Pendant des siècles, il y a eu plusieurs spéculations concernant les secrets de fabrication des célèbres Stradivarius. Ces violons d’une exceptionnelle qualité sont hors de prix et il n’en subsiste que quelques centaines d’exemplaires de par le monde. Un chercheur et un luthier suisses viennent de prouver qu’il est possible de créer des violons de qualité équivalente.

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    Le chercheur de l’EMPA Francis Schwarze (à gauche) avec le violoniste mondialement connu Matthew Trusler. (Photo: Egmont Seiler) Crédit : 1995-2009 Empa Switzerland

    Le chercheur de l’EMPA Francis Schwarze (à gauche) avec le violoniste mondialement connu Matthew Trusler. (Photo: Egmont Seiler) Crédit : 1995-2009 Empa Switzerland

    Antonio Stradivari (1644-1737) est le nom du luthier italien à qui l'on doit la fabrication d'environ 1.100 violons dont la renommée n'est plus à faire. Il en existe encore 696 aujourd'hui et ceux dont la qualité acoustique est hors du commun s'arrachent à prix d'or. En effet, il faut parfois débourser plus d'un million d'euros pour en acquérir un.

    Nombreux sont ceux qui ont cherché à percer les secrets de fabrication des Stradivarius (la forme latine du nom de leur créateur, que l'on utilise pour désigner ces violons).

    Il est certain que Stradivari possédait un talent peu commun et quelques secrets de fabrication mais on pense que le hasard et la nature l'ont peut-être bien aidé. Ainsi, on a remarqué que les meilleurs instruments du luthier ont curieusement été fabriqués entre 1700 et 1720. Or, l’étude de ces instruments à l'aide de moyens modernes montre que le boisbois possède une densité, une homogénéité et une dureté plus élevées que de normal. Ces caractéristiques s'expliquerait très bien si la croissance des arbresarbres qui ont produit ce bois s'est faite au ralenti. Et justement, c'est bien le cas... A cette époque, en effet, les températures étaient plus froides du fait, pense t-on, du minimum de Maunder lié à la quasi absence prolongée de taches solaires.

    On peut douter de cette explication puisque les autres luthiers de cette époque auraient dû eux aussi voir la qualité de leurs violons devenir meilleure. Cependant, ce serait bien la combinaison d'un talent et d'un bois exceptionnels qui expliquerait la supériorité des Stradivarius.

     Les cinq violons testés, dont l’aspect extérieur était quasiment identique. (Photo: Egmont Seiler). Crédit : 1995-2009 <em>Empa Switzerland</em>

     Les cinq violons testés, dont l’aspect extérieur était quasiment identique. (Photo: Egmont Seiler). Crédit : 1995-2009 Empa Switzerland

    Cette année, un chercheur de l'EMPA, Francis Schwarze, collaborant avec le luthier suisse Michael Rhonheimer, a organisé un test devant un aréopage d'experts et de mélomanes, avec le concourt du violoniste anglais Matthew Trusler. Caché derrière un drap, ce dernier a joué de cinq violons différents, le premier septembre 2009 dans la ville d'Osnabrück.

    Parmi les cinq violons se trouvait un authentique Stradivarius d'une valeur de deux millions de dollars et les quatre autres avaient été fabriqués par Michael Rhonheimer. Or, parmi ces derniers, deux avaient été traités à l'aide de champignons lignivores selon un procédé mis au point par Francis Schwarze.

    Le public était constitué au total de 180 personnes. Remarquablement, 90 d'entre elles ont considéré que l'un des violons traité avec les champignonschampignons était le meilleur et 113 que ce même violon était un Stradivarius (certains Stradivarius sont parfois inférieurs à d'autres violons). L'érable utilisé pour la plaque de fond des violons avait été traité à l'aide du champignon lignivore Xylaria longpipes. C'est le bois dont le traitement a duré le plus longtemps, neuf mois, qui a été plébiscité.

    Michael Rhonheimer et Francis Schwarze n'affirment pas qu'ils ont percé le secret du grand luthier de CrémoneCrémone. Pour eux, l'essentiel n'est pas là. Leur démonstration signifie surtout que la possession de violons de qualité comparable, et même parfois supérieure, à celle des Stradivarius va se démocratiser, ce qui est heureux pour les jeunes talents issus des conservatoires. Bien sûr, Francis Schwarze a déposé un brevet en juillet dernier pour protéger sa découverte. Sa technique permet, en bonus, de donner une apparence ancienne au bois.