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Exemple de pointe de flèche découverte à Biggar. Source Historic Scotland Funding
Jusqu'à présent, les plus anciennes traces d'habitation humaine en Ecosse remontaient à 8.400 ans et avaient été localisées à Cramond, non loin d'Edimburgh. Des traces plus anciennes avaient été aussi découvertes en d'autres endroits, mais rien n'indiquait une sédentarisation.
Près de la ville de Biggar, de très nombreux silex taillés ont été retrouvés il y a quelques années. D'abord datés d'environ 3.000 avant J.-C, ils ont ensuite été ramenés, grâce à une nouvelle datation au radiocarbone, à l'âge du fer, donc une époque bien plus récente.
De nouvelles expertises complémentaires, conduites par l'archéologue Torben Ballin, viennent bousculer à la fois cette hypothèse et l'histoire du pays. Avec l'appui de l'Historic Scotland Funding Center, ce spécialiste en outils préhistoriques a pu démontrer que ces silex avaient été taillés à l'époque du Paléolithique supérieur, c'est-à-dire 12.000 ans avant J.-C. Les Ecossais vieillissent donc de plus de trois mille ans...
La découverte qu'on n'espérait plus
Selon Alan Saville, du Musée National Ecossais, cette découverte est totalement inespérée. Depuis de nombreuses années, la présence de telles occupations était suspectée, mais l'espoir d'en démontrer l'évidence était assez faible, bien que les chercheurs vivaient constamment dans l'espoir. « Nous avions toujours pensé qu'il devait y avoir eu fabrication d'outillage au paléolithique supérieur en Ecosse, mais nous n'en avions jamais découvert de preuves suffisamment concluantes. Avec cette découverte, nous pouvons affirmer sans l'ombre d'un doute que des gens ont vécu ici », commente le chercheur au journal Times.
Les objets découverts comprennent, entre autres, plusieurs lances munies de soies (pointes de flèches), des burins, des racloirs, et un poinçonpoinçon de type Zinken, mais aussi des objets plus élaborés, laissant entrevoir deux technologies de taille différentes dans la région. Les pointes sont identiques à d'autres réalisations trouvées au Danemark méridional et dans le nord de l'Allemagne, datées de la même époque.
Cela semble confirmer l'hypothèse d'une migration humaine en direction de l'Ecosse en passant par une langue de terre appelée Doggerland, qui reliait la Grande-Bretagne au continent durant la dernière période glaciairepériode glaciaire. Dans ce cas, les individus établis dans la région de Biggar appartenaient à la culture dite de Hambourg, connue pour ses prouesses dans la chasse au rennerenne.
Même si ces découvertes représentent un record d'ancienneté pour l'Ecosse, elles sont franchement modernes en comparaison des trouvailles effectuées en Angleterre, où des évidences d'occupation près de Lowestoft, sur la côte Est, ont été datées à 700.000 ans. Cependant Tam Ward, qui coordonne les travaux du groupe d'archéologue, indique : « Il est impossible de remonter plus loin dans le temps en Ecosse en ce qui concerne les preuves d'occupation humaine, ce qui fait que cette découverte est exceptionnelle ».
De nouvelles fouilles viennent de débuter dans l'espoir de découvrir d'autres objets et d'encore mieux cerner le type de culture de ces lointains ancêtres, et d'améliorer la connaissance de cette partie de l'histoire de l'Ecosse.