vallis. © Nasa, JPL/Caltech

    Une roche carbonatée très prometteuse

    Ce chenal n'est de loin pas la première preuve que de l'eau s'est écoulée sur Mars il y a plusieurs milliards d'années. Et ce n'est pas la dernière. Un peu plus loin, Perseverance a en effet rencontré une roche particulièrement intéressante qui pourrait aider à retracer l'histoire de la planète et à savoir si elle a pu un jour accueillir la vie.

    La roche nommée Bunsen Peak, portant les traces de forage réalisées par Perseverance. La texture de la roche et sa composition carbonatée sont caractéristiques d'un dépôt lacustre. Il est possible que cette roche ait ainsi conservé des biosignatures, si la vie était présente dans le lac du cratère Jezero. Mais pour le savoir, il faudra faire revenir ces échantillons sur Terre. © NASA/JPL-Caltech/ASU/MSSS
    La roche nommée Bunsen Peak, portant les traces de forage réalisées par Perseverance. La texture de la roche et sa composition carbonatée sont caractéristiques d'un dépôt lacustre. Il est possible que cette roche ait ainsi conservé des biosignatures, si la vie était présente dans le lac du cratère Jezero. Mais pour le savoir, il faudra faire revenir ces échantillons sur Terre. © NASA/JPL-Caltech/ASU/MSSS

    Grâce à ses instruments, le rover a en effet pu déterminer que Bunsen Peak était une roche carbonatéeroche carbonatée, une roche sédimentaireroche sédimentaire qui se serait formée au fond de l'ancien lac occupant le cratère. Si des organismes vivants ont un jour peuplé ce lac, il est donc possible que cette roche en ait conservé des traces sous la forme de discrètes biosignatures. Impossible toutefois pour Perseverance d'en avoir le cœur net. Le rover a donc réalisé un échantillonnageéchantillonnage de Bunsen Peak afin qu'il soit analysé sur Terre. Scellé dans un tube, cet échantillon de roche carbonatée ne devrait toutefois pas quitter la Planète rouge de sitôt, la mission pour rapporter les échantillons n'étant pas encore clairement programmée.

    Des traces infimes qui pourraient témoigner d’une ancienne activité microbienne

    En continuant sa route, le rover est ensuite tombé sur une roche à l’aspect tout à fait particulier. Atoko Point a en effet dérouté les chercheurs par sa couleur et sa texturetexture, qui laissent penser qu'il s'agit d'une roche magmatiqueroche magmatique qui aurait cristallisé en profondeur dans la croûtecroûte martienne. Cette découverte est une première qui pourrait aider à mieux comprendre l'histoire géologique du cratère Jezero.

    Atoko Point est composé de pyroxènes (minéraux sombres) et de feldspaths (minéraux clairs). Il s'agit apparemment d'une anorthosite. © NASA/JPL-Caltech/ASU/MSSS
    Atoko Point est composé de pyroxènes (minéraux sombres) et de feldspaths (minéraux clairs). Il s'agit apparemment d'une anorthosite. © NASA/JPL-Caltech/ASU/MSSS

    Un peu plus loin, c'est le bloc dénommé Cheyava Falls qui a particulièrement agité les scientifiques. Les analyses préliminaires conduites par le rover ont en effet révélé la présence de matière organique, des traces d'interaction chimique avec de l'eau liquide ainsi que des traces réactionnelles qui, sur Terre, sont souvent associées à la présence de microbesmicrobes. Une découverte majeure qui laisse la porteporte ouverte à l'hypothèse qu'une vie primitive a bien pu se développer sur Mars, sans pour l'instant permettre d'en avoir la certitude.

    Perseverance s'est pris en selfie en juillet 2024 après avoir effectué un forage dans la roche Cheyava Falls. Peu de temps après, il est arrivé sur le site des <em>Serpentine Rapids</em>. © NASA
    Perseverance s'est pris en selfie en juillet 2024 après avoir effectué un forage dans la roche Cheyava Falls. Peu de temps après, il est arrivé sur le site des Serpentine Rapids. © NASA

    Encore une fois, ces éventuelles traces fossiles devront retourner sur Terre pour révéler tous leurs secrets. Un espoir entretenu par la découverte récente de taches vertes sur une roche que le rover a croisée dans les SerpentineSerpentine Rapids, lors de son ascension du flanc du cratère. Ici aussi, cette trace minérale pourrait être liée à une réaction associée à une activité microbienne. Sans oublier toutefois que l'origine biotique de cette trace n'est pas assurée.

    Mars : un environnement qui aurait été favorable à l’émergence de la vie

    De son côté, Curiosity n'est pas en reste et a, lui aussi, fait d'importantes découvertes au cours de cette dernière année. Les analyses conduites par le rover dans le cratère Gale laissent en effet penser que l'atmosphèreatmosphère primitive de Mars aurait été bien plus riche en oxygène qu'on ne le pensait jusqu'à présent, comme en témoigne l'importante quantité d'oxyde de manganèsemanganèse retrouvée dans les sédimentssédiments de l'ancien lac ayant occupé le cratère. Or, l'oxydationoxydation du manganèse aurait pu apporter l'énergieénergie nécessaire à de potentielles bactériesbactéries pour se développer.

    Avec son exploration de Gediz Vallis, Curiosity a ensuite confirmé qu'il s'agit bien là d'un ancien chenal ayant connu, au moins de manière temporaire, un écoulement d'eau liquide. À cette occasion, le rover a d’ailleurs découvert par inadvertance des cristaux de soufre pur, dont l'origine reste pour l'instant mystérieuse, mais qui pourrait, ici encore, aider à prouver que Mars a bien possédé dans un lointain passé les conditions environnementales nécessaires pour permettre à la vie de se développer.

    Une étonnante découverte : du soufre pur à l'intérieur d'une roche écrasée par inadvertance par Curiosity. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS
    Une étonnante découverte : du soufre pur à l'intérieur d'une roche écrasée par inadvertance par Curiosity. © Nasa, JPL-Caltech, MSSS

    Un retour d’échantillon attendu… et nécessaire !

    L'année 2024 a donc été particulièrement riche pour les chercheurs en charge des deux missions. Les données, qui ne cessent de s'accumuler, ne permettent cependant toujours pas de répondre clairement à la question : Mars a-t-elle un jour abrité la vie ? Même si les indices sont là, le retour des échantillons prélevés par Perseverance est nécessaire pour savoir avec certitude s'ils représentent bel et bien des biosignatures ou s'ils ne sont que le résultat de réactions géochimiques abiotiquesabiotiques.

    En attendant que cette mission, ô combien attendue, soit enfin mise en route, les deux rovers continuent leur périple. Nul doute que 2025 sera elle aussi une bonne année pour la recherche sur Mars !