Un lifting peut vous faire gagner quelques années. En apparence seulement. Parce que votre âge ne changera pas. Idem pour notre Lune. Des chercheurs estiment qu’elle a subi, dans son passé, un lifting volcanique qui la fait paraître plus jeune qu’elle ne l’est en réalité.
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Un objet de la taille de la planète Mars s'écrasant que notre Terre et lui arrachant de la matière en fusion. C'est l'idée qui s'est imposée depuis la fin des années 1980 pour expliquer la formation de notre Lune. Mais la question du timing, quant à elle, reste plus discutée au sein de la communauté scientifique. Parce que les roches lunaires rapportées par les missions Apollo donnent à notre Lune un âge d'environ 4,35 milliards d'années. Elle se serait ainsi formée quelque 200 millions d'années après la naissance de notre Système solaire.
Pourtant, les spécialistes de la formation des planètes sont dubitatifs. À ce moment-là, en effet, leurs modèles montrent que les planètes avaient déjà largement nettoyé les lieux des plus gros débris apparus dans le disque de gaz et de poussière à l'origine de notre Système solaire, rendant un impact majeur comme celui qui a donné naissance à notre Lune pour le moins improbable.
La Lune rajeunit par les forces de marée
Dans une « étude de réflexion » récemment parue dans la revue Nature, un géophysicien de l'université de Californie (États-Unis), un chimiste du Max PlanckMax Planck Institute for Solar System Research (Allemagne) et un mathématicienmathématicien du CNRS proposent une explication nouvelle. Notre Lune aurait subi une sorte de lifting il y a 4,35 milliards d'années. Un lifting volcanique la faisant paraître plus jeune qu'elle ne l'est en réalité.
Les chercheurs invoquent un processus que les scientifiques connaissent sous le nom de réchauffement par maréemarée. Selon leurs modèles, en effet, au début de son histoire, l'orbiteorbite de la Lune aurait été non seulement plus proche de notre Terre, mais aussi assez instable. De quoi faire subir à notre satellite naturel d'intenses forces de maréeforces de marée susceptibles de provoquer des événements de réchauffement importants, modifiant considérablement la géologiegéologie de notre Lune. Les astronomesastronomes rappellent que c'est ce qu'ils observent toujours sur Io, la lune de Jupiter. Son activité volcanique est alimentée par les forces de marées exercées par la planète géanteplanète géante. Une activité volcanique généralisée qui remodèle constamment sa surface.
Une hypothèse qui reste à vérifier
Et qui a de quoi faire littéralement perdre la mémoire aux éléments radioactifs cachés dans les roches. Ainsi les échantillons ramenés par les astronautesastronautes d'ApolloApollo ne donneraient-ils pas l'âge de notre Lune, mais seulement le moment auquel s'est produit le dernier grand événement de réchauffement dû aux marées. Cette explication mènerait à un âge estimé de la Lune compris entre 4,43 et 4,53 milliards d'années. Un âge plus cohérent avec les modèles de formation de notre Système solaire.
Reste tout de même à affiner les simulations pour expliquer plus exactement comment un tel réchauffement pourrait avoir réinitialisé l'horloge géologique de la Lune. Les échantillons ramenés de la face cachée de la Lune par la sonde chinoise Chang’e 6 pourraient, quant à eux, venir confirmer cette idée d'un événement de réinitialisation globale causé par le réchauffement dû aux marées. Si ces roches peuvent, elles aussi, être datées de 4,35 milliards d'années.
Le saviez-vous ?
L’équipe américano-germano-française n’est pas la seule à avoir émis l’hypothèse d’une refonte des roches lunaires. Des chercheurs de l’université de l’Arizona et de l’université de Towson (États-Unis) ont également récemment publié l’idée d’un impact donnant naissance à la Lune alors que notre Système solaire avait environ 50 millions d’années puis d’un lifting survenu quelque 150 millions d’années plus tard.
« À mesure que davantage de données seront disponibles, en particulier celles issues des missions lunaires en cours et à venir, la compréhension du passé de la Lune continuera d'évoluer, conclut Francis Nimmo, professeur à l'université de Californie, dans un communiqué. Nous espérons que nos découvertes susciteront de nouvelles discussions et explorations, conduisant finalement à une image plus claire de la place de la Lune dans l'histoire plus vaste de notre Système solaire. »