au sommaire
Daniel Shafrir est l’étudiant qui pilote le projet de rover lunaire à l’université Carnegie Mellon. L’engin sera envoyé sur la Lune début 2016. Sa caméra 3D motorisée se synchronisera avec les mouvements de la tête d’une personne équipée d’un casque à réalité virtuelle. L’utilisateur aura le sentiment d’être sur la Lune et de regarder avec les yeux du robot. © Daniel Shafrir, Carnegie Mellon
Il y a quelques jours de cela, le rover OpportunityOpportunity, qui explore actuellement la Planète rouge, a pris en photo le passage de la comète Siding Spring, offrant un témoignage unique de cet événement exceptionnel. Rêvons un instant et imaginons que l'on ait pu assister à ce spectacle à travers l'objectif des caméras d'Opportunity comme si on le regardait en direct de nos propres yeuxyeux... Si une telle expérience ne sera peut-être pas réalisable avec une planète aussi lointaine que Mars, elle sera bientôt possible avec la Lune.
Des étudiants et des chercheurs de l'université Carnegie Mellon ont en effet conçu un engin lunaire dont la caméra vidéo 3D pourra être contrôlée depuis la Terre, à travers un casque à réalité augmentée Oculus RiftOculus Rift. La personne verra avec les yeux du robotrobot et il lui suffira de tourner la tête pour regarder ce qu'il y a autour. « Regarder la Lune avec un Oculus Rift, ce sera comme une GoPro dopée aux stéroïdesstéroïdes. Une expérience inégalable », affirme Daniel Shafrir, l'un des étudiants impliqués dans ce projet. Le robot, surnommé Andy en hommage au fondateur de l'université Andrew Carnegie, devrait débarquer sur la Lune fin 2015, début 2016.
Explorer la Lune comme si on y était grâce à un casque Oculus Rift… Cette expérience unique pourrait bientôt être accessible au plus grand nombre. C’est en tout cas ce qu’espère l’équipe de l’université Carnegie Mellon. © Daniel Shafrir, Carnegie Mellon
Voir ce que « 12 êtres humains à ce jour ont pu expérimenter »
Les scientifiques se sont associés avec l'entreprise Astrobotic, une spin-off de Carnegie Mellon, pour prendre en charge l'expédition du rover. Cela se fera via SpaceXSpaceX, la société privée fondée par Elon MuskElon Musk, le milliardaire à l'origine de la marque de voitures électriquesvoitures électriques TeslaTesla. Par ailleurs, ce projet a reçu le soutien de l'astronaute Rusty Schweickart, membre de la mission ApolloApollo 9. Il concourt également au Google Lunar XPrize, initié par le géant de l'InternetInternet avec une dotation de 30 millions de dollars. Il récompensera des équipes qui seront capables de poser un robot sur la Lune, de le faire bouger d'au moins 500 mètres (dans les airsairs, sur ou sous la surface) et de retransmettre les images vers la Terre en qualité HD.
Si le projet de Carnegie Mellon semble assez simple sur le papier, sa mise en œuvre l'est évidemment beaucoup moins. Peu de détails techniques sont livrés sur le fonctionnement du système, notamment la liaison qui permettra au robot de synchroniser sa caméra avec les mouvementsmouvements de tête de la personne portant le casque Oculus Rift. On sait seulement qu'il a fallu adapter le logiciellogiciel du casque pour qu'il puisse recevoir deux flux vidéo simultanés sur chacun de ses écrans. « Imaginez ce que l'on ressent en regardant autour de soi en voyant des roches et des cratères vieux de plusieurs milliards d'années. De tourner la tête à droite et de voir l'immensité de l'espace. De tourner la tête à gauche et de voir la Terre..., s'enthousiasme Daniel Shafrir. Vous bougez la tête et à 384.400 km de là [distance moyenne de la Terre à la Lune, NDLRNDLR], notre rover bouge aussi sa tête... »
Un privilège hors du commun que l'équipe de Carnegie Mellon espère faire partager au plus grand nombre, sans préciser encore comment elle compte s'y prendre. S'agira-t-il d'un site Web auquel les possesseurs d'un casque Oculus pourront se connecter pour prendre la main sur le rover ? L'idée en tout cas est qu'à terme, des centaines de robots circulent sur la Lune en offrant un accès à un large public, notamment les écoles. « Avec un casque Oculus dans chaque classe, les enfants pourraient découvrir ce que seulement 12 êtres humains à ce jour ont pu expérimenter ».
Un idéal qui mettra sans doute beaucoup de temps à se concrétiser, mais qui est très prometteur. Car si le tourisme spatial sera long à se démocratiser, l'exploration extraterrestre en vue subjective, au moyen de ce genre de système, a de bonnes chances pour se développer au cours des prochaines décennies.