Comment expliquer cet énorme amas d’os de mammouths retrouvé dans le nord de la Sibérie ? Parmi les milliers de restes découverts le long d’une rivière, certains indices permettent de mieux comprendre ce qui s’est passé il y a 12 000 ans environ.


au sommaire


    C'est dans le grand nord sibérien qu'a été retrouvé un étrange amas d’ossements. Là, au bord de la rivière Berelekh, les restes de plus de 156 mammouthsmammouths ont été découverts. Il existe une hypothèse qui dit que les éléphants viennent souvent mourir au même endroit, formant ainsi des sortes de cimetières. En était-il de même avec leurs ancêtres laineux qui se sont éteints il y a 4 000 ans ? Pas sûr. Car en étudiant bien les milliers d'os présents sur ce site, les scientifiques de l'Académie des Sciences russe se sont rendu compte que cette accumulation n'avait rien de naturel. Les os ont en effet été retrouvés en pagaille, sans connexion anatomique. Auraient-ils été charriés par la rivière et déposés là ? Très peu probable, d'autant plus que d'autres informations suggèrent une autre hypothèse, celle de l'intervention humaine.

    Localisation du complexe géoarchéologique de Berelekh. Le paysage thermokarstique de la région (b) et les rives où l'accumulation d'ossements a été découvert (c). © Pitulko et al. 2024.
    Localisation du complexe géoarchéologique de Berelekh. Le paysage thermokarstique de la région (b) et les rives où l'accumulation d'ossements a été découvert (c). © Pitulko et al. 2024.

    Un site archéologique à proximité immédiate

    Parmi les ossements des mastodontes, les chercheurs ont en effet retrouvé des restes de lièvres, de renards arctiquesarctiques et de loups, mais également du charboncharbon indiquant que des feux ont été allumés sur le site. Des défenses de mammouths travaillées ou encore une lance inachevée, témoignent de la présence indiscutable des humains sur ces rives.

    Voyagez dans le temps à la rencontre du mammouth dans cet épisode de Bêtes de Science, le podcast de l'intelligence animale. © Futura

    La datation des ossements de mammouths montre que la formation de ce « cimetière » est directement liée à l'activité humaine dans la région. Trois pics d'accumulation ont ainsi été observés, datant de 11 800, 12 200 et 12 400 ans. Des dates qui tombent dans la période de peuplement de la région, qui s'étale de 11 200 à 12 400 ans, durant une période de déglaciation.

    Des bêtes dépecées pour leur chair

    De nombreux os portent des marques bien caractéristiques qui suggèrent que les bêtes ont été dépecées avant que leurs os ne soient jetés sur un tas à proximité d'un campement. Les résultats publiés dans la revue Quaternary Science Reviews suggèrent que cette accumulation d'ossements se soit faite progressivement au fil des ans, en fonction des allées et venues des groupes de chasseurs-cueilleurs. Mammouths et humains auraient ainsi cohabité pendant 800 ans dans cette région.